
Silence Of The Abyss si vous ne connaissez pas c’est l’occasion d’en découvrir un peu plus sur ce jeune groupe aux forts accents du sud et particulièrement de la Corse. Jean-Bernard, chanteur de la formation de death prog, qui vient de sortir son premier album “Unease & Unfairness,” a bien voulu répondre à quelques questions en mode confinement sous le soleil de la Corse.
Bonjour SILENCE OF THE ABYSS ! Le groupe existe depuis 20017 et c’est la première fois qu’on se « rencontre » du coup une petite présentation et petit historique ?
Bonjour ! Oui, le groupe est composé de David Santucci (guitare), Diane Giannelli (batterie) et moi-même, Jean-Bernard Flores au chant. Le groupe a été fondé en 2017 par David et Diane, et je les ai rejoint en mars 2019, après avoir remplacé l’ancien chanteur au pied levé pour les dépanner. Ils m’ont demandé si je voulais bien rester, et j’ai accepté.
L’album Unease & Unfairness est sorti en mars dernier, comment c’est passé son accueil ?
L’album a été très bien accueilli par les médias et la critique. On ne s’y attendait pas. On a été agréablement surpris.
Dès la pochette on est interpellé par la visuel assez particulier et apocalyptique. Peux-tu me dire quelques mots sur la symbolique de la pochette ?
La pochette a été imaginé par Eric Hyrcza, Kahinienn Graphix, elle symbolise un futur apocalyptique dans lequel les végétaux seront créés in vitro pour pouvoir respirer.
Vous êtes plutôt étiqueté dans un death prog mais la musique de Silence Of The Abyss a aussi une identité bien à elle avec l’influence de la corse. Une volonté marquée ou un choix qui est venu naturellement ?
Plus que de la Corse c’est l’influence de la Méditerranée dans laquelle notre métal est fabriqué. C’est un peu comme quand vous produisez du vin au Chili, il a un petit goût spécifique propre à sa géographie. Notre métal a un petit goût de Méditerranée parce que nos oreilles sont influencées par le chant corse, les guitares sèches, les rythmes andalous et le maquis.
Peux-tu nous dire ce que sont les ricuplades?
Les « ricuccate » sont des variations de notes de demi ton qui sont très utilisées dans la polyphonie corse. Ça ressemble un peu aux chants orientaux mais si on écoute attentivement c’est très différent.
Nietzsche disait que la condition de possibilité de la création artistique c’était l’irritabilité. Et bien je crois qu’il avait raison, la transformation de l’environnement en moyen de production nous irrite profondément et personnellement je l’évacue par le cri !
C’est cool de retrouver une certaine originalité et identité locale dans les influences musicales mais aussi un côté méditerranéen avec l’Espagne sur « Matando ». Qui amène tout ça ?
David a composé cette chanson mais je pense que c’est un tout, on a tous écouté du flamenco et Matando est un retour à la réalité de la corrida, c’est pourquoi elle sonne espagnole.
On retrouve aussi une autre influence du Sud de la France dans votre musique avec un côté très Gojira ? Un groupe qui vous inspire particulièrement ?
En effet il inspire beaucoup David et Diane, pour ma part je n’ai écouté que deux titres. C’est un groupe qui même si je ne l’écoute pas, force le respect.
Est-ce que l’engagement écologique et la sensibilisation sur le thème c’est quelque chose qui vous parle ?
En effet, on le retrouve notamment dans la pochette, c’est un thème qui hante Silence of the abyss parce qu’à mon sens c’est ce qui nous blesse, nous touche et nous irrite le plus. Nietzsche disait que la condition de possibilité de la création artistique c’était l’irritabilité. Et bien je crois qu’il avait raison, la transformation de l’environnement en moyen de production nous irrite profondément et personnellement je l’évacue par le cri !
Question pour Diane, tu as un jeu de batterie polyvalent et une frappe assez puissante. On sent une influence de Mario Duplantier dans le jeu. Est-ce un artiste qui t’inspire ? Il y en a-t-il d’autre pour la batterie ?
Diane: merci du compliment ! En effet, il m’est impossible de cacher mon admiration pour Mario Duplantier ^^ Son jeu a provoqué un déclic en moi, et j’ai ressenti que je m’alignais humainement rien qu’en l’écoutant. J’ai ensuite beaucoup analysé son jeu que je trouve d’une grande intelligence et d’une grande musicalité, et mon objectif a été (et est toujours d’ailleurs) de m’aligner musicalement. Je me pose toujours beaucoup de questions sur la façon d’aborder cet instrument, quel est son rôle, et celui du batteur dans la musique etc…j’ai aussi été très impressionnée par le jeu de Joey Jordisson dans Slipknot que je trouvais positivement sauvage, et puis hors métal, le premier batteur qui m’ait littéralement envoutée, c’est Abraham Laboriel Jr, le King, de mon point de vue.
Il y a-t-il un élément (inspiration, idée, thème) qui s’est imposé comme un moteur pour ce premier album ?
Jean-Bernard: L’injustice de manière générale est le thème général de cet album. Il y a aussi d’autres thèmes liés à l’injustice comme la liberté qu’il faut sans cesse chercher à atteindre pour sortir de l’injustice.
Vous êtes un trio avec la particularité de ne pas avoir de bassiste, est-ce un choix délibéré ?
À l’origine non, puis on s’est rendu compte que ça fonctionnait bien comme ça. Ça fait plus de dix ans qu’on bosse ensemble et c’est difficile pour une quatrième personne de s’intégrer non pas parce qu’on est xénophobe mais parce que on a chacun une place précise et complémentaire. D’un point de vue musical dans silence la basse est là pour grossir le son de la guitare elle n’a pas vraiment de place à part entière. Par conséquent on a préféré aller au plus simple, mais pour l’avenir tout est possible.
Niveau composition comment ça se passe ?
Sur cet album, David est arrivé avec des morceaux de guitares. Diane a ensuite posé la batterie parfois aussi des mélodies à la voix et moi je suis arrivé à la bourre dans ce projet (comme d’habitude) et j’ai calé des mélodies et pondu “See Arcturus” une nuit d’été. De manière générale on sait ce qu’on a à faire, on se connaît bien. Donc moi j’attends le riff de David qui donne le ton, ensuite je trouve une mélodie et Diane pendant ce temps pose une batterie de malade que je dois essayer de suivre ensuite ! Après on écoute et on discute on réécoute puis on rediscute jusqu’à ce qu’on soit à peu près satisfait et enfin on boit un coup pour fêter ça !
L’injustice de manière générale est le thème général de cet album. Il y a aussi d’autres thèmes liés à l’injustice comme la liberté qu’il faut sans cesse chercher à atteindre pour sortir de l’injustice.
SI on devait retenir qu’un seul titre pour symboliser au mieux l’album, se serait lequel ?
Pour ma part ce serait “My Fair Fury” parce qu’il symbolise l’injustice et la liberté et surtout parce qu’il envoie du début à la fin en illustrant un peu toutes nos influences.
Finalement, si on vous demandait de résumer l’album en quelques mots, se seraient lesquels ?
Ben ce serait le titre de l’album qui a été très bien trouvé par David malaise et injustice
Un artiste avec qui vous aimeriez collaborer ?
Pour ma part ce serait Tom Morello je suis sûr qu’on pourrait se faire un putain de feat !
Quel est la place de la musique dans votre vie aujourd’hui ? Et qu’est-ce qu’elle vous apporte en tant que musicien mais aussi simple passionné de musique ?
La musique dans ma vie… Une nécessité vitale, je ne peux pas faire autrement. Et je ne parle pas simplement de l’écoute mais de la création. Je ne peux pas vivre sans créer de musique. Enfin je peux vivre mais je n’existe pas. C’est la création artistique qui me fait exister, le reste me fait vivre.
En tant que groupe corse est ce plus difficile de se démarquer par rapport à des régions comme l’Ile de France ? Comment vous faites et quelles sont les initiatives locales ( si elles existent) ?
On est une petite région. Ce qui est évident c’est qu’en Corse le public du metal est restreint. Pour faire des concerts il faut bouger donc il faut des moyens et c’est évidemment plus compliqué. Mais pour avoir un peu tourné dans les années 2000 avec mon ancien groupe Mensayak sur les scènes du sud de la France ce n’était pas toujours beaucoup mieux qu’ici. Concernant les initiatives locales il y en a peu mais elles existent. Le problème ici c’est le public. 300000 habitants l’hiver c’est à peine un peu plus que le 15 eme arrondissement de Paris. Donc ça réduit les chances de tomber sur des rockeurs même si il y en a et on les embrasse bien fort d’ailleurs !
Malgré cette période fortement compliquée pour la musique et surtout la scène alternative, quels sont vos projets pour la suite de l’année 2020 ?
Composer et préparer la scène. C’est cette dernière qui nous manque le plus. On a hâte de voir les gens en vrai, de transmettre des émotions en face, c’est pour ça qu’on fait de la musique. Le studio c’est de la fabrication artisanale et c’est bien aussi mais la scène c’est de l’action du partage et comme beaucoup d’artistes c’est ce que l’on recherche. Donc notre priorité c’est de travailler le show sur scène.
Le mot de la fin ?
Grazie à The Unchained !
Merci beaucoup d’avoir pris du temps pour répondre à nos questions
Silence Of The Abyss, Unease & Unfairness, M & O Music, sortie le 13 mars 2020
Anthony Tucci
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