SUMAC + GUESTS @ PETIT BAIN – 20/03/2019

Eh bien pour une grosse soirée, c’est une très grosse soirée qui s’annonce à Petit Bain. En cette journée printanière, c’est un blizzard du grand nord canadien qui s’apprête à s’abattre sur Paris. Sumac est en ville et Sumac ne fait pas dans le léger. Avec un troisième album sorti en septembre 2018 Love In Shadow, le groupe confirme qu’il n’a jamais été dans le désinvolte et guilleret, son post metal froid et tourmenté ne fait pas dans la demi-mesure ; ce n’est pas le genre du très productif Aaron Turner. Ce n’est plus le sacre du printemps auquel on doit s’attendre ce soir mais plutôt le sacre du tympan sachant que  les canadiens viennent rarement les mains vides.

Un groupe d’ouverture qui nous mettra par terre dès le début, le temps de rentrer dans la salle, descendre les marches en fond de cale et BAM ! Tout te tombe dessus. Endon vient des terres du soleil levant et comme la plupart des groupes japonais quand ils font un truc ils le font souvent bien, si ce n’est très bien… Et d’autant plus quand on parle d’extrême ! Du coup quand il est question de musique ce n’est pas fait à moitié. Endon balance un chaotique hard core qui est vraiment chaotique ( je dis ça parce que des fois il y a tromperie sur la marchandise). C’est distendu, acéré et viscéral, aux sons froids, métalliques, cognant et s’entrechoquant dans nos tympans. Un musicien joue même d’un instrument totalement DIY. C’est un maelström de sons et de hurlements avec un frontman qui les sort directement des tripes façon seppuku. Un groupe qui sait aussi se faire mélodique et sortir des moments de repos de l’âme avant de s’ouvrir les veines à vif. On retrouve comme du Converge à ses débuts quand il ne faisait pas du sur place et faisait encore saigner les tympans. Un live à vif qui nous laissera bluffé par son intensité alors qu’il est tout juste 20H30. ENDON, retiens bien ce nom.

Du coup Baptists sonne un peu fade après le passage d’ Endon et son final. Le groupe ne fait pas office d’anonyme pour les fans de Sumac étant donné que les deux formations ont des connections étroites, il est donc tout naturel de les retrouver ce soir car c’est en « famille » qu’on s’éclate le plus en fait. Le niveau est placé bien haut dès l’ouverture. Avec Edon il faut ramer après car le public s’est un peu fait tabassé sans sommation alors que même si le groupe ne sonne pas degueux et s’en sort tout à fait bien ! La barre était bien violente dès le départ donc ça sonne un peu en dessous ensuite sauf si tu amènes de la pure suprême violence. Baptists c’est de l’influence convergienne c’est clair dans la bonne violence façon Boston avec des moments plus post et bien massifs. Ce qui permet de passer sans trop de casse avant de repartir sur du bon punk hard core moderne. Tabasser de façon crade c’est la ligne de conduite du groupe. Le tout en étant bien pesant dans l’ambiance, les riffs bien lourds et lignes de basse bien présentes avant de repartir, accélération et défonce de tympans et gueule dans le pit ( pour le deuxième ça va car Paris est un peu timoré en fait). Le leader de Baptists, Andrew Drury, se dévoile au fur et à mesure, il a de la réserve le bougre, et par la même occasion au fil du set c’est une montée en puissance qui s’opère. Un show qui monte en degrés selon les titres bien appuyés comme il faut et ce qui donnera une violence crescendo pour finir en power violence façon coup de boule. Le groupe a su mettre ce qu’il fallait au bon moment. Le punk Hardcore des canadiens ne s’est pas dégonflé après le chaos japonais et nous a offert un bon set coriace en fait !

Après ces instants bagarre et enchevêtrements musicaux, c’est le moment du grand tourment. Car il n’est rien de comparable quand arrive le tour de SUMAC.
L’histoire de Sumac est au croisement de plusieurs autres très bons groupes, Russian Circles, Isis, Old Man Gloom, Mammifer et j’en passe. Si ça te parle, très bien, t’es au bon endroit, sinon va rapidement jeter une oreille à tout ça. Le trio mené par Aaron Turner est attendu ce soir, un Petit Bain assez fourni qui fait plaisir à voir étant donné la spécificité des groupes de ce soir. Mais Paris sait apprécier les bonnes choses (des fois). C’est ahurissant la massivité qu’on se tape d’entrée, c’est mélodique, lourd et distendu sur « Attis Blade » et son accalmie avant la tempête. Premier titre du dernier opus  From Love In Shadow  sorti fin 2018, cet album sera clairement mis en avant ce soir, un seul titre n’en sera pas issu. Un album qui navigue entre les sons tout en laissant planer le tourment au dessus de nos têtes. L’ambiance chez Sumac révèle angoisses, craintes et peurs. Mais aussi colère latente, bouillonnement interne. « Arcing Silver » par ses changements d’ambiances, d’humeurs est une schizophrénie musicale. Un ascenseur émotionnel qui nous balancera sur un final en total chute libre dans les sous sols. Le public se doit de se laisser emporté par  le déferlement incontrôlable . Faut lâcher prise le temps du set et se laisser aller dans les ténèbres de Sumac. Son distendu, larsens , crépitements, violence lourde et froide, tout y passe et Aaron Turner dans son monde ne laisse pas passer un poil de relâchement de concentration.

Le chaos total viendra d’«Image Of Control » de What One Becomes un malestrom sonore et destructeur  qui s’épaissit au fil du titre à travers une anxiogène montée en tension. La ligne lourde tenue par la basse oppressante, le fil rouge qui emmène le spectateur vers la déflagration. Pas la bombe sale et suintante mais la douleur ciblée lancinante et mélodieuse qui fait encore plus de ravages derrière.  Le sombre et torturé rouleau compresseur.  Voyage au bout de l’enfer.

Ambiance pesante, étrange, froide et vénéneuse pendant un set intense qui ne peuvait se digérer que d’une seule traite. En conclusion, un concert comme on aime et qu’on redemande !

Un grand merci à Petit Bain

Texte: Anthony

Photos: Thomas T

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire