
Un remède contre une dépression post-voyage-en-Scandinavie ? Oui cela existe, attention cependant aux effets secondaires, l’ascenseur émotionnel pouvant être violent. Je vous parle de lundi soir, le lundi de reprise pour certains ; juste un autre lundi pour d’autres, mais pas forcément le soir auquel on pense sortir. Qu’à cela ne tienne ! Sólstafir affiche complet au Café de la Danse, et si vous les avez vus au moins une fois, vous comprenez pourquoi. Sólstafir fait partie de ces groupes à l’univers addictif, ceux qui procurent de l’air à qui en manquait. Une coïncidence parfaite pour profiter, le temps d’un concert, de la magie islandaise.
The Midnight Sun: A Light In The Storm, ce sont des dates spéciales pour clôturer la tournée autour de leur album Berdreyminn. On peut dire que le groupe voit les choses en grand et propose des concerts, accompagné sur scène d’un petit orchestre de cordes. C’est avec grande fierté qu’on les accueille en France et la première chose que l’on remarque, c’est l’ambiance parfaite de la salle. Avec ses murs en pierre qui donnent un côté intime, ce lieu est beau pour un concert qui se voudra envoûtant. Sans première partie, la soirée commence directement lorsque Sólstafir monte sur scène à 20 heures. Le son est parfait. Dès les premières notes, le bonheur au rendez-vous : la soirée sera exquise. Bravo à l’ingénieur au passage, dès que le chant débute, des frissons parcourent le corps des pieds à la tête ; des frissons qui ne nous quitteront pas du concert.
Cela devient difficile de ne pas se laisser envahir par une certaine ivresse, il semble évident que je suis sur le point de perdre toute objectivité mais soyons réalistes, rien que “Náttmál” et “Ótta” suffisent à faire planer toute la salle. Le temps commence alors à passer différemment, il est comme suspendu et on se retrouve seul avec le groupe et nos tressaillements incessants. Quelques petits rappels à la réalité refont parfois surface avec des gens du public qui expriment leur extase à coup de « ta gueule » quand un titre fétiche est entamé, pour ensuite gâcher un bon moment à coups de vocalises ratées… Bon, gâcher c’est un peu fort, il n’était pas vraiment possible de couvrir la voix de Aðalbjörn Tryggvason, mais ça n’est quand même pas très agréable. Ce sera cependant le seul point négatif de la part du public ce soir car, étonnamment, si quelques écrans font surface, la foule n’en est pas pour autant envahie ce qui permet une immersion quasi totale… Et c’est le moment exact où tu réalises que 45 minutes sont déjà passées. SPLEEN.
C’est l’entracte (oui, entracte en plein concert de metal…), on reste sur cette impression d’avoir passé seulement 5 minutes en leur compagnie. On se laisse aller à la mélancolie, se demandant ce que réserve la suite. Ce concert est exceptionnel pour plusieurs raisons : la présence de l’orchestre sur scène amplifie cette ambiance si particulière et permet au groupe de présenter des morceaux qu’ils n’avaient jamais joués en live auparavant. De quoi se sentir encore plus privilégié… Depuis le début de l’année ce sera donc, et de loin, le plus beau concert que j’aie pu faire.
Et les émotions ne vont pas s’arrêter de sitôt, surtout lorsque le groupe joue “Necrologue”, un hommage à une de leurs amies décédée, qui a « laissé tomber » face à l’adversité de ce monde. Difficile de ne pas se sentir concerné par un thème aussi fort, quelle que soit notre histoire. Mais alors qu’on pensait atteindre le point culminant des émotions, débute “Fjara”.
“Fjara”, mes amis, en une seule phrase, est tout simplement l’une des plus belles chansons du monde ; sublimée qui plus est (et encore le mot est faible), par ce live avec orchestre. Allez-y pour le plaisir, relancez-là, elle se savoure sans fin.
Et si après ça les larmes n’ont pas encore eu raison de vous, la fin du concert sera dans la même veine, et le public transcendé par la musique. Alors que le leader nous explique à quel point on les fait se sentir spéciaux (c’est vrai que le public français est plutôt bien réputé chez les Scandinaves, faites donc un concert chez eux vous verrez la différence !), c’est nous qui nous sentons importants. Sans hésiter, Aðalbjörn Tryggvason se balade dans le public, serrant les mains des fans émus. Plus d’une personne aura versé une larmichette devant autant d’harmonie mélancolique.
Ce concert formidable tombait au bon moment et ce n’est pas notre photographe fraîchement revenue de Bretagne qui va me contredire ! Sólstafir, encore une fois tape dans le mille et nous fait toucher du doigt l’Islande mystique. Le meilleur moyen de planer et d’oublier quelques instants la réalité. Nous aussi on voudrait les avoir toutes les semaines à Paris, ou encore mieux, tout quitter pour l’Islande…
Texte : Cindy
Photos : Aurélia “Fable”
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