
DOODSESKADER, escadron de la mort en flamand. Derrière ce nom et ce beau programme se cache un binôme tout droit sorti des terres flamandes à très fort potentiel sonore torturé. Rassemblant Tim De Gieter (Amenra, Every Stranger Looks Like You,…) et Sigfried Burroughs (Kapitan Korsakov, The K.), amis depuis 16 ans, nous n’avons pas à faire à des amateurs. Avec la sortie de leur premier méfait, MMXX : Year Zero, nihilisme, sauvagerie et tourments nous donnent rendez-vous. Après les deux premiers extraits dévoilés en amont, j’attendais donc la sortie du disque avec forte impatience.
2020, l’année zéro comme un reboot inéluctable pour ce monde décadent à travers une humanité qui court après sa propre disparition. C’est le sentiment dominant et j’ai l’impression de n’être pas le seul dès l’écoute de ce premier disque de Doodseskader.
“Lepers” et “Meat Suit” sont les premiers extraits qui ont été dévoilés à travers deux vidéos et ouvrent la déflagration sonore sur le disque. Partageant le chant à deux et de façon distincte dans les styles, l’escadron démontre l’étendu de ses talents à la limite du KO en même pas deux rounds.
« Lepers » s’ouvre tel une bande son lugubre et dévastatrice tout en opérant froidement, sans remords. Dans un sludge dans une fusion glaciale terminant sur une lourde déflagration, le titre porté au chant par Sigfried, est suivi par son reflet sur un « Meat Suit »t affolant dès l’intro de Tim. Une matrice de fond portée par la basse de De Gieter, elle sert le titre dévastateur à la limite de la schizophrénie entre la voix apaisante de Sigfried sur un refrain apaisant en contradiction ( et harmonie) de la brutalité musicale. Cette dernière se reflète pleinement dans le chant et les cris primitifs de Tim. Un titre qui hante à travers son doux chaos qui n’a pas de pitié à nous laminer. Batterie et riffs lourds du sludge, entrecoupés de moments d’accalmie aussi présents dans les esprits les plus tourmentés. Du sludge, hip hop au post deep metal. Doodseskader explore les connexions avec un son aussi chargé qu’un convoi exceptionnel présageant un groupe tout entier derrière alors qu’ils sont que deux.
Les contrastes seront tout aussi fort sur les cinq titres de l’E.P. Violence marquante à travers le jeu sur les éléments, entre les chants partagés par Tim et Sigfried et entre les titres. La brutalité musicale et la colère froide du chant de Siegfried portés par un titre comme « Illusion Of Self ». Un titre posé, latent, qui n’explose pas mais garde une réelle tension tout au long.
Le paroxysme de l’œuvre viendra avec « Tranendal » qui laissera libre champ à une réelle sauvagerie et une explosion dans tout son contraste entre les éléments. Une intensité qui arrivera à son sommet dans un final déchainé pour nous plonger dans une chute sans fin dans la douleur. Le chant n’est pas non plus dénué d’émotions entre les voix et les textes qui explorent les ombres de l’âme humaine dans toute sa complexité. Il y a ce quelque chose qui frappe là où ça fait réellement mal. « Sunblind », tout en dissonance avec la brutalité et le chaos laissé par ses prédécesseurs, viendra conclure cet E.P comme une lumière réchauffant l’âme dans un froid intense.
Au final le choc est là. MMXX : Year Zero balance en cinq titres un mélange musical mélodique et dévastateur à travers des genres qui fusionnent et se superposent. La douleur se ressent au sein de ce disque d’une réalité brutale et d’une beauté cruelle. Intense et sans compromis, Doodseskader frappe fort avec ce premier méfait qui marque de son empreinte une arrivée qui n’est pas sans bruit et avec un gout particulier pour le chaos. Qu’on partage bien entendu.
DOODSESKADER, MMXX : Year Zero, Isolation Records, sortie 11 décembre 2020
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