
De temps en temps, on prend cher côté concerts. Souvent, c’est le fait de Garmonbozia, généralement dans une petite salle, et surtout, on ne lésine pas sur les groupes.
Des groupes qui aiment bien donner un petit surnom sympa à leur tournée.
Bienvenue, donc, à Europe Under Black Death Metal Fire.
Ca sonne bien, ça roule tout seul sur la langue.
Mais alors, cette tournée, qu’est-ce que c’est ? Qui sont ces gens ? Aiment-ils à ce point jouer avec des allumettes ? Explique-moi Jamy !
Jamy te dirait probablement que l’évènement du soir, ce sont cinq groupes, du black au blackened death, qui se succèdent dans une salle sombre pour jouer un dimanche d’avant Pâques. Si tu trouves cette précision de mauvais goût, accroche-toi à ton chapelet parce que ça ne va pas aller en s’arrangeant.
Comme le monde des tarés appartient à qui se lève tôt, les Suisses (francophones) de Darkrise entament les hostilités vers 18h15, peu ou prou l’heure du goûter. Bien entendu, j’ai loupé le début à cause d’une sombre histoire de voisin qui écoute encore “Despacito” tous les jours en 2019. Et en arrivant, ça rageait déjà à l’intérieur.
Peut-être pas assez d’ailleurs.
En gros, Darkrise fait du death. Ils ne sont pas là pour réinventer l’eau tiède, et franchement, ce ne sera probablement pas le concert dont on parlera après l’Apocalypse, mais c’est un groupe honnête, les musiciens donnent leur meilleur, malgré de gros pains. Le rock n’est pas une science exacte, et parfois, les ratés créent la sympathie. C’est le cas ce soir.
On attaque ensuite le vif du sujet avec Nordjevel. Déjà vus au Gibus (avec un son désastreux) et au Hellfest l’été dernier, ils avaient laissé une trace. Je crois t’avoir déjà parlé des listes de psychopathe qu’on fait avec mes amis avant chaque festival (si ce n’est pas le cas, demande, et je ferai ma thérapie en direct). Pour information, voici ce que nous avons écrit après leur set au Hellfest :
Death ! Death ! Satan ! Sacrifice humain et double pédale. On entend bien la voix du chanteur qu’on égorge
Très bon ! Bien composé, puissant et bourrin à la fois.
BOOOOOM ! J’ai mis des pticoeurs sur le programme, ça veut tout dire. Gros show, son impec, concert énorme et bisous à Jean-Yves !
Jean-Yves étant le chef de file des anti-christianophobie de Clisson, qui inlassablement, tous les ans, achète son pass et squatte entre Temple et Altar, prenant des notes sur les groupes qui lui plaisent pas trop pour en rendre compte sur son blog.
En septembre, Jean-Yves m’a bloquée sur Twitter. C’est triste.
BREF, tout ça pour dire que Nordjevel n’a pas intérêt à décevoir sinon… On serait déçus. MAIS fort heureusement, ça ne va pas être le cas.
Entre le niveau de “à-fond-itude” proportionnel à la taille des bracelets à pics, le maquillage qui coule et la capacité d’annihilation des cervicales, on assiste à un concert très réussi. On se demande comment tient le guitariste (opinion populaire : il a un cou bionique) ; il joue comme un bœuf, headbangue non-stop à la même vitesse, puis envoie force pouces-en-l’air et petits hochements approbatifs dès qu’il cesse de torturer son instrument. Tout le set s’enchaîne bien trop vite, sans la moindre subtilité (on n’est pas venus faire de la broderie d’art en même temps), et au cas où on l’aurait pas compris, ils jouent du Trve Norrrrwegian Black Metal. Le principe est ainsi énoncé par Doedsadmiral, chanteur à pics de son état :
CE SOIR, ON PART EN GUERRE… CONTRE DIEEEEEEEU !
Un “mot de la fin” plutôt intéressant quand, 24 heures plus tard :
… Ahem…
Après quoi, on sort prendre un peu l’air, manger un bout, boire un truc, tout ça pour tomber sur les gars de Nordjevel, fraîchement sortis de scène, tout contents de la qualité de leur son, bien supérieure à celle du passage par le Gibus (tout contents quand on le leur fait remarquer), et tout maquillage coulant sur leurs lentilles blanche.
Ca a l’air un peu dégueu comme ça (ça l’est), mais ils sont beaucoup trop gentils pour qu’on le leur reproche. De là à se retrouver à parler catch avec le bassiste (qui n’y connaît rien, mais qui avoue qu’on l’a déjà pris pour un catcheur aux États-Unis), il n’y a qu’un pas qui fait perdre la notion du temps !
Parce qu’à l’intérieur, God Dethroned a pris possession de la scène et du public, soudain bien plus nombreux et compact que pendant les sets de leurs prédécesseurs. Une bien belle bande de néerlandais, tendance “grandes asperges avec des têtes de vendeurs en jardinerie”, qui balance du Blackened Death tendance “rouleau compresseur”.
Ben c’était vachement cool. Plutôt une excellente surprise, même, punchy et entraînante qui réveille la foule. De quoi headbanguer joyeusement malgré le manque de place. Pour le coup, vu l’ambiance irrésistible qu’ils ont mis au Glazart, c’est clairement un groupe à revoir en concert. Et peut-être à écouter de temps en temps, pour confirmer la première impression. Il faut dire qu’entre Nordjevel et Belphegor, ça dénote un peu. Genre ils sont ni maquillés, ni du style à sacrifier des cochons d’Inde aux puissances infernales, donc le contraste est puissant.
Mais parlons contraste justement, en repartant faire un tour au bar extérieur du Glazart (faut dire que ça commence à sentir le bouc là-dedans), et en passant par le coin du merch.
Ils. Ont. TOUT. Sorti.
Pour donner une idée, au stand de Belphegor, on trouve des ticheurtes de toutes les couleurs (y compris un jaune poussin tout à fait tentant), un crâne de chèvre décoré au marqueur, lui aussi en vente, et une vendeuse qui, malheureusement (ou heureusement pour ma banquière) ne prend pas la carte bleue. PARTIE REMISE MON AMIE ! Je reviendrai !
Histoire de ne pas se faire avoir comme au set précédent, on retourne dans la salle avant que ça ne se remplisse. Et on assiste au soundcheck, par l’homme que l’on nommera Le Roadie. D’où sort ce mec ? Sait-il jouer d’autres instruments ? A t’il un groupe à lui (et si oui, je veux le connaître) ? Porte t’il autre chose que du merch Belphegor ? Possède t’il un slop Belphegor ? Pourquoi les lunettes de soleil coincées entre le bonnet, la capuche remontée et la lampe frontale ? Est-il capable d’une AUTRE expression faciale ?
Tant de questions qui brûlent l’esprit, jusqu’à ce qu’on perçoive l’odeur de l’encens, et que les draps noirs découvrent enfin les poteaux décorés de crânes de bêbêtes à cornes, de mâchoires de vaches et d’autres os indéfinis.
Belphegor. Classique, basique, brutal.
On a beau les avoir vus au Motocultor et à Wacken, l’été dernier, pas moyen de s’en lasser. Et la plus grande surprise, finalement, vient de leur attitude sur scène ! Beaucoup moins statiques que d’habitude, les gars se baladent malgré l’espace limité par la taille de l’estrade ET les poteaux décoratifs à nonosses, communiquent grandement avec les premiers rangs, en s’accroupissant régulièrement…
Et surtout…
HELLMUTH SOURIT !
(Je sais qu’il n’y a qu’un “L” à Helmuth, c’est dire si j’en suis toute chamboulée)
Pour le coup, c’est la première fois que je le vois faire une chose pareille. Bon, c’est pas Dave Grohl non plus, le sourire reste limité et on ne l’aperçoit que 4 ou cinq fois pendant le concert, MAIS TOUT DE MÊME, c’est inédit.
Oh, et sinon, super set. “Pas les morceaux que je voulais” d’après mon voisin de concert, même s’il a ondulé et heabangué comme si c’était le cas. Quelques grands dadais qui se lancent dans un moshpit surprenant (et plutôt vener, ascendant “on va faire attention quand même à ce monsieur qui y va les poings sortis”), et le reste du public qui ondule et headbangue au même rythme que ledit voisin.
Un bien chouette moment. Si tant est qu’on puisse qualifier de “chouette” un concert aussi sombre de black/death avec des gars qui pleurent du sang, des morceaux de squelettes sur scène et une certaine appétence pour l’occulte et la haine de la religion… Enfin, je dis ça…
Dites-vous que ça aurait pu être pire. J’aurais pu parler du temps des cathédrales et vous coller du Garou dans la tête. #MauvaisGoût
On pourrait croire que je suis un peu obsessionnelle, mais pour la petite histoire, je travaillais de nuit le soir du concert (d’où une certaine fatigue qui me fait généralement raconter n’importe quoi), mais aussi le lendemain, soir du fameux incendie. Alors dans ces conditions, écrire le report d’une tournée qui s’appelle, rappelons-le, Europe Under Black Death Metal Fire, ça n’aide pas à rétablir une quelconque réputation. Ou alors une mauvaise.
En plus, boulot oblige, il a fallu quitter le Glazart à grand regret, un bocal de poulet yassa du bar extérieur en poche, alors que Suffocation venait de commencer. A grands regrets parce que c’était coooooool ! Je retiens surtout que les gars ont une dégaine et un langage corporel à jouer du hardcore entre deux tricks de skateboard, mais qu’au lieu de ça, ils dégainent du gros brutal death qui tâche.
Pour les avoir aperçus au Hellfest, j’en avais un souvenir de type “bien mais pas ouf”, et là, c’était bien triste de devoir couper court. Heureusement, je peux compter sur Aurélia, binôme-photo de la soirée, qui raconte le concert à peu près en ces termes :
“Ambiance survoltée, dans le public autant que sur scène. Une énergie de dingue, riffs incroyables, groupe PERF ! WOOHOO !”
Ce sera donc le mot de la fin. Merci aux groupes, bien entendu, mais aussi à Garmonbozia qui se débrouille pour les faire passer par chez nous ET qui nous laisse entrer pour que je finisse à raconter ma vie et poster des GIF de Notre-Dame dans les live-reports.
Merci à Notre-Dame, devenue la cathédrale la plus black metal du monde.
Photos – Aurélia
Texte plus proche du fleuve que de la lance à incendie : Sarah
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