
La Suisse, pays tranquille aux verts pâturages, montagnes, chocolats, fromages et bons placements bancaires… Mais aussi mère patrie de groupes un peu moins tranquilles. Tout le monde connait Nostromo bien sûr… Mais nombreux sont ceux qui ne connaissent pas encore Coilguns et sont, par ailleurs, passés complètement à côté de la sortie du nouvel album la semaine dernière ! Pour être clair, s’il y a bien un groupe qui mérite actuellement une certaine attention se sont bien ces suisses complètement allumés ! Champions du lancer de viennoiseries sur scène ( incroyable petit déj épique au Hellfest de cette année) mais surtout musicalement et scéniquement généreux dans la créativité et l’énergie.
Je t’explique, ces suisses ne vont pas te laisser indifférent(e), tu vas adorer ou bien détester mais avant tout lis bien ceci et ensuite écoute Watchwinders. Après on pourra en discuter.
Sorti sur leur label Hummus Records -tout autant productifs de ce côté-là avec de nombreux artistes intéressant- les suisses ont enregistré Watchwinders dans des conditions électriques. Une écriture et un enregistrement en un mois avec une frénésie et une énergie conditionnées à un résultat qui se ressent hautement dans ces 12 titres. C’est libre et sans gardes fous car pendant que certains n’en branlent pas une en proposant les mêmes recettes d’albums, Coilguns dans sa grande générosité balaie les étiquettes et t’électrocute l’esprit.
Un groupe totalement libre sur ces 12 titres qui ne font pas dans la demi-mesure. Ils prennent la pleine mesure et tout ce qui va avec. Ne cherche pas de ligne directrice et une certaine rigueur suisse, la seule rigueur c’est “en balancer toujours plus” et le chaos a toujours été constructif (une de mes théories artistiques, j’en reparlerai bientôt) avec quelques expérimentations réussies qui amènent au passage de nouvelles voies. Une voix clair qui apporte une nouvelle dimension au son Coilguns et BIM ça part vers de nouvelles idées ! Mais pas d’inquiétudes, les suisses restent toujours aussi incontrôlables.
L’essentiel ici c’est l’énergie punk et la créativité brute qui s’en dégage. “Shortcuts” qui devrait être là en filouterie pour te rentrer dedans direct dès le premier titre, et bien il pose l’ambiance, voix claire et rythme entraînant, faisant monter la sauce, la colère bouillonnante avant d’exploser pour le massacre général et grand pétage de câbles.
Dissonances perturbantes ou bien anxieuse obscurité, la musique de Coilguns reste chargée d’angoisses et d’une folie furieuse libératrice. On ne sait jamais où on va mais les passages à vide ce sont des choses inconnues chez eux. Se permettant même quelques moments au calme comme le préoccupé “The Growing Black View » ou bien l’acoustique et mélancolique “A Mirror Bias”, mais c’est pour mieux reprendre, comme si rien ne s’était passé au préalable. L’angoissant et étonnant Prioress en est la preuve. Longues plages au clavier, sonorités inatendues, presque apaisantes . Et bien ça c’était avant de se prendre l’explosif “Morning Shower” en pleine face. Les titres nerveux à personnalités multiples ont tous leurs caractères, sortant de cette branche noise hardcore réchauffée, récupérée (tristesse) et souvent très cadrée chez certains. Ici on tape à droite à gauche, au centre, coup de genoux, le tout dans un pugilat général.
Le titre qui donne son nom à l’album est juste un pur moment de folie pendant que “Manicheans” se fait lourd, chargé d’anxiété.
Tout aussi violent que son prédécesseur, cet album apporte plus de nuances dans la façon dont il aborde cette fureur qu’est la leur. Coilguns ne s’handicape pas avec les genres, il les rassemble, les malmène et les démembre et ceci pour en faire ce qu’il veut au final : sa musique et il le fait très bien !
C’est sans compromis et au sens large du terme, incluant clairement tout ce que ce dernier peut contenir…
Qui a dit que la Suisse était tranquille ?
Pour parfaire tout ça il ne te reste plus qu’à voir la bête en live… Le 8 novembre à l’espace B à Paris par exemple.
Coilguns, Watchwinders, Hummus records, disponible 25 octobre 2019
Texte : Anthony
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