Cernunnos Pagan Fest : Récit 2

On the road again…  Après en voir parlé pendant des mois le voilà enfin arrivé… Non pas l’hiver (lui nous a fait faux bond) mais bien le Cernunnos Pagan Fest et accessoirement le deuxième récit du festival ! Notre rendez-vous hivernal présentait quelques petits changements cette année dans la disposition générale : un passage simplifié entre le Caravanesérail et les salles de concert ; l’accès aux salles, d’ailleurs, était autorisé avant le début de chaque concert permettant de s’accorder une petite pause, ou de s’installer convenablement en attendant son groupe préféré.

Le monde du folk se remplit de groupes surfant sur une vague lancée par des séries qui rendent de plus en plus populaires les cultures anciennes. Populariser oui, mais faire n’importe quoi sous prétexte de faire de l’argent, non. On perd une certaine démarche dans une société qui n’a de cesse de contrarier (le contexte général en France n’invite pas au à la positive attitude il faut bien le reconnaître). En attendant si des groupes se développent en profitant du marché, on peut compter sur la programmation du Cernunnos Pagan Fest ! Les groupes présents continuent de respecter une vraie démarche historique, spirituelle ou traditionnelle.

Pour ces récits de concerts nous faisons le choix de présenter d’une façon différente, sans respect pour l’ordre de passage, les groupes qui nous ont touchés, surpris, emportés. Un classement très dur à réaliser étant donné la qualité des prestations – la programmation étant aux petits oignons et plus ciblée sur le folk cette année. On retrouve quelques groupes de black bien entendu pour une sélection inspirante pour tous.

Loin de moi l’idée de faire un top (Thomas non plus n’aime pas les tops, allez voir son récit !). Ma présentation se fera par catégories dans un ordre aléatoire, le premier de chaque catégorie étant un coup de cœur.

Catégorie 1 : les groupes français

Faisons honneur à notre pays en commençant par les groupes locaux ! Et on peut dire qu’il y a déjà de quoi faire dans notre belle contrée.

Gofannon : Ils viennent tout droit de Toulouse pour l’occasion. Chez The Unchained, nous avions présenté ce groupe et son créateur, Samuel, avec une chronique de l’album Prosodie et une interview. Le voici maintenant sur scène pour nous présenter ses morceaux et ses musiciens. Samuel est donc un jeune artiste qui a monté ce projet solo bout à bout. Puisant l’inspiration dans son quotidien bercé de nature et de traditions occitanes. Sur scène, c’est un régal :  le violoncelle, les flûtes la clarinette et.. l’enclume !

Gofannon est le dieu forgeron, et Samuel ayant pratiqué la forge nous fait honneur en apportant sa propre enclume qu’il fait régulièrement sonner. Une touche que l’on salue (que je salue très particulièrement) lorsqu’on connait le nombre de groupes qui utilisent des samples. Gofannon remplit sa tâche à merveille, celle d’ouvrir ce festival de musiques traditionnelles. Je dois vous dire que j’ai hâte d’entendre le nouvel album au complet. Les différentes langues utilisées pour le chant, occitan, français, suédois nous invitent à entrer pleinement dans le festival.

Belle entrée en matière et premier coup de cœur du festival.

Juste après et en deuxième position dans la catégorie, Les Compagnons du Gras Jambon. Bien entendu,  rien que le nom indique à quelle ambiance on va avoir affaire. Nous ne sommes pas déçus, les Toulousains (ville prolifique, il semblerait) font honneur au festival avec leur musique d’inspiration folk/médiévale/complétement décomplexée. C’est rythmé, et toujours joué dans une bonne humeur débordante, avec beaucoup d’humour ! Le public se laisse emporter, et joue le jeu du ridicule avec la chanson mimée, regardez donc ces sourires !

Quel bon moment. Rien que les instruments, bouzouki, Nyckelharpa, cornemuse et percussions procurent une entière satisfaction que l’on ne retrouve que dans ce style de musique. Alors oui il faut aimer aussi l’humour du groupe, mais en début de festival une bonne dose de danse et de bonne humeur ça ne se refuse pas !

 

 

 

 

 

 

 

Himinbjorg : Alors oui je navigue entre les jours un et deux, et bien que Himinbjorg n’ait pas grand-chose à voir avec les deux autres groupes de cette catégorie en terme de musique, ils ont leur place en tant que groupe français (et attendus par un bon noyau de fans). Le petit plus de ce groupe sont ses textes engagés sur la nature et le climat le tout dans une ambiance black metal. Ça dénote un peu avec les groupes précédents mais leur musique intense à un impact fort sur le public. Le contexte est favorable pour ce groupe, un festival sous le soleil pendant un mois de février anormalement chaud,  se balader en tee-shirt… Si pour certains c’est un bonheur, pour d’autres la situation fait s’interroger. Ce moment avec Himinbjorg, l’ambiance générale, permet une introspection, une réflexion générale dans un état de transe qui ne sera pas de trop.

Ethmebb sont les gagnants du tremplin et ouvrent le deuxième jour du festival. Une ambiance très différente de Gofannon , une ambiance très …décalée ! Les musiciens entrent sur scène costumés, l’un en hobbit, l’autre en elfe et un Gandalf/Merlin en pyjama à cœurs et chaussons. Alors Ethmebb c’est un metal folko/fantastique. On comprend très vite d’où ils puissent leur inspiration, avec un album nommé La quête du Saint-Grind, des chansons nommées “Orlango Blum” ou encore “GPS-Gobelin Par Satellite”. Les amoureux de la pop culture et de la littérature fantastique s’amuseront pendant un moment à discuter des différentes références et à s’amuser de leurs caricatures. Un très bon moment, dans un metal aux riffs aussi efficaces que délurés. Epic ? Death ? Folk ? On pourrait se poser la question pendant des heures ou juste profiter d’un beau mélange des genres complètement désinhibé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégorie 2 première fois en France 

Helsott est une très bonne surprise, même si  le groupe ne bénéficie pas du meilleur créneau pour jouer. Juste avant concert de la tête d’affiche, Finntroll, le public se place déjà dans la Halle négligeant presque les Américains : et ils ont tort ! Car le groupe se défend plus que bien et les gens présents ne le regretteront pas ! La voix caverneuse du chanteur se marie parfaitement aux rythmes lourds des guitares. On se laisse très vite emporter par leurs morceaux ; “Slaves and Gods” et ses airs orientaux, d’autres morceaux plus Heavy ou encore très épiques. Helsott a un registre varié et si certains étaient tentés de partir avant la fin, la puissance scénique des Américains ont fait changer plus d’un avis ! Nous sommes d’autant plus ravis d’avoir assisté à cette prestation lorsqu’on se rend compte que Finntroll a pris du retard… On peut tranquillement se remettre de nos émotions avant le grand final !

Bucovina joue aussi pour la première fois en France et déborde d’énergie ! Le chanteur fait l’effort de placer quelques mots en français, ce qui n’est pas négligeable quand on connait le niveau général d’anglais chez les français, (il n’est pas rare dans le public, d’entendre des personnes chargées de traduire à leurs amis les prises de paroles des groupes).  Venus de Roumanie, Bucovina s’inspire de son folklore et des valeurs traditionnelles pour nous faire voyager vers une nouvelle destination. Si on est plutôt habitués aux langues latines, on oublie parfois que le roumain en fait partie ! Les entendre chanter dans leur langue maternelle ne fait qu’attiser la curiosité. Si les contes de la région de Bucovine ne vous disent rien, peut-être que la version folk/metal fera naître en vous une nouvelle passion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégorie 3 : les hors catégories

Nytt Land aurait dû faire partie de la catégorie “les très attendus”. Malheureusement, pour la team pagan, l’organisation de la journée fait qu’il est difficile d’assister à ce concert. Qu’à cela ne tienne ! Le visuel parlera de lui-même ! Ce n’est que partie remise car le chant guttural sibérien mérite vraiment le déplacement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Żywiołak en hors catégorie pourquoi ? Disons que c’est un groupe qui a la particularité de me mettre mal à l’aise… Je ne suis pas la seule, j’en suis sûre. Si sa place au sein du festival est totalement justifiée à l’écoute de leur musique, il n’en reste pas moins ce ressenti étrange. Le folklore polonais et ses démons vous plongent dans une ambiance presque angoissante. Les voix y sont pour beaucoup, si les sorcières ont existé un jour, les voici revenues conter leurs aventures chez Żywiołak. 

Catégorie 4 : Baldrs Draumar

Une catégorie pour un seul groupe, oui mais quel groupe ! Pourtant, les Bataves de Baldrs Draumar ont déjà foulé les scènes du Cernunnos, et m’avaient (personnellement) laissé peu de souvenirs à l’époque. L’impression, cette fois, est complètement différente. Avec un show acoustique, le concert devient plus intimiste. Avant chaque morceau ils nous expliquent les paroles et invitent parfois même à les accompagner en néerlandais. Une idée pas si géniale, ce n’est pas si facile que ça ! Les seules paroles que l’on peut entonner en cœur sont  : “Hva faen”, si on a des notions de norvégien… En tout cas ce fut un vrai moment de plaisir que d’écouter leur show acoustique. Baldrs Draumar prend donc une place importante dans le classement des concerts du week-end et une catégorie entière, parce qu’ils le méritent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégorie 5 : Les très attendus (par moi-même)

Je ne sais pas lequel mettre en premier alors disons que Skiltron et Månegarm remportent tous les deux le coup de cœur de la catégorie.

Je commencerai tout de même par Månegarm car entre la Suède et, et, et quoi? L’Écosse ou l’Argentine? De toute façon la Suède l’emporte.

Je disais donc, Månegarm. Les Suédois viennent défendre une fois encore leur black/folk. Si vous suivez un peu leur actualité, vous savez que le nouvel album arrive bientôt. Il était donc naturel de s’attendre à de nouveaux titres. Et oui ! Ils jouent le jeu et au milieu de leur set énergique on aura le privilège d’entendre deux extraits de Fornaldarsagor (prévu le 26 avril). Les Suédois font preuve d’une belle prestance sur scène (c’était évident) et enchaînent leurs titres fédérateurs, la plupart en… suédois, of course.

 

 

 

 

 

 

 

“Tagen Av Daga”, “Vedergällningens tid”, même sans comprendre les paroles, les refrains épiques, les solos rythmés et la présence du talentueux violoniste exaltent la foule. Alors quand ils entonnent “Odins Owns ye All” nos âmes deviennent vikings et rallient la meute guidée par le puissant growl de l’Alpha Erik. Une petite déception pointe tout de même le bout de son nez : ce growl bien rauque, on sait grâce au dernier album qu’il peut se transformer aussi en voix mélodieuse. Malheureusement  Månegarm ne joue pas ses titres acoustiques sur scène et cache ainsi un potentiel pourtant non négligeable. Peut-être que la prestation de Baldrs Draumar leur donnera des idées pour un prochain passage…

On termine donc le récit avec Skiltron un autre moment très attendu. Premièrement pour l’originalité de la formation : créé à Buenos Aires par Emilio Souto, composé aujourd’hui de membres installés dans des pays différents ! De l’Argentine à la Finlande en passant par l’Allemagne et l’Angleterre et bien sûr la France avec Pereg Ar Bagol également membre de Boisson Divine. Bref, un groupe très surprenant qui puise son univers dans l’histoire des batailles écossaises. Difficile de résister à la tentation, surtout celle de voir des argentins en kilt ! (Je vous promets que ça valait le coup!).

 

 

 

 

 

 

 

Maintenant que l’ambiance est posée, que le concert commence! Une intro et c’est partie pour “Lion Rampant” le début d’une série de morceaux plus énergiques les uns que les autres. Un aller direct pour les champs de bataille. La cornemuse est un vrai bonheur, si vous appréciez cet instrument, Skiltron est le groupe qu’il vous fallait , très présente sans non plus devenir assourdissante, le dosage est parfait.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le chant Heavy est au top, l’ambiance générale est vivante et tellement prenante qu’on ne voit pas le temps passer, notamment grâce à des titres comme “Hate Of My Life” ou le glorieux “Bagpipe of War” (toujours plus de cornemuse bien sûr !). Pour une première au Cernunnos, Skiltron est bien à l’aise et justifie efficacement sa place au festival. On finira avec une sélection de photos du concert pour encore plus de kilts :

 

 

Cette programmation fait encore une fois voyager d’un bout à l’autre du monde, plongeant le festivalier dans des cultures plus intéressantes les unes que les autres. Le Cernunnos Pagan Fest est devenu depuis quelques années maintenant une valeur sûre pour découvrir des groupes surprenants. Pour retrouver le récit des autres groupes, c’est par ici avec Thomas!

Texte : Cindy

Photos : Aurélia, Fable et Cindy

 

 

 

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