[Déchronique] Airbourne – Boneshaker

J’ai deux amours. Le Rock et l’Australie.

Alors quand les deux se rencontrent, ça implique généralement que ça va me plaire.

Autant le dire d’entrée ; J’ADORE Airbourne. Certes, l’un des intérêts de ce type de chronique (outre le fait d’écouter les albums avant tout le monde comme une privilégiée), c’est de ne parler que d’albums qu’a priori, on a aimé. Parce que bon, ça a beau défouler, ce serait dommage de mettre du temps et de l’effort à défoncer un album qu’on n’aime pas.

Là, ce n’est pas le cas, le disque m’a bien plu. Tu peux donc gagner du temps et de l’effort en allant écouter toi-même Boneshaker dès qu’il sera sorti, mais si tu veux en savoir davantage, continue à lire, en plus on a un peu de temps, l’album ne sort pas avant le 25 octobre. Ouvre-toi une canette en la tapant sur ta tête, et parlons un peu de musique.

 

 

Couv de lalbum

“Yepp Joel, c’est toi qu’on appelle ! Lâche cette guitare, sors de ta chambre et viens dîner !”

 

 

Clairement, Airbourne n’a pas inventé la poudre hein, personne n’a jamais prétendu le contraire. Ils reprennent des formules à la AC/DC, et si on regarde uniquement l’aspect technique, on y trouvera pas de quoi impressionner un fan de jazz (après tout, est-ce seulement possible ?). Des riffs de powerchords, des chœurs, des solos qui restent accessibles, et des paroles essentiellement résumables à “WOUUUHWOUUUUH ROCK’N’ROLL YOUPI !”, après tout, c’est à la portée du premier venu, non ?

[ATTENTION SPOILER :] Eh ben non.

Il faut que ce soit bien fait. Que ce soit suffisamment efficace pour te rentrer dans la moelle épinière sans même passer par le cerveau, jusqu’à ce que tout ton corps ne soit plus qu’une caisse de résonance, t’exhortant à bouger la tête, attraper le premier balai venu pour te prendre pour un guitar hero, ou taper comme un fou sur une batterie imaginaire. Il faut du talent et un vrai sens du rock, pour utiliser des riffs déjà éreintés des milliards de fois, déjà entendus par des milliards d’oreilles, et en faire quelque chose qui fonctionne mieux, cette fois, et qui semble frais, neuf et original. Et Airbourne connaît cette recette.

Ils ont un truc en plus, les frangins O’Keeffe (et quiconque les accompagne). Difficile de dire d’où ça vient, si c’est dû à leurs personnalités absolument extraordinaires, mêlant joie, manque total de gêne, et expressivité physique, ou si ça vient plus simplement de l’amour entier, impudique et absolument démesuré qu’ils vouent à leur art et leurs instruments, du bonheur qu’ils y trouvent, du explicite que toute leur vie y sera dévouée, et que dussent-ils ne faire que ça jusqu’à en crever, ils seront ravis.

Et toi aussi.

 

 

Le sage a dit “Ouvre l’instagram d’Airbourne au hasard, et n’importe quelle sélection de photos devrait te redonner confiance en l’espèce humaine”. Dont acte.

 

C’est probablement un mix des deux qui rend Airbourne absolument irrésistible. Alors certes, c’est ardu de donner un avis objectif sur la musique en général, et la musique d’un groupe que j’aime déjà tant en particulier. Même si parfois, des groupes pareils peuvent décevoir (c’est VOUS que je regarde, Halestorm), à la première écoute, ce ne sera pas le cas de ce Boneshaker.

Alors qu’est-ce qui change par rapport aux précédents ?

Pas forcément grand chose, (ou, selon la formule immortelle de Lemmy “Bah… La pochette ?”). Comme on en parlait, la recette reste la même, mais elle est bien faite. Comme le curry de ma maman dont je ne me lasserai jamais.

Ca commence par “Boneshaker”. C’est donc ce qu’on appelle une chanson éponyme. En soi, elle donne non seulement son nom à l’album mais à l’effet tout entier qu’elle exerce sur toute personne normalement constituée. De type tous les organes à peu près en place, et qui se démarque par une certaine tendance à demander à intervalles réguliers “Hey… Quand est-ce qu’on revoit Airbourne ?” depuis des années, parfois dès la fin du concert précédent. Là où même toi tu as de la veine, c’est qu’il s’agit du premier single, disponible depuis quelques temps à l’écoute du commun des mortels, avec un clip tourné cet été, essentiellement à Wacken où on trouvait le meilleur moshpit du monde pendant leur concert.

 

Jeu : sauras-tu retrouver l’auteure de cette chronique dans la foule ? (Indice : ça dure pas longtemps, on voit mal, et je ne porterai plus jamais ce soutif en concert, donc ne te foule pas trop hein.)

 

Pour l’instant, hormis “Boneshaker” (on ne s’en lasse pas), c’est hardu de savoir quels morceaux vont se révéler comme des hymnes à en concert, repris par le public comme un seul homme au poumon solide. Je mettrais probablement une pièce sur “Rock n roll for life” et “This is our city”

Si l’album tout entier, comme les précédents, sent la sueur, la bière qui sèche en collant dans les cheveux, et le fond poisseux de l’Esky, on remarque quand même quelques subtilités.

Déjà, l’album est enregistré à Nashville*. Difficile de savoir à quel point l’influence géographique a compté dans l’enregistrement, mais à entendre “Sex to Go”, un morceau qui donnerait probablement envie aux ZZ Top de ravaler leurs barbes, ça ne peut pas être tout à fait un hasard. Même combat pour “Backstreet Boogie”, probablement en tête du producteur quand il a annoncé que bon, “C’est un putain d’album de rock’n’roll“. On parle ici de Dave Cobb, un mec qui a aussi bien travaillé avec Lady Gaga que Rival Sons, Chris Isaak, Europe et tout le gratin du country nashvillois.

[* Le saviez-vous ? Nashville est jumelée avec la ville française de Caen. Ca vous en bouche un coin non ? Personnellement je trouve ça fou. Néanmoins, Wikipedia ne dit pas s’ils font des rillettes dans le Tennessee.]

Et puis d’un coup, après un album si joyeux et si emballant, le ton s’assombrit, les paroles parlent soudain d’autre chose que de cul, de bière et de rock’n’roll, et Airbourne dégaine “Weapon of War”, sorte d’hymne du guerrier triste, miné par le syndrome post-traumatique. On reste dans le hard rock, hein et sans virer façon Iron Maiden, forts coutumiers de ce type de morceau, on change clairement de registre. C’est curieux à vivre, inattendu, et plutôt rafraîchissant pour un titre aussi lourd. C’est aussi le plus long de l’album, preuve en est que les sujets qui font moins plaisir nécessitent plus de temps, plus de soin pour être abordés convenablement.

A bien y penser, elle sera intéressante à voir en concert cette chanson, ne serait-ce que pour en observer la dimension et l’effet sur le public, à condition que l’audience soit vraiment attentive à ce qu’il s’y déroule.

Bref, tout ça pour dire qu’aussi simple qu’il paraisse, Boneshaker révèle de nouveaux éléments à chaque écoute, et ils deviennent de plus en plus entraînants. Entre le moment où on lance le disque et celui où on sautille comme un poulet sans tête en se tapant contre toutes les surfaces environnantes, ce n’est jamais qu’une question de temps.

Pour conclure, on se voit au concert. Et sache que si un jour tu te sens invisible n’oublie pas qu’il y a un second guitariste dans Airbourne !

 

 

 

Boneshaker, disponible dans vos crèmeries de choix dès le 25 octobre.

Airbourne tourne en Europe d’ici là, avec un passage par Paris les 19 et 20 octobre, mais attention, c’est complet !

 

Cette déchronique a été écrite avec amour bière et meat pies par Sarah, avec force remerciements à Olivier & Replica, sans qui ben… On n’irait pas bien loin !

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