John Garcia And The Band Of Gold

John Garcia est une figure emblématique du Stoner Rock. Sur scène aussi bien qu’en album, il représente la voix de ce genre musical depuis ses débuts avec le légendaire groupe Kyuss qui marqua de son empreinte le début des années 90 avec des albums tels que Blues For The Red Sun (1992), Welcome To Sky Valley (1994) ou encore l’album de la séparation And The Circus Leave Town (1995).

Mais cette rupture, n’allait pas freiner les ambitions musicales de ce grand monsieur qui multiplia les apparitions en tant que guest dans de nombreux projets musicaux variés et enchaîna les formations en groupe de Slo Burn à Unida, en passant par Hermano ou encore Vista Chino. Mais l’ombre de ses premiers succès n’est jamais bien loin. En effet le line up de Vista Chino auparavant appelé Kyuss Live regroupait les membres fondateurs de Kyuss, Garcia, Nick Oliveri et Brant Bjork à l’exception du guitariste Josh Homme (Queen Of The Stone Age).

Après cette dernière aventure de trois ans, c’est en 2014 que notre vocaliste fit son retour avec un premier album solo, intitulée sobrement John Garcia (Napalm Records) pour lequel il composa des chansons originales. Logique, me direz-vous, mais vous allez vite comprendre où je veux en venir. Vint ensuite un second album solo, The Coyote Who Spoke In Tongues (2017/ Napalm Records) avec pour particularité d’être entièrement constitué de chansons acoustiques et de proposer dans le même temps, non pas une ni deux mais bien quatre versions revisitées de certains classiques qui ont fait la renommée de Kyuss. Était-ce nécessaire pour la sortie d’un album solo n’incluant que neuf titres? Je vous laisse en juger par vous-même, mais John Garcia est un homme qui aime revenir sur ses contributions musicales antérieures.

C’est ainsi qu’en ce début d’année 2019 nous arrive sa dernière itération musicale, John Garcia And the Band of Gold de chez Napalm Records. Ce nouveau line-up, composé d’Ehren Groban à la guitare, Mike Pygmie à la basse et Greg Saenz à la batterie, est mis à l’honneur dès les premières notes de “Space Vaso”, un morceau entièrement instrumental qui nous renvoie littéralement dans le désert. Entre douceur et puissance il n’ y a qu’un pas et c’est exactement ce que nous balance la bande dorée de Mr G qui laisse ses musiciens s’exprimer de la meilleure des façons. Petite mention spéciale aux excellentes lignes de basse de Pigmy. Arrive ensuite “Jim’s Whiskers”, et les premières parties vocales de l’album. John Garcia nous livre là sa palette vocale habituelle en plaçant ça et là quelques petites notes kyussiennes bien senties pour notre plus grand plaisir. Somme toute, une chanson bien menée qui commence de façon plutôt calme pour finir par mieux nous retourner les oreilles sur sa dernière partie.

Suivent “Chicken Delight” premier single dévoilé de l’album à la mouture plutôt classique et “Kentucky II”, qui représente à la fois la seconde partie du morceau “Kentucky” présente sur le troisième et dernier album d’Hermano, Into the Exam Room (2007) mais qui est également un nouvel arrangement (la première d’une série de trois) de la chanson “Give Me 250 ML” présente sur le second disque solo du sieur. La suite de l’album continue sur sa lancée progressive alternant sons lourds et groovy avec une “My Everything” plutôt bien réussie suivie par une “Liliana” aux saveurs plus pop pour nous remettre une couche de sensations fortes avec “Popcorn (Hit Me When You Can)” sans nulle doute une des chansons les plus réussies de l’exercice. Celle-ci plus rythmée que les précédentes nous permet d’écouter un Garcia au timbre un peu plus criard qu’à l’accoutumée mais qui permet un petit renouvellement des sonorités vocales entendues jusque là dans l’album, et on en redemande volontiers. La musique monte progressivement pour lâcher les chevaux sur la seconde partie. S’ensuit une “Apache Juncion” tout à fait appréciable qui sur sa partie finale nous rappelle à une imagerie onirique du désert.

Nous arrivons dans la dernière ligne droite avec deux titres qui coup sur coup, reviennent tout droit du second album mais bien évidemment sous une autre forme. Ainsi “Don’t Even Think About It” et “Cheyletiella” sont respectivement les nouveaux arrangements de The “Hollingsworth Session” et “Kylie”. Si toutes deux tabassent bien et profitent d’un excellent traitement dans la manière de les arranger, en particulier la première selon moi, je ne peux que me poser la question de l’intention de l’artiste derrière tout ceci. Déjà dès le premier album solo, avec “His Bullet’s Energy” and “Her Bullet’s Energy” il avait effectué un travail similaire sur deux chansons aux paroles plus que semblables mais avec des traitements radicalement différents, donnant au finale lieu à deux compositions réellement différentes. Et s’il est facile de reconnaître une réelle volonté artistique de la part de John Garcia dans ce cas-ci, cela devient nettement plus compliqué si l’on associe cela aux reprises de Kyuss dans le second opus en plus de la réutilisation de certains titres malgré de nouveaux arrangements. Sans faire la mauvaise langue, je dois bien avouer que le terme remplissage m’a effleuré l’esprit car l’on aurait pu tout à fait imaginer que ces covers ou réarrangements auraient pu figurer en bonus de ces albums et non pas dans leurs corps principaux. Toutefois, la chanson finale de l’album, “Softer Side”, qui porte bien son nom, remplit tout à fait son office, et clôture l’album de façon posée et satisfaisante en nous laissant méditer sur tout ce que nous venons d’entendre.

Pour conclure, John Garcia nous a pondu avec sa nouvelle troupe un troisième album sans fausse notes, parfaitement maîtrisé de bout en bout tant rythmiquement qu’au niveau vocal et musical et qui, bien que de constitution classique et relativement court, saura ravir tous les aficionados du genre et de l’artiste. Et si à n’en pas douter, toutes ces chansons doivent prendre une toute autre envergure en live, (un report du dernier concert à Paris est disponible ici) je ne peux que souhaiter en tant que fan, que Garcia et sa bande continuent sur cette lancée et nous reviennent la prochaine fois avec un album encore meilleur et cette fois-ci je l’espère 100% original.

Texte : Thomas T

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