
Ayant une liste de chroniques continuellement alimentée par de nombreux groupes et artistes, je me suis dit qu’aujourd’hui on allait faire dans la curiosité. Au hasard dans les réceptions récentes du côté de Metal Blade je tombe sur le disque de Capra. Qu’est ce que ça peut bien être ?
Un artwork qui tourne autour du gris avec un portrait sur un fond plus abstrait on n’est pas très loin de Converge mais en tout cas il retient l’œil. Crée en 2016, Capra est un tout jeune groupe venu tout droit de Lafayette en Louisiane. Les fondateurs que sont Tyler Harper (guitare) et Jeremy Randazzo (batterie) ont été rejoints par Ben Paramore (basse) et dans un second temps par leur chanteuse Crow Lotus et se retrouve déjà au sein d’un poids lourd du metal (Metal Blade) pour son premier album. Du coup tout ça éveille ma curiosité et fallait que je me lance.
Cet album In Transmission s’ouvre classiquement sur une intro (qui permet au passage de rajouter une piste) mais les choses sérieuses vont vite s’annoncer. Les hurlement de Crow sur le court et tonique “Hollow Doll” te mettent vite en jambes , annonçant une envie viscérale d’en découdre. L’enchainement ne se fait pas attendre et on passe instantanément sur « The Locust Preacher ». A ce moment c’est la gifle. Une explosion de riffs de tous genres sur fond de breakdown bien crunchy. Le titre percute et en donne dans tous les sens à qui veut.
Je parle bien sur de pains dans la gueule ! Car ça tabasse musicalement et Crow Lotus au chant ne fait pas dans la figuration, elle rue clairement dans les brancards. On accroche d’emblée avec ce titre mis en avant pour la sortie de l’album. Retrouvant tout ce son en mélange entre la scène hardcore et metal vers la fin des années 90 / début 2000 bien nerveuse . Capra rappelle ce que c’est le défouloir qui fonctionne parfaitement, on retrouve du Hatebreed, Comeback Kid ou bien les nerveux d’Every Time I Die avec “The Locust Preacher”..
Du genre direct, frontal et sans fioritures, c’est un peu ce qu’ils veulent et nous aussi. “Medusa” confirme que l’ambiance va être bien chaotique. Le titre claque la gueule et vire dans un punk hardcore au rythme effréné dans une tension constante qui ne relâche même pas sur ses rares moments d’accalmie. Une prod soignée tout en gardant ce côté brut et punk recherché. On le retrouve dans le mix, sonnant assez fort, en contraste avec certains jeunes groupes qui, aujourd’hui, compensent le manque d’énergie par un son surproduit dans un style où la scène est le principal révélateur de ta vraie valeur.
Ça crie aussi fort que ça joue et le chant de Crow Lotus fait toute la différence, elle insuffle cette rage. Apportant une présence et et une profondeur émotionnelle, on peut dire que le groupe a su trouvé la voix adéquate à la musique proposée. Sur “Torture Ship” il y a toute cette honnêteté brutale dans son chant. Viscérale et transcendante, elle efface elle aussi les frontières des genres.
Se dévoilant, elle transmet rage, passion et émotions dans des textes à la fois personnels et universels. Nous sommes dans le vécu, touchant par les mots et l’empathie n’importe quel auditeur avec des titres comme “Paper Tongues”. Avec Crow nous sommes loin de cette ambiance masculine tout en testostérone véhiculée par des frontman archétypes propre au hardcore ( même si de nombreuses valeurs règnent dans le milieu que j’apprécie) mais voir une femme en imposer de la sorte ça c’est rafraichissant. Il en faut plus.
Nous sommes avec un groupe franc dans sa démarche, boostant aussi par cette rage transmise. « Mutt » est un condensé à mosh et circle pit, passant d’une ambiance à l’autre. Brut et furieux les titres défilent et délivrent à chaque fois leurs doses de riffs en tous genres. « Transfiguration » en est le parfait exemple et nous perd dans ses incessants changement de tempo et revirements mélodiques. On retrouve par moments Cancer Bats avec cette envie de groove qui se ressent dans plusieurs titres.
« Samuraiah Carey» nous assommera avec brio sur le final, plus « apaisé » que l’ensemble de l’album. Le titre conclura parfaitement dans une ambiance un peu plus mélodique, laissant la place à Crow qui délivre la dernière salve.
Au final nous avons un premier album furieusement honnête avec quelques erreurs de jeunesse qui disparaissent avec cette énergie insufflée. Avec Capra on a une vraie proposition, on retrouve ce son franc et direct ( destructeur de pits) et rare chez de jeunes groupes. Animés par une vraie envie d’en découdre, mais tout en restant brut d ‘émotions. In Transmission est un disque qui se veut honnête et sans prétentions et qui réussit son but.
Je ne savais pas où j’allais et maintenant je n’ai qu’une hâte. C’est de les retrouver au milieu du pit.
CAPRA, In Transmission, Metal Blade Records / Blacklight Media Records. Sortie : 23 Avril 2021
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