
“WOHPUTAIN MAIS C’EST CE SOIR ?”
Ne reculant devant rien pour le Black Metal, il a fallu 3 changements de programmes, une arrivée en retard et 6 euros de vestiaire pour assurer ce report. C’est ma faute, bien entendu, j’étais persuadée que le concert se tenait mercredi et pas mardi, et je vivais jusque là ma petite vie de vacancière, entre échanges de plantes et passage lugubre par le centre commercial de la Défense.
Arrivant au pas de course, plantes dans un sac, cadeaux de Noël dans un autre, chaussures pas adaptées et cheveux crades, j’ai malheureusement loupé Gost.
Enfin, pas si malheureusement, parce que de ce que j’en ai compris, c’était claaaaairement pas un groupe pour moi. La preuve :
Prenons maintenant un instant pour poser la question la plus commune lors d’un concert à la Machine :
C’EST QUOI LE PROBLÈME DES GENS AVEC L’ESCALIER ?
Franchement ? C’est si compliqué que ça de laisser un espace pour les gens qui veulent circuler ? Vous trouvez pas ça un peu limite, voire dangereux de vous planter là, en plein dans la ligne droite qui sépare le reste du public des toilettes et du bar ? Vous n’êtes pas allés plus loin que la 3e marche, ce qui vous aurait permis de constater que l’un des avantages de la Machine, c’est qu’on voit bien la scène d’environ PARTOUT dans la salle ?
Désolée, on approche le niveau “Coup de gueule contre les stroboscopes”, et c’est totalement limité à cette salle, mais franchement, je peine à croire que le public metal, pourtant maxibalèse pour plein de trucs (gérer les pogos, ramasser les slammeurs malchanceux, taper dans les mains sans dériver du rythme etc) ne soit pas foutu de ménager un couloir humanitaire dans un fichu escalier.
Fin de l’aparté.
Malgré une bataille rangée pour accéder au bar puis traverser l’épreuve de l’escalier, je n’ai pas loupé Gaahls Wyrd, et on peut dire que c’est un concert plutôt contemplatif. Pas que ce soit statique hein, les musiciens se baladent, headbangent et communiquent à leur façon (avec une petite mention à Spektre, planqué derrière sa batterie mais dont l’énergie va bien au delà des fûts). Dans cette troupe, Gaahl lui-même fait un peu office d’extraterrestre. Pas de mouvement brusque, pas de “Hey salut le public, levez les bras que diable !”, pas de speech pour haranguer la salle. Et pourtant, Gaahl captive. Il se déplace tranquillement, jusqu’à donner l’impression qu’il flotte 10 centimètres au dessus du reste. De temps en temps, il attrape une main, dévisage quelqu’un de son regard perçant-ascendant-flippant-un-peu-quand-même, ou il va s’asperger d’eau sur la gauche de la scène. Zone vite évitée par les autres, puisque partagée entre “la flaque de Gaahl” et “les mollards de Gaahl”. Personne ne lui en veut, parce qu’il gère la fougère. C’est assez hypnotisant d’ailleurs, de l’écouter chanter, murmurer, crier, growler, mais pas nécessairement dans cet ordre, à mesure de morceaux qui ne se limitent pas strictement au groupe Gaahls Wyrd, mais explorent le passé, via Gorgoroth, God Seed et Trelldom.
Assister à un tel déversement sonore lié au calme glacial qui règne sur scène est une expérience étrange. Forcément, ça demande un petit échauffement, mais lorsque le set s’achève sur “Exit – Through Carved Stones”, on ressent un contentement général mêlé d’une légère frustration, tout de même, parce qu’on a beau avoir perdu la notion du temps, ça se termine vite quand même.
Côté coulisses, ça se passe pas mal non plus :
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Une fois le matos évacué de la scène, toute la bande sort quelques instants faire des câlins à qui veut, puis explose le mignonimètre en demandant au vigile qui surveille l’accès aux coulisses “Bonsoir, on peut rentrer s’il vous plaît ? On est le groupe…”
Un aller/retour au bar via l’escalier de l’angoisse plus tard, c’est au tour de Mayhem d’entrer sur scène en bon clou du spectacle qu’ils sont.
Sauf qu’à première vue, ils ont laissé le spectaculaire au vestiaire (à moins que la théâtralité n’ait pas réussi à passer l’escalier) : seul Attila est en grande tenue made in Dark Vatican, corpse paint, petites cornes et filet de pêche sur la tête et les bras. Les autres, malgré leur air mauvais et les tatouages visibles, ont plutôt des dégaines de roadies pour Soilwork. Bon, à l’exception de Necrobutcher qui a quasiment terminé sa transformation finale en Gollum.
C’est en constatant un décalage pareil qu’on comprend pourquoi certains, comme Emperor ou Rotting Christ ont pu se permettre de lâcher le corpsepaint et compagnie à une époque, alors que c’est plus dur pour certains autres. Mayhem ne sera jamais un groupe comme les autres, et si on comprend qu’ils aient un peu envie de changement alors qu’ils sortent enfin un nouvel album, c’est dommage qu’il n’y ait pas davantage de cohésion visible entre eux.
Malgré le décalage entre Attila et les gratteux, et qu’Hellhammer reste totalement invisible derrière sa batterie de l’au-delà, cintré par des drapeaux représentant les différentes époques de Mayhem, la mayonnaise finit par prendre. Après un long temps de chauffe qui sert (entre autres) à jouer des morceaux de Daemon, tout le monde disparaît pour revenir encapé/encapuchonné pour balancer “Freezing Moon”. Clairement, ça fonctionne mieux, un vrai concert de Johnny !
C’est douloureux à dire, mais Mayhem fonctionne mieux sur la nostalgie. Le public s’y retrouve particulièrement sur les morceaux sortis de De Mysteriis Dom Sathanas, ou “Pure Fucking Armaggedon” qui clôturera le set. Dans ces moments fabuleux, la Machine remplie à ras-bord headbangue comme un seul homme, suivant les mouvements de pendule de la croix en os brandie par Attila. Dans les moments plus compliqués, Necrobutcher, récemment reboosté par les récents micros tendus aux déclarations post-Lords of Chaos et ses prétentions d’avoir voulu tuer Euronymous lui-même, joue le gars menaçant, ce qui vu sa dégaine, n’est pas franchement efficace. D’autant que sur les côtés, Teloch et Ghul ont limite l’air gêné.
Mais je critique, je critique, mais il n’empêche qu’on a plutôt passé un bon moment. Bon son, bon public, bonne ambiance, et puis surtout, la musique de Mayhem reste diablement efficace. D’un point de vue forcément ultra subjectif, ce n’était juste pas leur meilleur concert. Et ça n’a rien de grave…
Entretemps, le contenu du vestiaire a survécu. Une aloe vera, ça reste super black metal comme plante.
Merci à Garmonbozia qui assure comme d’habitude
Photos par Aurélia Sendra
Texte écrit avec amour (et un poil d’amertume) par Sarah
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