LINDEMANN @ OLYMPIA – 21/02/2020

Rammstein étant devenue une grosse machine plus institutionnalisée qu’autre chose, ne goûtant plus à cette irrévérence de ses débuts malgré quelques polémiques inutiles ( clip de Germany), ses membres sont un peu partis dans des projets solos pour décompresser… La rencontre entre Till et Peter Tägtgren c’est tout autre chose, une explosion qui ne pouvait qu’être électrique surtout quand on connaît l’univers des deux artistes. Son résultat c’est le bien nommé LINDEMANN. Deux albums au compteur et des clips totalement barrés et issus de l’imagination de ses protagonistes. La montée en puissance du groupe avec le deuxième album encore plus inventif et dévoilant sa véritable personnalité reflète le fait que Lindemann n’est plus un simple side project dans l’ombre de Rammstein mais une entité à part entière.

Il ne restait plus que le live pour confirmer et ce soir au cours d’une tournée presque sold out on allait avoir notre réponse.

C’est bien naturellement un Olympia plein à craquer qui accueille le groupe ce soir. Vu la popularité en France du teuton avec son groupe d’origine, c’était assuré que le public se déplacerait en masse… Mais on note à l’oreille que la salle a aussi des sonorités germaniques ce soir, le public outre rhin est bien représenté aussi. et encore plus fan que ses comparses français !  C’est complet mais réservé à un public averti avec mention sur le ticket et interdiction d’entrée pour les mineurs.  Âmes sensibles ou trop prudes s’abstenir ??  Et bien c’est pour cela qu’on est là du coup !!

Première partie

En attendant c’est ambiance retro dans une Allemagne fin de 2nde guerre mondiale avec Jadu. Looké vintage un peu armée allemande pour un electro assez ambiant. Un choix assez particulier pour accompagner Lindemann mais je trouve que c’est parfait pour patienter tranquillement et puis connaissant la propension au duo de Lindemann à être inattendu, emmener Jadu sur la tournée n’est pas totalement illogique pour prendre le contre-pied. En tout cas le public n’est pas très content autour de moi et c’est bien ce qui me ravit. Une ambiance froide et posée et emmenée par une chanteuse qui nous transporte langoureusement dans un club sombre d’un Berlin en ruines entre passé et future ( yes je me suis fais un sacré trip mais c’était histoire de tenir..). Au final cette mise en bouche aura durée que 20 min, ce qui tombe bien étant donné qu’on commençait quand même un peu à s’endormir nous aussi.

Aesthetic Peefection et bien ça bouge plus à fort renfort de samples pour un style à mi chemin entre éléctrocore et pop  à refrain chanté très pathos en dehors des effets plus scream. L’impression que le duo de Lindemann a choisit chacun sa première partie et la c’est le choix du numéro 2, Mister Tägtgren. Musicalement il y a des titres qui dégagent bien un truc, une rythmique indus bien entraînante, on se laisse vite tenté on se croirait dans une boite de nuit mal famée dans un film des début 2000. Le groupe est quand même bien dynamique mais bon le chant donne un effet boys band et ça casse un peu le truc. Comme ses prédécesseurs, le groupe jouera une bonne vingtaine de minutes et je trouve que c’est une bonne durée d’ouverture. Avec du choix mais pas trop long histoire de ne pas trop s’emmerder.

Entrée en scène

Une petite annonce mentionnant que certains effets du show ne seront pas visibles est “bien accueillie” par le public et il ne restait plus qu’a lancer le Freak Show. Un petit court muet et comique sur l’écran qui barre toute la scène avec un Till nu comme un bébé dans sa couche, perdu et déambulant en ville qu’on perdra tombant dans l’eau

C’est le coup de semonce qui sera balancé de Lindemann au cours de cette introduction. Un groupe carré et puissant qui se sait attendu et qui est là pour balancer l’artillerie lourde. Les musiciens sont bien en place et tous de blancs vêtus vont faire parler la poudre.. blanche !  Un “Skills In Pills” pose clairement les bases de la soirée et pour  les puceaux et pucelles des yeux il est toujours temps de sortir. Une frénésie d’images dévoilée sur l’écran, qui englobe toute la scène, va aller de paire avec la musique de ce soir.

Création musicale et création visuelle assez forte, dans l’esprit du groupe de ce soir…  Enfin un qui ose quelque chose ! L’image de la pilule du bout de l’anus sur la fin de “Skills In Pills” parle pour elle même. Ce soir Till va être le grand prêtre de tout vos vices et vous allez adorer vous baigner dans cette orgie musicale et visuelle. Les deux albums vont avoir leurs lots de réjouissances mais n’allons pas trop vite !!! Profitons du plaisir de chaque titre ce soir car ils vont déjà assez vite, nous matraquant de samples et d’une rythmique martiale. Le musical “Ladyboy” au talent live retourne tout de suite cet Olympia en réelle transe qui se laisse charmer par ce clair obscur plus clair qu’obscur et très évocateur des plaisirs et des parties du corps chantés dans le titre.

Ce soir pas de filtres, c’est Lindemann. Les plaisirs de la chair dans tout les sens du terme. Fais pas ta timide, laisse toi aller.

 

Un show à la hauteur

Entre “Ladyboy”, “Fat”, “Allesfresser”, “Knebel ” et d’autres, les vidéos sont dans une imagerie évocatrice inspirée  de ces cinéastes sulfureux comme Van Trier et rajoutent de la puissance évocatrice à la musique qui, elle, fait déjà l’essoreuse du public. Rude, implacable et sans repos, elle nous maltraite avec plaisir, transportant dans cette transe unitaire à travers ces corps les uns contre les autres. Une grande orgie musicale je vous dit. “Ich Weiss Es Nicht” issu du dernier opus dévoile tout son fort potentiel dansant et presque orgiaque  au cours de ce live. Avec des musiciens parfaitement en place et cadrés dans une minutie presque militaire c’est avec plaisir qu’on se fait déflorer les oreilles. Maltraiter ? C’est le cas sur “Allesfresser” avec ces corps distendus sur l’écran et dans cette orgie de bouffe mais aussi pour le public. La musique eet ses images sont fortes, la rétine et le tympan impriment et sur le pont d’Allesfresser ce sont des tartes envoyés dans le public qui vont ‘imprimer sur les visages. Choisissant particulièrement ceux le téléphone à la main, Till se fait juge et le reste du groupe se fait bourreau.

Un “Knebel” passioné nous filera un sacré frisson qui envahira toute cette salle dans son explosion de violence avant l’accalmie d'”Home Sweet Home”.

Les deux “affreux” siamois à la tête de Lindemann montrent clairement que le groupe est plus qu’un simple projet. Une ligne artistique clairement établie et une musique qui prend tout son sens en live. On connaît les talents de musiciens de Peter et le charisme imposant de Till et ça ne pouvait qu’être explosif sur scène. Ils sont culottés et ça fonctionne parfaitement avec la ligne directrice et artistique du groupe.

Un “Cow Boy” à la fois second degrés et clairement sans filtres pour ceux et celles qui aiment chevaucher avant l’hymne à la pétillante douche dorée et ces sexes féminins défilant sur l’écran tout en honorant les vulves dans sa multiplicité. Mais aussi convertir les plus timides de ce soir… Après un “Blut” apaisant c’est une interlude vidéo dans le thème de la soirée, décalée et totalement WTF pour un cours de langues “autoritaire” sous l’égide de Till. Juste de quoi détourner l’attention du public et entamer le moment le plus fou de la soirée dans son approche metalo disco sur “Platz Eins”. Dans une bulle au centre du public, Till et Peter font le show à leur façon pendant que le reste du groupe s’occupe de la scène. L’Olympia change de visage et prend l’allure d’une piste de danse disco funk avec le solo de basse sur la fin du titre avant de reprendre sur un “Praise Abort” fortement attendu. Le premier extrait de Lindemann sera repris en chœur par une  en plaisirs, en feu et en sueur pour les plaisirs de Till. 

Lindemann c’est un hymne à la liberté, on parle de sexe sans filtres, des addictions sans fards et des plaisirs de la chair sans tabous ( ou presque). Beaucoup de dérisions au sein du duo qui n’hésitera pas à se mettre en scène au sein de vidéos explicites et sans équivoques, poussant même le vice. Car il est beaucoup question de vices avec Till. Mais qu’est ce le vice au final ?

En fait ce n’est pas la question de ce soir ! On rigole, on choque les plus pudiques ( car il y en avait), on prend son pied, on assume et on s’éclate.  Lindemann pousse les vices et en fait son thème de prédilection en l’assumant pleinement. Bouffe, sexes, drogues, masochisme et des corps nus à tout va, des plus fins au plus gras.

Et ce n’est pas encore fini…

Un rappel demandé par une salle en transe et un groupe qui fait exprès de se faire désiré en poussant les décibels ( la vidéo aidant), c’est “Ach So Gern” sur la version deluxe de F&M qui attaque. Une version beaucoup plus Pain qui s’exprime parfaitement au cours de ce live toujours aussi monstrueux. Ce n’est pas à moitié qu’on prend son pied chez Lindemann et quand Till souhaite que Paris finisse “vidée”, il lui fera suivre un final explosif. Un “Steh Auf” tonitruant ( ils ont  encore de l’énergie… ) mais  c’est surtout un “Fish On” décalé et inattendu à la manière de ce show qui donnera le coup de grâce. De retour avec leur poncho de pécheurs, le groupe sortira l’artillerie avec un lance poissons pour un public qui aura la surprise de s’en recevoir  des vrais dans la gueule. Certains morts de faim ou à la recherche du trophée de la soirée se “battront” pour repartir avec. Conquis, en transe, mouillé et ailleurs, l’Olympia a vécu une soirée qui n’est pas prêt d’oublier visuellement et musicalement.

Saluant avant un dernier départ, c’est avec classe  que le groupe prendra congé de l’assistance. Il a réussi, l’extase et le plaisir y était.

Sans filtres et dans une mise en scène travaillée ou l’image va de paire avec le son, le duo et ses zicos ont mis la barre très haute et a marqué les esprits. Till nous montre qu’il y a une vie après Rammstein et une expression artistique plus libre à laquelle il a pris goût…

Nous aussi… 

 

Un grand merci à Replica Promotion et Corida

Texte: Anthony Tucci

 

SET-LIST 

Skills in Pills

Ladyboy

Fat

Frau & Mann

Ich weiß es nicht

Allesfresser

Knebel

Home Sweet Home

Cowboy

Golden Shower

Blut

Platz Eins

Praise Abort

Gummi

Encore:
Ach so gern
(Pain Version)

Steh auf

Fish On

 

 

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