Airbourne @ La Cigale – 19 (& 20) octobre 2019

Ca faisait bien deux semaines qu’on n’avait pas parlé d’Airbourne.

Long. BIEN trop long.

Et pas assez.

Heureusement, cet affront ne durera point, puisque depuis, les fous-furieux australiens ont joué à Paris.

Deux fois. Pour deux dates tellement complètes que même la guest-list du groupe s’est vue rognée et que comme bien trop souvent, je n’ai pas pu embarquer de photographe. Désolée par avance.

Ne reculant devant aucune occasion de détruire une colonne vertébrale qui n’avait pourtant rien demandé à personne, j’ai assisté aux deux concerts. De toutes façons, mon banquier ne se donne même plus la peine de m’engueuler ou faire les gros yeux, donc autant en profiter, puisqu’on mourra tous un jour. (On sent l’approche d’Halloween, où je caresse l’idée de me déguiser en chanson d’Airbourne, il n’y a plus qu’à choisir laquelle, je vous tiens au jus)

Nous sommes en l’an de grâce 2019. C’est la 3e fois en moins de 4 ans qu’Airbourne passe par Paris, et pose ses valises pour deux Cigales, l’équivalent en population d’un seul Olympia (ça, c’était en octobre 2017), dans le même quartier et pour le même principe que les deux dates au Trianon à l’hiver 2016.

Et comme à chaque fois, pas la place de glisser une feuille de papier au milieu. C’est rempli, tout le monde est serré, il faut jouer des coudes pour se caler dans la fosse y compris pour Supersuckers, qui assure la première partie de cette phase de tournée.

Alors c’est quoi ce groupe ?

Déjà, c’est un trio américain venu de l’Arizona. Ca sent le sud, la Bud Light et les chapeaux de cowboy en cuir. Ca sonne fort country, mais ça porte la guitare au niveau des genoux comme des vieux punks.

Et ils ressemblent à peu près à ça.

 

Musicalement, c’est cohérent avec leur dégaine, et clairement, même s’ils n’ont pas inventé le tabac à priser, ça fonctionne bien pour chauffer et faire chanter le public déjà compact. Les trois gars et leurs titres sont plutôt rigolos (un gage de qualité), et semblent doués d’autodérision, denrée pourtant rare dans le monde de la country. Si tu veux savoir ce que ça donne, cette vidéo est un bon exemple :

 

 

A la fin de leur set, on sent un groupe qui se tâte à sauter dans la fosse et y rester, ainsi que des gens dans le public qui les inviteraient volontiers à boire un coup. Tout ça pour dire qu’on reverrait bien Supersuckers pour le principe d’en entendre davantage (c’est ça d’arriver en cours de route aussi), mais surtout dans un environnement différent, genre un bar ou une toute petite salle avec de la condensation sur les murs, et une scène taille cageot de pomme.

 

Néanmoins, l’attraction principale du week-end, c’est clairement Airbourne. Que j’ai déjà vus deux fois cet été, à Wacken devant 60 mille personnes, et au Cabaret Vert devant… Des fans de Foals. Airbourne qui balance le même set les deux soirs, un show similaire à ceux des festivals, mais dont il est absolument impossible de se lasser.

C’est simple, même le deuxième soir, couverte de bleus, pétrie de courbatures, et avec la ferme résolution “d’y aller doucement hein, je bosse à 23h juste après”, il a suffit de l’intro de Terminator et des 10 premières secondes de “Raise the Flag” pour qu’on se retrouve à bondir dans la fosse, dans un moshpit ascendant “grandes marées”

Et pourtant, dès le premier soir, avec un compère de ce “double-header”, on s’est rapidement fait la réflexion qu’un seul concert n’aurait pas été suffisant pour nous. C’est la magie des Australiens ; ils te mettent une salle à l’envers du début à la fin du concert, sans temps mort dans le moshpit, et ils t’aident à révéler des ressources inouïes tapies au fond de tes points-de-côté.

Le show est rôdé, le son est parfait, les jeux de lumière beaux à chialer. Les gars ne jouent quasiment que des tubes, limitant les nouveaux morceaux à “Burnout the Nitro” et “Boneshaker”, chanson éponyme du nouvel album. La setlist sera d’ailleurs la même pour les deux soirs.

Sur le plancher à ressorts de la fosse, le public s’époumone plus ou moins en yahourt, quand il parvient à conserver un minimum de souffle malgré l’intensité du pogo. Au moindre temps mort, les “WOOOOH HOOO HOOOO HOOO” typiques de “Ready to Rock” retentissent ici et là, avec une explosion de joie quand la chanson attendue arrive, pour le rappel. Entretemps, pas un instant de répit, ni dans la salle, ni sur scène. Les backdrops se décrochent avec de grands “CLAC”, Justin Long et Harri Harrison, bien qu’un peu en retrait, participent allègrement aux mouvements, courant à travers la scène, balançant des mediators à la volée, tenant immanquablement le rythme et le fond du son pour laisser à Joel la place de faire le mariole.

Et purée, ce garçon ne déçoit jamais. Qui a vu le documentaire “It’s All For Rock’N’Roll” saura que Joel O’Keeffe loupe rarement une occasion de “grimper sur des trucs”. Que ce soit les montants des scènes en festival, ou sur les épaules d’un roadie qui le balade au milieu de la fosse pendant un solo, avec “arrêt canette”, et finalement sur le balcon de la Cigale, à moitié penché au dessus du vide, guitar-tech à l’affût.

 

C’est comme dans Jurassic Park, “la vie trouve toujours un chemin“, sauf qu’ici, c’est “Joel trouve toujours un machin à escalader

 

Mais ce n’est pas tout. Outre l’épreuve quasi-olympique de lancer de bières, le combo “Sirène de pompiers / Intro debout sur les amplis” qui lance “Live it Up”, Airbourne rend hommage à Lemmy, en faisant non seulement scander son nom, mais aussi, en plein milieu de “It’s All For Rock’N’Roll” (la chanson, cette fois !) qui lui est dédiée, en amenant un flightcase estampillé “Lemmy’s Bar”. Pendant que les trois autres jouent, Joel chambre en versant une bouteille entière de Jack entre 5 à 6 gobelets (soit, en gros, une dose de cheval. Mort.), complété avec du Coca. Puis distribue lesdits verres aux autres musiciens, avant d’en balancer dans le public.

 

[Note : Quand je serai grande, je veux être roadie-gobelet pour Airbourne. Et si tu penses que c’est trop tard, sache que je suis persuadée que dans 40 ans ils n’auront pas bougé, et qu’on sera toujours là, dans le moshpit, à se taper sur le museau à coups de déambulateurs.]

 

Sur l’échelle de “l’impossibilité de ressentir la lassitude“, voir Airbourne sur scène se situe environ au niveau “Tour Eiffel qui clignote“.

 

De toutes façons, en concert, c’est bien Joel le centre de l’attention. C’est à se demander comment il tient le coup, et s’il aura jamais l’air blasé ou fatigué un jour. Dans Airbourne, tous les quatre dégagent un bonheur manifeste, mais c’est clairement Joel le plus contagieux, de la façon la plus naturelle possible.

C’est pour ça qu’on y revient, qu’à peine le concert fini, on se dit “Bon. Quand est-ce qu’on les revoit ?”, que même si on se fait écraser les vertèbres par les mouvements de foule bizarres (RIP mon rachis thoracique, #truestory) ou les slammeurs qui débarquent n’importe comment, on ne s’en va jamais très loin. Malgré la fatigue, tes pieds touchent à peine le plancher, les commissures de tes lèvres remontent tant et si longtemps que tes joues aussi développent des courbatures, la douleur ne t’atteint qu’à peine, quand les bleus sur tes bras développent eux-même des bleus ! Et tu te retrouves à te déplacer comme Robocop pendant 3 jours, avec une minerve de fortune et le cou bloqué, balayant du revers de la main les interrogations inquiètes de tes collègues.

 

 

Oui, ton corps a souffert, mais qu’importe, pendant 90 minutes (180 si tu as eu la veine d’y être les deux soirs), tu t’es senti(e) prodigieusement vivant(e). Et pour ce genre de sentiment, les courbatures et les torticolis sont un faible tribut à payer. Ca, et, dans mon cas, le fait d’avoir dû affronter une nuit au boulot à la suite du concert du dimanche, délicatement parfumée d’Eau de Vestiaire de Fédérale N°5, et ce, malgré les fringues de rechange et la mine perplexe du chauffeur de taxi.

Tout en se demandant, “Bon. Quand est-ce qu’on les revoit ?”. Et tant qu’Airbourne sera vivant, le rock’n’roll ne périra pas.

 

Texte et photos pourries par Sarah.

Un immense merci à Roger de Replica ainsi qu’à “Antoine”, mon vendeur ticketswap grâce à qui j’ai pu y retourner le dimanche. Big Up (comme disent les jeunes) à Charlie B., compagnon enthousiaste des deux soirs, ainsi qu’à Pierre L. pour ses épaules robustes.

Pas merci au gars qui a essayé de me détruire la colonne vertébrale (TU AS ÉCHOUÉ !), ni au creep à crâne rasé.

Grâce et félicité à Airbourne, revenez vite, je vous attends.

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