DIMMU BORGIR + AMORPHIS + WOLVES IN THE THRONE ROOM @ LE BATACLAN – 23/01/19

Le retour à taux plein de nos moyens de transports “préférés” nous apportait deux choses : revoir les gueules grincheuses du matin et la possibilité de sortir de son autarcie hivernale un peu subi. C’est vrai que ces derniers 40 jours et 40 nuit c’était la période vaches maigres. Du coup alors qu’on retrouve notre urbanité, du côté du Bataclan il y avait ce soir une certaine affiche concoctée par le roi lézard Garmonbozia. Notre dealer de gros sons.

Wolves In The Throne Room et son black moderne et surtout Amorphis ça devenait dur de ne pas résister. Surtout avec les finlandais, ça ne s’explique pas, ils ont la classe et le talent. Et Dimmu Borgir que j’allais enfin voir sur scène. Entre amour et haine, les norvégiens divisent et je voulais savoir pourquoi.

Et c’est pendant le show des loups qu’on arrive finalement dans la salle, ce soir on commence tôt. Le public n’est pas encore concentré, disséminé à droite à gauche ou au merch,. Wolves in The Throne Room n’aura pas toute son attention et c’est bien malheureux…. Un des groupes que je trouve actuellement les plus intéressants au sein de la scène black. Mélangeant un ambiant très planant et prenant avec un black incisif. Pas trop le temps de convaincre le public ce soir de ce fait un court set oblige à être plus rentre dedans et jouer des titres plus percutants. Une audience qui toujours en train de se remplir restera pour la majorité peu réceptive. Bref… J’attends juste de les revoir en tête d’affiche pour pouvoir profiter pleinement de la qualité musicale du groupe. Je vous conseille juste d’aller jeter une oreille sur un album en totalité de Wolves In The Throne Room et en ce qui me concerne ce soir il y a rien à redire.

 

Amorphis ça fait bien des années que je ne les ai pas vu en live dans une salle. La dernière remonte à 2013  c’était au Divan du Monde pour la sortie de Circle, ça date un peu…. Mais du chemin a été parcouru car on peut dire que ce soir au niveau affluence c’est 50/50 autant pour les norvegiens que pour les finlandais. Le succès d’Amoprhis se confirmera encore avec la prestation de haut volée qu’ils vont nous offrir ce soir.

Avec quelques albums en plus au compteur, ça n’a pas changé, l’efficacité du Metal mélodique des finlandais ne fera qu’une bouchée du public présent au Bataclan. Je trouve que la musique d’Amorphis a une prestance et une richesse qu’il l’éloignent de ces nombreux groupes qui se ressemblent et n’arrêtent plus de se suivre. Les finlandais sont arrivés à évoluer au cours de plus de 25 ans de carrière tout en gardant un cap et une authenticité personnelle. La beauté des mélodies qui se dévoilera dès l’ intro sur le magnifique « Bee » issu du dernier album et un Tomi Joutsen clairement en voix. On nous prend par les sentiments ! Amorphis ne va pas lésiner sur la set list et va nous proposer un voyage au cours de leur riche répertoire. Sans fausses notes et un son qui met clairement en valeur le groupe ce soir, on ne peut qu’être aux anges d’assister à ce voyage musical.


La frontière entre chant clair et plus rauque est fine et Tomi navigue facilement entre les deux au fil des titres de leur répertoire riche en variations. Ces dernières se retrouvent pleinement ce soir, les musiciens n’empiètent pas les uns sur les autres et la mélodie guide ce soir le public avide de musique. Un sacré ingé son qu’ils ont aux manettes et on ne peut dire que la même chose aux lumières car al synchronisation est tellement parfaite que le show devient aussi beau à regarder qu’a écouter. Bientôt 30 ans que le groupe existe comme le rappellera Tomi et à cette occasion le groupe jouera des titres très rarement joués comme « SIgn Of The North Side » ou « Into Hidding » mettant en avant les débuts avec une musique plus sombres. Les incontournables du groupe seront bien sûr joués et le groupe nous balladera avec facilité sur une bonne heure. Malheureusement très peu à mon gout. C’est sur l’old school “Black Winter Night” que le groupe nous quittera et je ne pouvais que me dire que j’ai merdé d’avoir attendu autant de temps pour les revoir à Paris.  On ne fera pas aussi longtemps pour la prochaine. 30 ans de carrière et ce n’est pas fini. La barre a été mise très haute ce soir. La classe encore une fois.

En attendant la suite, l’observation du public est un passe temps fort appréciable.  Le treillis rangers et le look neoviking sont de sortie mais je m’attendais ce soir à du style black metal en puissance alors que le public est d’une disparité affolante. Le métal attire large maintenant ou bien Dimmu Borgir n’est plus assez in pour les “trüe” ?

Il y a des grandes chances qu’il aie un peu des deux…..

Car le public, je trouve, s’élargit de plus en plus et ce qui est d’autant plus intéressant que nous sommes ce soir sur une scène plus “extrême” . Les codes vestimentaires et autres éléments du genre se noient de plus en plus dans la masse. Fait assez « intéressant » pour essayer de commencer une étude sur l’évolution du public metal à Paris… Car certains concerts attirent de plus en plus de monde en dehors des sphères habituelles… Bonne ou mauvaise chose ? et bien c’est à réfléchir…

Instant anecdote inutile, je me rappelle de la première fois ou j’ai vu la pochette d’un album de Dimmu Borgir !  J’étais tout d’abord jeune et con, je glandais à la Fnac dans leur rayon metal (un peu naze quand on y repense)  elle m’interpella car ça dégageait une certaine monumentalité à la fois inquiétante et sombre. Je me demandais bien ce que ça pouvait donner en musique car jeune néophyte que j’étais en ce qui concerne le black, Satan, les églises qui brulent et tout le reste… Je pensais qu’aujourd’hui, Les norvégiens imposaient encore quelque chose mais ça en fait c’était bien bien avant… Je me suis limité aux deux premiers albums et il en est mieux ainsi.

Perdus dans les limbes d’un Black Metal qui n’a plus grand-chose de très black, les norvégiens ont clairement perdu de l’aura et sont même moqués par une grande partie des amateurs du genre. A grand renfort de claviers très decriés, de samples et d’autres effets de genre, il n’y a plus grand-chose d’extreme et ce n’est pas Eonian le dernier album qui va nous faire mentir. Mais c’est quand même un groupe qui a un peu marqué la scène, il fallait bien voir ce que ça donne en live.

La scène est décorée comme il se doit, virant un peu dans le kitch sur certains points mais le backdrop à l’image du derneir opus est quand à lui très classe. Le public est présent et c’est un Bataclan bien rempli pour Dimmu ce qui signifie qu’ils ont réussis à renouveler leur fan base..  L’entrée à grand renfort de fumée et de poses “menaçantes” dévoile les musiciens un par un.  Shagrath frontman et  un des derniers membres fondateurs arrivera le visage caché  sous sa capuche de tenue steampunkgoth prêt pour entonner “The Unveiling” et là je direct suis paumé.

On part un peu dans le grand guignol pour être franc, le décalage se fait encore plus fort en live; Un black symphonique de trop. Grand renforts de chœurs, d’effets et autres ce qui a pour effet d’en faire trop. On se croirait dans la bande originale d’un mauvais film d’horreur avec un Shagrath ressemblant à un Rimpelstiltskin prêt à faire peur aux enfants ( et encore).

Le public danse en joie, en l’observant on aurait même du mal chez certains à différencier s’ils sont en boîte éléctro ou à un concert de black… Ils sont comme hypnotisés par le leader du groupe. Ce dernier est quand à lui est content d’un tel accueil et ça se comprend. On trouvent des gens très lookés hors metal qui s’excitent et dansent sur “DImmu Borgir” comme lors d’un fest  sous MD et bien je me dis que le groupe a trouvé un étonnant créneau…

Des titres comme “The Chosen legacy” ou “The Serpent Offering” offrent encore de bons moments mais “Gateways” ou “Dimmu Borgir” frisent le ridicule.  Musicalement les musiciens font le travail et même Shagrath y met du sien mais l’effet escompté  en ce qui me concerne il n’est pas là, ça ne fonctionne pas.

Shagrath délivrera quelques mots de temps à autre à l’assistance, le plaisir d’être aussi bien reçu, des anecdotes tout ça; tout ça. Le groupe ne vient pas pour le service minimum, faut le reconnaitre. Par contre le final sur “Mourning Palace” et l’instrumental “Rite Of Passage” nous aura saturé d’orchestration et d’épique à foison pour un  déluge d’abus d’effets à l’image du concert. Et une envie d’en finir au plus vite de mon côté.

Fans de grandiloquant baroque n’ayant pas peur du kitch je vous conseille les norvégiens.  Ne gardant plus grand chose de black mis a part ses premiers albums, le groupe a trouvé son créneau et il l’assume. Pour les fans ça assure surement mais pour les autres comme moi venant pour du black metal et bien il y avait Wolves In The Throne Room.

Une affiche partagée  entre deux groupes qui s’opposent dans les choix artistiques et qui aura eu pour mérite de proposer un Amorphis sublime.

Texte: Anthony

Photos: Sébastien

 

Comme toujours un grand merci en particulier à Tangui  et à toute l’équipe de Garmonbozia pour nous fournir en sons saturés.

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