CHRONIQUE CINEMA – LE CHANT DU LOUP

Ce film, dans un contexte contemporain, raconte l’histoire d’un jeune homme acousticien dans un sous-marin militaire français. Lors d’une opération militaire il commet une erreur dans la reconnaissance d’un engin, ce qui met l’équipage et la paix internationale en danger. Il va chercher à retrouver l’objet de son erreur, avec pour unique indice le son enregistré par le sous-marin.

Je sais que ce film est sorti depuis un moment mais je tenais à en parler, les films d’action français sont si rares et bien souvent peu recommandables. Si je vous en parle aujourd’hui, c’est bien sûr parce que cet adage ne concerne pas Le Chant du Loup. Film «d’action» français, cela fait peur, c’est sûr. Je ne m’en remémore pas un sans tous les stéréotypes du genre à la française, c’est-à-dire de l’humour bien souvent trop gras, des cascades pas terribles et des acteurs qui tendent vers le sur-jeu. Ne parlons pas des scenarii, aux ficelles souvent évidentes, sous-estimant nettement l’intelligence du spectateur. La réalisation est souvent copiée sur le cinéma américain, et sans aucun travail de fond. Bref, l’action à la française c’est souvent des idiots qui tapent sur des idiots, pour des raisons douteuses dans des mauvaises chorégraphies de cascades (qu’on me pardonne, je ne suis pas un expert de l’action à la française, je cite seulement ici les impressions de toute une vie).

Le Chant du Loup échappe à quasiment tous ces écueils. L’histoire, si elle est peu kitsch, n’en est pas moins surprenante, ce qui est un bon point pour un film où le suspens règne en maître. En effet, la tension constitue le fil conducteur du film. On part effectivement d’une situation stressante, en huis clos dans un sous-marin, bien mis en scène, on a la réelle sensation de participer aux opérations et d’être cloitré avec les militaires dans ces engins. On n’essaie pas de nous faire tout comprendre. Le jargon militaire c’est tout un monde, et le film nous paraît très renseigné à ce sujet sans pourtant donner l’impression d’un cours d’université. Cela produit un film assez réaliste, dans lequel on a envie de s’investir parce-qu’on y croit ! Bien sûr, je n’ai pas pu m’empêcher de penser au fameux «souquez les arthémuses» d’Astérix et Obélix mission Cléopâtre. C’est un environnement totalement inaccessible à la majorité des spectateurs, que le film rend accessible par les images, somme toutes bien faites. Les effets spéciaux sont bons, le réalisateur en fait juste ce qu’il faut, sans trop de bouillie numérique. Les effets spéciaux semblent effectivement avoir été travaillés dans un effort de réalisme. Si on ne comprend pas tout ce qui est dit, on comprend bien ce qu’il se passe. Rien ne me prédestinait à accrocher à ce genre de thème et à ce genre d’histoire, pourtant la tension dans lequel le film nous plonge m’a réellement hypnotisé. Le temps passe à une vitesse folle et on ne s’ennuie pas une seconde. Les acteurs sont bons, malgré une étrangeté du jeu de Reda Kateb que je n’ai pas compris (je me suis rendu compte que c’était lui au générique de fin), tout le monde joue bien. Le réalisateur à fait le choix de prendre Omar Sy dans un rôle de militaire sérieux, et ça marche vraiment bien. Quand au personnage principal, interprété par François Civil, il nous convainc totalement par un jeu assez fin. Ce personnage passionné fait de la guerre acoustique, pour résumer, c’est un homme qui écoute les bruits de la mer et qui sait les identifier pour savoir s’il s’agit d’un sous-marin, d’une frégate, etc. Il arrive simplement, par le son, à trouver de quel modèle il s’agit, ce qui permet aux autorités de savoir à quel État appartient le bâtiment. Au début du film, il entend un bruit qu’il n’arrive pas reconnaitre, et cela devient pour lui une obsession. J’ai trouvé ce héros vraiment fantastique ; un gars simple, en quête de connaissance. Il ne justifie pas cette obsession, il n’y a pas de morale, on a juste à faire à un personnage qui veut comprendre. Dans les films de ce type, c’est-à-dire à visée divertissante, on simplifie souvent les personnages en justifiant la moindre de leurs obsessions par des traumatismes quelconques, mais pas ici et ça fait du bien. On se retrouve plongé avec lui dans l’identification de ce bruit ; bruit qui hante littéralement le film autant qu’il hante le personnage. On est plongé non seulement dans la tension de la vie d’un sous-marinier, mais également dans la tension de ce personnage qui recherche l’origine de ce «chant du loup» si difficile à reconnaître et si lourde de conséquence.

Cette grande tension, l’identification au personnage et les belles images font de ce film un bon film d’action, extrêmement divertissant, et c’est bien le but. Cependant, il souffre tout de même de quelques petits soucis, comme une histoire d’amour (ah, on retrouve quand même un peu les États-Unis là) parfaitement inutile. Le scénario, qui, même bien ficelé, avec de beaux rebondissements et un dénouement inattendu, reste assez cliché, et un peu maladroit. Il remplit très bien le cahier des charges, mais l’aurait aimé plus fort, plus engagé et plus original dans les protagonistes qu’il met en scène. Si on constate un effort de réalisme dans les dialogues et dans les images, l’histoire qu’il raconte elle ne l’est pas tellement. Je ne vais pas vous la raconter parce-que je pense que c’est un film à voir, ne serait-ce que par soutien au cinéma français, si la vie des sous-marins semble réaliste, l’histoire qui est décrite dans ce film (à coup de dissuasion nucléaire et d’atomisation de Paris) est exagérée. Malgré ces petits défauts cela donne un film sympathique. A voir.

Un film d’Antonin Baudry, avec François Civil, Omar Sy, Reda Kateb… 1h55

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