
Derrière The Devil’s Trade se cache un artiste qui vient du metal mais s’en est éloigné pour proposer une musique qui lui est propre. Nous partons en Hongrie, à Budapest, à la rencontre de l’homme qui se dévoile à travers une œuvre très personnelle. C’est Dávid Makó, auteur, musicien et compositeur, le cœur et l’âme de The Devil’s Trade. Après un premier album, What Happened To The Litte Blind Crow, sorti en septembre 2018 et que je vous conseille fortement pour vos longues nuits d’hiver au coin du feu ( ou du radiateur). Dávid Makó nous emmène avec The Call Of Iron Peak pour un autre long voyage.
Pour ceux qui connaissent déjà l’artiste ainsi que son premier album, ne seront pas dépaysés. Après un premier essai mélangeant acoustique et électrique, The Devil’s Trade allait approfondir le sujet pour dévoiler une musique encore plus personnelle.
Il nous emmène gravir cette montagne à la fois métaphorique et littérale qu’est l’ Iron Peak. Une plongée dans une profonde et douce mélancolie qui n’attend pas pour vous emmener hors de ce monde. « The Iron Peak » ouvre le voyage, nous portant sur ces notes minimalistes entre guitare et banjo et la voix de Makó profondément bouleversante qui nous “libère”. Ce sont des textes portés par une ambiance sombre et déchirante quand retentit la voix de Makó avec ses chansons folk profondément personnelles et sombres, parfois imprégnées de malheur ( « Dead Sister, « Expelling of The Crafty Ape », « Eyes In The Fire »).
Nous sommes dans une dark folk néoclassique qui va chercher en partie dans l’influence américaine mais sans renier son pays : la Hongrie. The Devil’s Trade fusionne son passé musical, les classiques du genre et ses racines profondément ancrées dans les chansons folkloriques de sa culture pour proposer une musique à la fois personnelle et universelle pour donner aux auditeurs de quoi se retrouver à travers ces chansons.
Les 11 titres principalement en quelques accords simples sur guitare et banjo, hors interludes, laissent le chant prendre possession de l’espace et diffuser les émotions dans une ambiance mélancolique et déchirante comme une brume en hiver dans un paysage désolé. La musique est dans la juste mesure de ce que l’artiste souhaite véhiculer. La douleur et la perte se font ressentir dans ce déluge d’émotions qui se fait à vif. Ce n’est pas une écoute facile mais nécessaire.
Dávid Makó bouleverse. « Három Árva » est comme hanté par les esprits du passé, « Eyes In The Fire » hurle le désespoir. Le moment le plus fort, en ce qui me concerne, se fera avec le magnifique titre qu’est « Dreams from the Rot », presque 8 minutes d’une réelle intensité qui n’est pas à écouter le cœur léger. Une ballade presque funéraire dans une forêt de tristesses qui se démarquera du reste de l’album dans sa construction.
La fin, si je peux me permettre, viendra avec le titre éponyme « The Call of Iron Peak », avec un retour de la mélodie du titre d’introduction comme une boucle rappelant l’âme à la dérive au loin sur cette montagne et qui conclue parfaitement l’album. Simple, triste et beau à la fois.
The Call Of Iron Peak est une belle transformation de l’essai amorcé en 2018. Comme la belle œuvre de son ami Grindesign qui orne la pochette, l’album est une œuvre à part entière. Même si les titres s’assemblent dans une certaine globalité pour proposer une même structure interchangeable, manquant cruellement de variété dans la démarche et qui aurait pu gagner en intensité sur certains points. Malgré cela l’album reste quand à lui une belle réussite, hors de sentiers battus, étant donné la difficulté de l’exercice. Un moment déchirant de mélancolie qui ne plaira pas à tous mais un beau voyage sur ces monts brumeux qui mérite d’être emprunté au moins une fois.
Après tout, c’est le voyage lui-même qui compte le plus, et non la destination.
Et on en a réellement besoin.
The Devil’s Trade, The Call of Iron Peak, Season of Mist, sortie 28 aout 2020
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