Royal Republic @ l’Elysée Montmartre – 10/12/2019

On ne va pas se mentir, ça n’a pas été une semaine facile côté concerts.

Le 5 décembre, y’avait Tyler Bryant & the Shakedown au Nouveau Casino (interview ici pour qui ça intéresse), malgré la grève. Manifestement, c’était bien rempli nonobstant, mais ça commençait tard, c’était pas la grande forme, et j’avais pas de place, donc loupé.

Dimanche, y’avait Archspire au Glazart. Archspire c’était l’une des sensations du Hellfest cette année mais, encore une fois, c’était la grève, donc la galère pour arriver jusqu’aux tréfonds du 19e arrondissement, et c’était tellement pas la forme que je suis bien contente de ne pas y être allée (sans quoi tout le Glazart aurait eu la gastro le lendemain #BloodBrothers)

 

Et puis… Et puis mardi, il y avait Royal Republic à l’Elysée Montmartre. Transcendant tout ce que les moines shaolin nous répètent depuis des siècles, mon corps a enfin compris qu’il fallait cesser un peu les conneries, et malgré quelques frayeurs, il a tenu bon.

Obstacle 1 : battu.

Obstacle 2 : pas des moindres :

(Y’a encore des gens surpris que je fasse des GIFs ? Bonjour, enchantée, moi c’est Sarah)

Pour quiconque a essayé de faire trois pas dehors depuis quelques jours, on sait tous que c’est :

  • dangereux
  • long
  • compliqué
  • justifié. Même si bon, notre génération étant totalement foutue, sans même parler de l’état de la planète, on sera probablement tous morts avant d’arriver à l’âge pivot. Ou avant que le plastique à usage unique soit interdit en France, d’ailleurs, à ce train.

Alors cette grève a eu deux conséquences particulières :

  1.  Ma photographe n’a pas pu venir, bloquée dans le Mordor connu comme “au delà du périph/sur une ligne de train de banlieue”, me laissant encore une fois illustrer un report de concert par mes propres moyens.
  2.  Ayant la chance d’habiter DANS Paris (la chance, et un ratio salaire/loyer BIEN LOINTAIN du tiers recommandé), j’ai pu m’y rendre, bien qu’en retard grâce à cette merveilleuse invention appelée “Le Vélib à Assistance Electrique”

 

Reconstitution approximative (pas de photographe = personne pour m’immortaliser à l’arrivée)

(Entre nous, j’y serais allée en rampant s’il avait fallu, en laissant des bouts de paillettes sur le chemin tel le Petit Poucet à facettes)

Petit problème, j’ai TOTALEMENT loupé Blackout Problems (…nom prédestiné à se faire zapper à cause d’une grève non ? Je trouve ça hilarant), donc il m’est impossible d’en parler. D’autant qu’à l’écoute de ce qui se trouve sur YouTube (soit : de la soupe à la Imagine Dragons), on ne peut qu’espérer que ce soit mieux sur scène. Possible verdict à venir au mois de février puisqu’ils repasseront en concert au 1999.

BREF.

 

Pour enchaîner sur le sujet du jour, notons que la grève n’a pas découragé ou empêché tout le monde de venir, au point qu’à l’arrivée à l’Elysée Montmartre, même le vestiaire était complet ! Il faut dire que le concert, rempli lui-même depuis plus d’un mois, aurait dû avoir lieu en mai, rendant le groupe d’autant plus attendu.

Et ils ont été à la hauteur.

Résumons.

Royal Republic, c’est un peu ce que donnerait un croisement entre les Black Keys et Electric Six, avec une louche des Hives. Si avec ça, vous n’êtes pas déjà en train de vous ruer sur leur discographie, inutile de continuer à lire, adieu, je vous aimais bien. (Mais franchement, si on me l’avait vendu comme ça, je n’aurais pas mis si longtemps à les écouter, je dis ça comme ça hein.)

Surtout, sur scène, c’est inratable. Ils sont bons, ils sont drôles, ils sont enjoués, et surtout, ils sont contagieux. La salle a beau être remplie et plutôt réactive quand les lumières s’éteignent, ce n’est qu’une petite fraction du public qui se met à bondir et danser immédiatement quand le concert commence. Noyau qui reste central à mesure que le mouvement s’étend à un bon tiers de l’Elysée Montmartre.

Sur scène, c’est clairement la teuf. Les splendides effets lumineux (qui ne donnent PAS mal à la tête, prenez-en de la graine ingés amoureux du strobo) plongent dans une atmosphère joyeuse et festive. On vient ici pour danser en s’amusant, point barre. Le message passe bien, pas un seul visage dans la salle n’affiche pas un sourire qu’il soit immense ou esquissé. Les gens sourient parce que la musique les rend heureux, parce que le groupe les fait rire, parce que le spectacle est aussi dans la salle, à observer le proto-pogo légèrement bordélique mais néanmoins fort fraternel qui saute à l’unisson ou les slammeurs téméraires qui s’élancent sans trop prévenir leur piste d’atterrissage humaine (avec plus ou moins de succès). On sourit parce que le réglage du son est parfait, que les chansons de Club Majesty, s’y prêtent si bien ou, comme cette jeune fille du premier rang, parce qu’on se retrouve invitée sur scène en plein “Tommy-gun” pour jouer de la guitare en semi karaoké (bien ouej meuf).

Tout est prétexte à sourire. Des morceaux plutôt courts sur album se trouvent un peu étirés pour durer plus longtemps, puisant dans les ressources du public (qui lâche parfois un peu le rythme hein, il faut être honnête). Sans oublier la bonhommie naturelle des musiciens menés par Adam Grahn (qui répète “My name is Adam” une quinzaine de fois pendant la soirée) qui les présente en donnant le pedigree de leurs vestes respectives, ou qui organise toute une mise en scène pour lancer sa guitare à un roadie hilare avant d’aller faire le mariole à la batterie.

 

C’est pas mal finalement les GIFs de concert (et moins relou à faire que des story instagram en caméra verticale)

Batterie tenue de mains (et de pieds) de maître par Per Andreasson d’ailleurs. Veste à paillettes, absolument IN-TE-NABLE, qui tape comme un fou, étend ses jambes sur la grosse caisse, chante, joue debout, le tout avec un kit relativement simple mais énormément d’énergie et de plaisir… Sur les côtés, Jonas Almén et Hannes Irengård (spécimens d’une interview réalisée par nos soins) semblent eux aussi beaucoup s’amuser. Les caractères perçus pendant l’interview se retrouvent aussi sur scène puisqu’Hannes, légèrement plus sérieux, a aussi l’air un peu plus concentré, sans que ça ne l’empêche réellement de danser ou de prendre des pauses de rockstar. Jonas, plutôt boute-en-train saute partout avec sa basse sur “Boomerang”, chante à tue-tête, disparaît puis troque sa basse pour un… KEYTAR qu’il teste en jouant la plus fine fleur des années 80 (dont Europe, car il est une loi immuable dans l’univers qui exige que tout Suédois en possession d’un keytar joue the Final Countdown. C’est un peu le même principe que Stairway to Heaven dans Wayne’s World). Il ira jusqu’à piquer le micro de My-Name-is-Adam plus tard pour reprendre “Ace of Spades” en prenant sa plus belle voix lemmyesque.

Plus j’y repense, et plus je me dis “Ohlalala mais ce concert…. Quel concert dites donc mes aïeux !”. Alors oui, ils ont certainement des automatismes rôdés sur ce show, comme le lancer de guitare ou l’invitation sur scène. Peut-être même qu’Adam refait régulièrement le coup du “je te prête ma guitare et je me casse avec ton sac à main”, mais franchement, on s’en contrecarre. Tout ça sent à la fois la sueur et la fraîcheur (ce qui semble assez fou, en soi, déjà), et quand ils jouent un extrait d’une chanson en sorte de yahourt français (si quelqu’un a compris ce qu’ils chantaient, merci d’écrire à la rédaction qui transmettra) ou qu’ils expliquent que le rappel arrive bientôt mais qu’il faut que tout le monde joue le jeu, ils restent irrésistibles.

Alors quand arrive ce fameux rappel, après une telle débauche d’énergie, que les lumières restent sobres, et qu’Hannes et Adam entament une version dépouillée de “American Dream” dans le silence attentif de l’Elysée Montmartre, le contraste et la beauté simple du moment font courir des kilowatts d’électricité sur la plupart des colonnes vertébrales.

 

#PointLarmichette

C’est drôle, parce qu’a postériori, ce moment apparaît comme une démonstration de force, au cas où les gens qui dansaient depuis plus d’une heure auraient oublié qu’ils pouvaient aussi ressentir ce genre d’émotion, mais que ça ne dure pas bien longtemps non plus. Per et Jonas reviennent sur scène et on renvoie la sauce pour le temps qu’il reste, jusqu’à la conclusion sur “Baby”.

Le concert terminé “pour de vrai”, les quatre Suédois dans la sueur s’attardent en dansant au son de “Lonely Boy” des Black Keys, balançant tout ce qui traîne de mediators, baguettes, setlists et compagnie à la foule hurlante, saluent longuement en se tenant par les côtés puis… Sortent de scène en sautillant, tout en gardant alignement, position et synchronisation, provoquant un dernier vif éclat de rire qui secoue l’Elysée Montmartre.

En conclusion : “OHLALALA MAIS QUEL CONCERT !”. Conclusion visiblement partagée par le public de la première moitié de cette tournée, puisqu’au stand de merch, Club Majesty n’est déjà plus disponible en CD et qu’on sent bien que le stock de ticheurtes a pris un petit coup de pioche. C’est clairement tout le mal qu’on leur souhaite, en espérant qu’ils reviennent très vite. Après tout, ils l’ont promis.

 

Merci encore à Replica Promotions de m’avoir fait une petite place, c’était bien on se tenait chaud.

Texte & GIFs par Sarah (sauf celui du Vélib mais je pense que ça se voit)

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