
« I am Dracula », si cette phrase légendaire ne vous glace le sang ou bien au contraire le réchauffant et bien dans ces cas, direction Bercy et le temple du cinéma.
La Cinémathèque offre à un des plus vieux personnages du cinéma une exposition qui lui est entièrement consacrée. A l’origine, un mythe, aujourd’hui, une star de cinéma, le vampire par ses plus grands représentants était craint à travers les âges, surgissant des ténèbres des civilisations qu’il a parcouru lui l’immortel. Avant d’être photogénique, lui ce corps sans reflet, a été sujet de bien des légendes pour prendre son envol iconique dès le XIX eme siècle à travers les fleurons de la littérature vampiresque que sont le Dracula de Bram Stoker (1897) et Sheridan Le Fanu avec sa Carmilla en 1872
C’est sur cette remise en contexte que la Cinémathèque vous invite dans une exposition autour de l’image de ce vampire, multi symbole à travers les arts et les époques, très loin de son simple statut de mythe nocturne suceur de sang. Dracula, Nosferatu, Lestat, de nombreux noms qui fait de lui l’incarnation de bien des choses comme le cinéma l’a si bien matérialisé. Une exposition dirigée par Mathieu Orlean et qui à travers la richesse de ce sujet nous propose un parcours qui se décompose intelligemment à travers les nombreux visages du suceur de sang. Visite.
L’ombre de la nuit
Le prisme du cinéma avait inéluctablement son interprétation et sa symbolique qui évoluera au fil de son histoire et de la déambulation du visiteur. Au delà des origines du personnage féminin comme masculin ou bien invariablement transgenre, le vampire cinématographique nait en Allemagne au son du muet et dans l’art du cinéma expressionniste. Murnau et son Nosferatu (1922) deviendra lui-même aussi un symbole de l’histoire du cinéma allemand lui-même revisité par Werner Herzog qui proposera son Nosferatu, fantôme de la nuit (1979), associé à Klaus Kinski qui reprendra le rôle-titre tenu à l’origine par Max Schreck racines du mythe et sa vision allemande à deux périodes. Deux séquences en vis à vis pour montrer la place essentielle du Nosferatu dans la mythologie vampiresque
Désir vampirique
Personnage transgressif et symbole de transgression, le vampire est l’incarnation de bien des réflexions lui le sans reflet. A la fois transgression sexuelle mais aussi politique, il est la part rejeté et d’ombre de la société qui ne peut le masquer encore longtemps. Le symbole érotique devient vite inéluctable dans les années 60 -70. Longtemps associé au cinéma érotique, lui l’incarnation de la quête sans fin de désir et de chair, cette image est de plus en plus accentuée au fur et à mesure que le cinéma se l’approprie et l’interprète au fil de son histoire et des ses acteurs. Objet de fantasme et de désir, penchants pour la décadence et la liberté au service de ses pulsions, les vampires de Tony Scott, Neil Jordan ou bien Francis Ford Coppola ont tous et toutes une forte plasticité érotique, source de tentation pour le spectateur(rice). La soif d’envies dépasse l’objet filmique. Le désir est fomenté au delà de la pellicule et l’image est aussi vampirique que le suceur de sang.
Le vampire est certes un monstre du cinéma comme l’illustrera parfaitement l’exposition, mais il est surtout un symbole aux nombreuses facettes, le reflet de la société dont l’exposition établis les connecteurs logiques qui se mettent en place dans l’esprit du visiteur. Nous sommes au dela d’une simple icone du cinéma B les portes s’ouvrent de façon intelligente au fil de la visite dans des regroupements d’idées revisitées et interprétées, y compris, par le cinéma d’auteur, y voyant une image source pour sa création. Un mythe, mais surtout un objet de fantasmes et dans une diversité de lectures. Des extraits vidéos qui alimentent le parcours montrant la richesse et la multitude d’expressions cinématographique pour le mythe inssaciable du vampire mais le sang se retrouve dans toutes les cultures sous différentes formes, ce que n’oublie pas de ne nous faire savoir l’exposition. Le vampire est universel et les cinémas ont su l’utiliser et l’interpréter à leur façon jusqu’au bout de l’ Iran avec A Girl Walks Home Alone At Night de Ana Lily Armirpour.
Reflets dans les arts
L’exposition thématique montre, en plus de sa relation privilégiée avec le cinéma, ses apparitions dans d’autres champs artistiques. Des œuvres maitresses jalonnent le parcours, choisies certes dans un souci de mise en rapport directe avec le cinéma mais aussi dans un dialogue . Entre les peitures de Basquiat , les gravures de Doré ou bien les adaptations dantesque de Bouguereau mais aussi les dénonciations sombres et engagées de Goya et de Ferran Garcia Sevilla
Le vampire, un thème célébré aussi dans le cinéma français et éloigné de son image fantastique Feuillade et les Vampires– ainsi qu’Assayas, une exception française qu’on retrouve même dans cette figure de l’ombre. Feuillade donne la première note moderne et sociale au début du 20 siècle. Un serial et ses vampires- criminels qui sévissent dans une France de l’antre deux guerres avec sa vamp vampiresque Irma Vep par Musidora. Un symbole français à elle toute seule qui dénote mais aussi offre une clef supplémentaire de son image. Le vampire , être de la nuit et aussi d’une autre façon le suceur de sang de la société selon son intepretation.
La caricature qui sera présente dans cet état des lieux du vampire a utiliser l’image à plusieurs reprises au cours de son histoire. Vampirisme de la société et sa menace venant de l’intérieur. Vampire politique, financier ainsi qu’ennemi du peuple et ses chefs d’état qui nous sucent le sang. Le politique ce vampire du monde moderne ?
Mais c’est le 21 -ème siècle qui le transformera à de nombreuses reprises via de nombreux avatars visuels et fantasmagoriques de tous genres avec Buffy contre les Vampires, Twilight, Underworld, Abraham Lincoln Chasseur de vampires, et j’en passe. Car notre vampire est devenu avant tout un une icône pop de consommation et façonnable à outrance, revisité avec intelligence ou bien idéalisé hyper sexualisé d’un côté, ridiculisée de l’autre. Perdant aujourd’hui un peu de son aura par trop de lumière à travers la multiplication des prismes et des reflets, nous pouvons être sur que notre vampire se réinventera, dans l’ombre la ou se trouve son royaume.
La question qu’on peut se poser à la fin de cette visite, nous concerne avant tout, qu’est ce qui nous vampirise aujourd’hui.
Texte: Anthony
Vampires, De Dracula à Buffy, Cinémathèque Française, jusqu’a 19 janvier 2020
Plus d’infos: site officiel
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