Insomnium, The Black Dahlia Murder & Stam1na @ l’Alhambra – 12 novembre 2019

Quelle semaine ! QUELLE SEMAINE LES ENFANTS !

A peine remis d’Opeth la veille, et avant les concerts qui suivent (au choix, Halestorm, Kadavar, Devin Townsend, la soirée punk du Trianon ou le Tyrants Fest pour les veinards véhiculés, mais pas Leprous, parce que Leprous c’était le même soir), et qu’il ne faudra pas me demander de TOUS chroniquer (déso pas déso ; mes vacances sont finies, et de toutes façon j’étais pas PARTOUT non plus), nous voilà plongés en pleine semaine du metal-dans-la-capitale.

Même la météo est d’accord : il fait moche, il fait froid, il fait nuit, il flotte. QUELLE BONNE OCCASION d’accueillir les Finlandais de Stam1na ! D’ailleurs ça fonctionne super bien, puisque le groupe venu de Lemi (qui se prononce comme… Yepp, tu l’as) se sent direct à la maison.

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En voilà une découverte.

Déjà, les gars chantent en finnois, ce qui ne court pas les rues non plus, surtout sur une musique un peu thrashou, un peu prog, un peu mais-qu’est-ce-que-c’est-que-ce-truc.

Le finnois, c’est dynamique comme langue. Même pas besoin de chanter réellement (même s’ils le font hein), la prononciation, les accents toniques font le boulot, et le résultat se traduit en couplets entraînants, et un élément fondamental, immédiatement évident chez Stam1na :

Le FUN.

Les gars sont hilarants. Et sur des choses pas calculées, sur du comique de situation, sur la façon de rebondir quand Antti ”Hyrde” Hyyrynen, chanteur/gratteux de son état, tente de sortir 3 mots en français, et qu’il doit s’y reprendre à plusieurs fois puisque pas une personne dans l’Alhambra n’a entravé quoi que ce soit. Mais qu’importe, le public finit par glousser, les musiciens aussi, et tout le monde se lance à corps perdu dans ce qui est désormais déclaré “Metal Tuesday”

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Entre ça et le (gentil) rouleau compresseur de leur musique, Stam1na se révèle super efficace pour réchauffer une salle qui passe de la timidité au bordel en passant par la rigolade. Mention spéciale aux deux mecs collés à la scène qui connaissent visiblement toutes les paroles par coeur, puisqu’ils sont manifestement très contents, et que les gens contents, c’est cool.

Enfin moi j’aime bien. Et j’ai bien aimé cette entame de Metal Tuesday. De quoi se réveiller et se remotiver, puisque bon, on ne peut pas prétendre avoir fini tôt la veille (et c’était pas facile de passer après Opeth, même si les groupes du soir n’en savent probablement rien).

ET CE N’EST QUE LE DÉBUT ! Car les Américains de the Black Dahlia Murder arrivent sur scène, tous beaux, tous propres, tous bien peignés.

Spoiler : ça ne dure pas. S’ils mettent un peu plus de temps à se chauffer que leurs prédécesseurs, une fois que la machine est lancée, elle ne s’arrête plus avant d’avoir broyé tous les cartilages en présence. C’est difficile d’utiliser un autre mot que “WOUUUUHOUUUUH !” pour décrire ce set, mais on va essayer.

Déjà, côté musique, on pense très fort à la personne non-identifiée qui a assuré plusieurs fois à voix haute que “TBDM, c’est du black”. As-tu été déçu(e) ? Rassuré(e) ? Une chose est sûre, c’est que tu auras probablement été un peu surpris(e). Mais ainsi va la vie, c’est Metal Tuesday, tout est possible !

Le groupe va surtout piocher dans Nightbringers (normal) et Nocturnal, sans oublier “Contagion” ou “Miasma”, des titres qui font plaisir (et qui rappellent à chacun que bon, les vaccins, c’est important). Ca crie, ça growle, ça joue à 200 à l’heure, ça tape, ça shredde; bref, ça vit. Eux aussi font des vannes, encouragent le public qui les découvre à acheter l’album au stand pour devenir “aussi cools que les gens qui l’ont déjà)

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Ensuite côté ambiance, que ce soit sur scène ou dans la salle, c’est fort enjoué. Difficile de résister au charisme de Trevor Strnad qui se balade de gauche à droite et nous gueule dessus comme si on avait planqué la télécommande juste avant Faites Entrer l’Accusé. Je sais, dit comme ça, c’est pas hyper parlant mais je t’assure que ce bonhomme est fantastique. Tu le regardes headbanger avec ses lunettes de vue et tu te demandes comment ça ne finit pas atrocement mal. Tu le regardes évoluer, ou tu l’écoutes raconter des conneries entre les morceaux et tu te dis “Ohlala mais sérieux, j’ai trop envie qu’on aille boire un chocolat chaud et qu’on tape la discute avec un plaid sur les genoux. On parlerait mécanique ou collection de timbres que je trouverais ça cool et fascinant”.

On pense aussi à la foule qui répond favorablement à toute demande de mouvement venue de l’estrade. Ça tourne en rond, ça se fout sur le museau en toute fraternité, et ça sautille à l’unisson avec Max Lavelle et Brandon Ellis qui ne sont pas venus tenir le vestiaire. Le résultat, ce sont des scènes marrantes, comme cette nana debout au balcon, COMPLÈTEMENT à fond depuis Stam1na, qui chante, gueule, bouge et headbangue joyeusement, juste à côté de gens assis, parfaitement immobiles, et parfaitement stoïques (de là à imaginer qu’il se font chier ? Possible. Y’en avait un avec une tête de méchant dans Albator après tout).

Notons enfin que le concert s’achève sur “Deathmask”, qu’à ce stade, l’Alhambra bouge toute seule, et que même si ça n’est pas bien fin, ça a le mérite d’être efficace !

La dernière fois qu’on a vu Insomnium à Paris, c’était au Petit Bain, pour un concert spécial Winter’s Gate (et c’était chouette), bien que légèrement “froid”.

Deux différences notables avec ce concert de l’Alhambra :

1- Zéro “titre” de Winter’s Gate. Ca se comprend, après tout ils s’en sont tapé une tournée entière, ils ont un album à promouvoir, ce serait dommage de ne pas apporter un peu de sang frais à la setlist.

2- L’ATTITUDE des musiciens sur scène n’a rien à voir ! Est-ce dû au fait que c’est la première date sur ce tour, qu’ils partagent le tour bus avec de sacrés boutes-en-train, ou que leur set demande moins de concentration et d’effet bulle que le précédent ?

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Aucune idée, mais le résultat est ostensible : c’est clairement la teuf sur scène. Passé l’intro, plus solennelle, et c’est comme si Insomnium rattrapait le temps de contact avec le public. Ça tape dans les mains pour montrer l’exemple, ça fait des grimaces, des high five, du sourire béat en encourageant le mouvement dans la fosse, ça fait coucou au balcon, ça pointe du doigt en clignant de l’œil vers les gens les plus visiblement passionnés…

Gros gros résultat donc, et tant mieux, puisqu’ils étaient manifestement ardemment attendus. L’Alhambra résonne au son du public qui chante spontanément sur “Through the Shadows” ou “While We Sleep” (point #larmichette)

D’ailleurs, il faut dire que l’impasse sur Winter’s Gate ne gêne pas tant que ça, puisqu’outre Heart Like A Grave, Insomnium s’applique à sortir des titres parfois vieux de plus d’une décennie, sans non plus négliger Shadows of the Dying Sun. Une façon de rappeler que leur discographie ne comporte pas de déchet. Qu’ils sont capables de dompter des accents agressifs sans renoncer pour autant à la portée émotionnelle de leur musique (encore un point #larmichette), et qu’ils détiennent un son qui, bien qu’assez typique de la vague Death mélo scandinave, n’appartient qu’à eux.

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Ces nuances sont une force ; il devient idéal de les voir jouer ainsi sans se retenir de faire les zouaves. Côté salle, c’en est simplement plus impressionnant. On sait que ce qu’ils font nécessite un niveau exigeant de maîtrise technique, alors quand ils font en sorte que tout paraisse si facile et amusant, le spectacle devient fascinant. Du début à la fin du show, en passant par plus de 25mn de rappel, tout le monde scotche, bouge, chante, et, essentiellement, passe une excellente soirée. D’ailleurs, il faudrait presque faire un duel entre les spectateurs d’Insomnium et ceux de Leprous pour déterminer le niveau d’endorphines.

 

Et malgré la fatigue, malgré la météo pourrie et le marathon de concerts de la semaine, le constat est simple : la soirée était excellente, le concert suffisamment joyeux, tropical et vivant pour nous envelopper tant et si bien qu’on en sort transportés, imperturbables devant les rubalises et les équipes policières croisées un peu partout dans le quartier pour les hommages du lendemain.

Une semaine de 13 novembre redevient ENFIN une semaine de concerts exceptionnels à Paris, ce n’est pas rien. Merci, on en avait besoin.

 

Merci à Garmonbozia (encore eux !), aux gentils groupes, à l’Alhambra, et aux caupaings qui ont payé les bières

Photos (et ragots !) par Aurélia Sendra

Texte, fatigue et joie par Sarah

 

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