LES ACTEURS DE LA SCENE – BELOW THE SUN

La musique est composée d’une multitude d’acteurs en tous genres qui vont au-delà des musiciens, ces personnes à la fois talentueuses, passionnées et investies sont le ciment d’une scène qui ne pourrait pas exister sans cet engagement. Aujourd’hui, les acteurs de la scène alternative font partie de ces sacrifiés au nom d’une sécurité sanitaire. A travers cette rubrique régulière nous irons à la rencontre de ces personnes qui participent à la vie de notre scène et sans qui elle ne pourra pas être là demain.

Qu’est ce que Below The Sun ?

Below the Sun est une asso fondée par une bande de passionnés en mars 2015 à Paris, et vouée à répandre le fuzz dans la capitale. On est dédiés à la scène stoner, psyché, doom, sludge, avec plus d’une soixantaine de dates à notre actif, organisées dans divers salles (Supersonic, Glazart, Maroquinerie, Boule Noire, International, Espace B…). On a également organisé un festival sur 2 jours en mai 2018: le Fuzzy Sounds Festival à FGO-Barbara.

Qu’elles sont les personnes qui composent l’association aujourd’hui ? Et leurs rôles ?

  1. Arnaud : membre fondateur
  2. Jo: programmation, graphiste
  3. Carole: programmation et responsable communication
  4. Audrey: programmation et responsable production
  5. Bif: responsable technique
  6. Zoé et Camille: community manager
  7. Ezel et Julia: médias

Vous êtes plutôt spécialisés dans tout ce qu’on appelle stoner rock, psyché rock, une majeure partie de la scène heavy. Comment avez-vous découvert cette musique ?

Audrey: Je viens plutôt de la scène grunge et heavy, ayant grandi avec Nirvana et Noir Désir en autre. C’est plus tard, à Londres, que j’ai développé mon intérêt pour le stoner par les potes et les concerts.

Carole: J’écoutais du metal, mais pas encore de stoner. J’étais au Hellfest en 2009 et un de mes amis me dit de l’accompagner voir Electric Wizard sous la Valley, et il me prévient que je risque de prendre une sacrée claque. Et il avait raison ! C’était mon premier pas dans la grande scène doom/stoner.

Pourquoi l’organisation de concerts de musique d’une telle niche ? N’était-elle pas assez représentée lorsque vous avez lancé l’association ?

Arnaud: Entre 2010 et les débuts de Below the sun en 2015, j’ai eu la chance de partir en tournée sur la route avec des groupes comme Truckfighters, Valley of the Sun, Blues Pills, etc. L’occasion de me faire un sacré réseau de groupes qui voulaient jouer sur Paris.

Et vu qu’en 2015 les SG commençaient à proposer de moins en moins de concerts à cause de la fermeture des Combustibles (Salle de concert à Paris), nous avions décidé avec Jo et Carole de nous lancer.

Audrey: Bien représentée oui mais il y a tellement de groupes qui veulent jouer, la scène a besoin de plus d’acteurs pour diversifier l’offre. Cela permet de varier la taille des concerts, le prix, les types de plateau…

Carole: A l’époque, il y a 5 ans maintenant, ça restait un secteur de niche en effet, et à part les Stoned Gatherings, peu s’y risquaient. Notre but initial était clairement de promouvoir les petits groupes locaux ou internationaux, que les SG ne feraient pas forcément jouer. Comme évoque Arnaud, il y avait déjà une certaine demande.

 

Dans la scène heavy et stoner parisienne il y a les soirées des Stoned Gatherings qui ont eu un réel impact pour le public parisien. Que représentent pour vous personnellement et pour Below The Sun les Stoned Gatherings ?

Audrey: ils représentent pour moi des supers concerts, des superbes découvertes, des membres de l’orga très sympa à qui j’ai pu poser des questions et demander des conseils. Pour l’asso, indéniablement ils restent les patrons de l’orga de concerts stoner en France, ils ont ouvert la voie, créé un besoin, fédéré un public, c’est inspirant. Ils ont vu les grands à leurs débuts et les ont accompagnés et aidés à trouver un public en France, ils ont donné aux fans un lieu de rassemblement. Les groupes ont pris de l’ampleur en parallèle de l’association. A notre petite échelle on est contents de pouvoir faire perdurer la scène et on attend toujours leurs dates avec impatience !

Carole: Après avoir pris ma claque au Hellfest avec Electric Wizard en 2009, j’ai commencé à fréquenter les Stoned Gatherings de plus en plus souvent. J’y ai découvert plein de super groupes, et aussi rencontré son public qui était comme une petite famille qu’on retrouvait à chaque concert. Donc bien sûr que ça a été une grande inspiration pour nous, à une échelle moindre au départ. Donc ils sont un peu nos grands frères malgré eux. Mais ça reste entre nous hein, j’ai ma pudeur… Ahah

C’était Samavayo (All.)+ Decasia (Fr.) + Red Sun Atacama (Fr.) au Buzz de Belleville, et ça s’est super bien passé ! Ce jour là on a rencontré de supers potes dans les membres des groupes parisiens (Decasia + Red Sun Atacama). Y’avait une bonne ambiance, la salle était pleine, mais il en faut peu pour remplir le Buzz. 😉 Carole

 

Tout le monde n’a pas vraiment conscience de l’étendu du travail, du coup commence se passe l’organisation de concerts dans une structure associative  comme la vôtre ?

Audrey: On a testé plusieurs formules d’organisation et on a finalement opté pour la division en départements: programmation, production, communication et technique. On se met d’abord d’accord sur la programmation, à la finalisation on aura démarché et confirmé une salle, négocié les cachets en fonction du budget.

La budgétisation se fait en fonction du calcul des coûts versus entrées possibles au pire et au mieux puis en fait une moyenne et on croise les doigts bien fort.

Ensuite la prod se met en place, les contrats, l’organisation des logements, du catering et besoins divers, la mise en contact des différents départements (technique et com avec les groupes), classer les documents du drive, faire les feuilles de route pour les groupes, la compta. La com se met en place en parallèle, contacter les médias partenaires, faire le plan de com, mettre en place la com digitale et physique, coordonner la street team, les concours…(d’où l’équipe plus nombreuse). Puis la technique qui fera le lien entre les besoins techniques des groupes et les moyens mis à disposition de la salle et confirmera les horaires de balances et de sets.

La veille et le matin du jour J on se retrouve pour le catering et ensuite la journée défile entre balances, accueil, catering, billetterie, gestion de problèmes si besoin, rangement et fin…c’est toujours triste la fin de soirée.

Carole: Très bonne question ! Au départ c’était un joyeux bordel. Il n’y avait pas vraiment de rôle défini, chacun faisait un peu de tout mais du coup on est tous autodidactes et ça a été très formateur. Ensuite quand on a voulu agrandir l’équipe, on s’est dit qu’il serait plus judicieux de définir des rôles.

Au départ on reçoit les mails des groupes en tournée Donc on écoute, on trie et on propose à l’équipe ce qu’on trouve intéressant. Quand on se met d’accord sur un plateau, on valide le budget avec les groupes puis on commence à prospecter des salles cohérentes. Enfin vient tout l’aspect communication à mettre en place, billetterie, logistique etc. On essaie de ne rien laisser au hasard, c’est pour ça que définir des rôles est important.

« Après avoir pris ma claque au Hellfest avec Electric Wizard en 2009, j’ai commencé à fréquenter les Stoned Gatherings de plus en plus souvent. J’y ai découvert plein de super groupes, et aussi rencontré son public qui était comme une petite famille qu’on retrouvait à chaque concert. » Carole

 

Comment vous bookez les artistes, est ce eux qui vous contactent ou bien vous montez vous-même les affiches en dénichant certains artistes français et suivant les tournées des artistes étrangers ?

Audrey: La programmation est décidée en groupe, on reçoit des mails de groupes ou tourneurs ou on contact directement les groupes et on compose le plateau ensemble autour de la tête d’affiche souvent. On discute beaucoup, s’échange des idées, des découvertes (on tient une fiche à idées) et on contacte les groupes en fonction.

Carole: La plupart du temps, ils nous contactent, sinon le bouche à oreille, les réseaux sociaux, et parfois on les contacte aussi.

Quel est le premier concert que vous avez organisé ? Comment ça s’est passé ?

Carole: C’était Samavayo (All.)+ Decasia (Fr.) + Red Sun Atacama (Fr.) au Buzz de Belleville, et ça s’est super bien passé ! Ce jour là on a rencontré de supers potes dans les membres des groupes parisiens (Decasia + Red Sun Atacama). Y’avait une bonne ambiance, la salle était pleine, mais il en faut peu pour remplir le Buzz. 😉 La programmation était gérée par Aurélien qui travaille aujourd’hui au Supersonic, avec qui on collabore depuis longtemps donc.

“Mais s’il ne faut en citer un, sans hésiter c’est celui de Nick Oliveri en acoustique dans un Supersonic moite et bondé en août 2018, pour son Death Acoustic Tour. Je me rappelle en particulier du moment où il a entamé le titre Feel Good Hit of the Summer et qu’il a invité le public sur scène pour chanter avec lui, magique.” Carole

 

Des anecdotes depuis la création de l’association ?

Audrey: Notre première recette de billetterie en cash au Glazart était 666€ (redistribuée en cachets pour les groupes).

Carole: Lors du concert de Lo-Pan au Gibus en octobre dernier, le régisseur Thom m’intercepte pour me parler discrètement et m’annonce que le guitariste de Lo-Pan, Chris, s’est coupé le doigt au catering, et qu’il est parti aux urgences ! Je préviens mes acolytes. Donc là forcément même si on essaie de rester calmes et discrets pendant que Elephant Tree jouaient en ouverture de la soirée, on panique un peu quand même, parce qu’on craint qu’il ne puisse jouer…  Elephant Tree termine. On demande à Steak de prolonger un peu leur set et de prévenir le public que Lo-Pan fera un set plus court en raison de cet accident. Il tenait absolument à jouer malgré tout mais on avait peur aussi qu’il n’arrive pas à temps. ça aurait pu aussi avoir des conséquences sur leur tournée mais au final Chris est revenu à la salle pendant le set de Steak et a pu jouer avec ses points de suture, un gros bandage et le sourire! Plus de peur que de mal au final, et surtout beaucoup de courage de sa part ! Ce fut une soirée riche en émotions !

 

“On a eu leur confiance et on a beaucoup apprit. On espère réitérer et mettre à leur profit notre rôle d’acteur local, ce serait super de collaborer à nouveau car on risque effectivement d’avoir des difficultés à trouver de la place pour produire, déjà qu’il y a de moins en moins de salles accessibles et que les tarifs et conditions rendent l’orga de plus en plus compliquée. ” Audrey

 

Votre meilleur souvenir d’un concert que vous avez organisé ?

Audrey: Il y en a tellement… la première au Glazart, on était hyper contents et c’était inattendu, ils nous ont bien aidé car elle devait se faire au Batofar mais la Seine étant en crue on y avait plus accès (The Midnight Ghost Train, The Dust Lovers, The Absolute Never). The Flying eyes, Giobia et The Necromancers à l’Olympique parce que c’était beau de faire un coprod avec une autre asso, les fuzzoraptors, et que le public l’attendait, ça vomissait de gens tellement c’était blindé, on a dépassé la jauge. On était émus de faire jouer Mars Red Sky à notre fest, j’ai le souvenir de Carole qui me dit “si un jour on m’avait dit qu’on les ferait jouer…”Corrosion of Conformity, Desert Storm, Witchfinder. Faire jouer un groupe qui a marqué ma jeunesse en musique c’est fou!

Carole: Il y en eu beaucoup: Naxatras, Earthless, Valley of the Sun... Mais s’il ne faut en citer un, sans hésiter c’est celui de Nick Oliveri en acoustique dans un Supersonic moite et bondé en août 2018, pour son Death Acoustic Tour. Je me rappelle en particulier du moment où il a entamé le titre Feel Good Hit of the Summer et qu’il a invité le public sur scène pour chanter avec lui, magique.

Comment vivez-vous cette période compliquée d’un point de vue personnel, mais aussi «professionnellement » parlant vis à vis des activités de Below The Sun ?

Audrey: Vis à vis des activités, le manque de visibilité est gênant, on ne peut pas se projeter, on veut aider les groupes mais on ne peut rien promettre, notre public nous manque, les copains… moralement c’est dur aussi car on ne sait pas si l’association survivra, si on pourra reprendre, si l’inertie ne rendra pas difficile la reprise d’un point de vue de l’investissement personnel que ça requiert.

Dans la scène musicale, je nous sens oubliés, on est les acteurs de l’ombre donc on a l’habitude mais là c’est parlant. Je ne suis pas au courant d’aides mises en place pour les assos qui ont des charges fixes, c’est une trésorerie qui diminue et pour laquelle on ne peut rien faire. On ne nous a pas contacté pour proposer un accompagnement et on a aucune info.

Carole: Vis à vis de l’asso, je dirais que cette petite pause forcée ne fait pas de mal, étant donné qu’on est bénévoles et qu’on en vit pas. Chacun a pu se recentrer sur ses priorités. Même si bien sûr les concerts manquent, en tant qu’orga, et public. A titre personnel et notamment financier ça a été un coup dur. Le plus dur c’est aussi l’incertitude. C’est impossible de se projeter quand on a aucune info sur une éventuelle reprise des concerts. Hors les concerts s’organisent plusieurs mois à l’avance.

Vous avez organisé des concerts en collaboration avec Garmonbozia ou bien 3C qui eux sont des structures professionnelles. Avec cette actualité compliquée et une scène qui est en difficultés, ce genre de collaboration et d’entraide est-ce un format à réitérer et à multiplier dans le futur étant donné la multiplication des concerts qui risquent de bousculer un public de niches qui n’est pas extensible ?

Audrey: On a eu leur confiance et on a beaucoup apprit. On espère réitérer et mettre à leur profit notre rôle d’acteur local, ce serait super de collaborer à nouveau car on risque effectivement d’avoir des difficultés à trouver de la place pour produire, déjà qu’il y a de moins en moins de salles accessibles et que les tarifs et conditions rendent l’orga de plus en plus compliquée.

 

EARTHLESS + MARS RED SKY – Paris - Poster par Arrache toi un oeil
EARTHLESS + MARS RED SKY – Paris – Poster par Arrache Toi Un Oeil

S’il y avait un album où un artiste essentiel pour vous et votre parcours musical ?

Audrey: NirvanaIn Utero 

Carole: GraveyardHisingen Blues

Pour finir sur une note positive, quels sont les artistes que vous rêverez de faire jouer?

Audrey: John Garcia, Brant Bjork...  si on peut rêver je me lâche : The Melvins, Alice In Chains, Alain Johannes, High On Fire, Foo Fighters, Pearl Jam, Black Sabbath haha !

Carole: Villagers of Ioannina City, Graveyard, Electric Wizard, Monolord, John Garcia, My Sleeping Karma, Year of No Light, Slomatics, Torche, Dopelord, Elder, Yob, Bongripper, Pearl Jam

Je vous laisse le mot de la fin

Carole: Merci pour cette interview ! Merci au public de nous soutenir, et ceux qui ne nous connaissent pas encore, rendez-vous à la reprise ! En attendant, vous pouvez suivre notre actualité sur les réseaux sociaux: Facebook et Instagram (@belowthesunparis). Et pour toute demande, contactez-nous par mail: belowthesunparis@gmail.com

 

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