
Aujourd’hui c’est rendez-vous en terre inconnue que je vous présente. La terre des racines d’une musique qu’on aime beaucoup sur The Unchained… Un voyage vers La Nouvelle-Orléans, la Louisiane, le delta du Mississipi et ses environs ça vous dit quelque chose ? Ce n’est pas un documentaire géographique, mais un voyage vers là où tout a commencé. Les terres du Blues ! Dirty Deep t’offre aujourd’hui l’aller/retour sans trop bouger, ni trop dépenser, juste de quoi acheter un album. Quand on parle de voyage musical à travers un album, une écoute, c’est clairement ce dont il est question.
Tillandsia est le nom du cinquième opus de Dirty Deep et qui se veut un hommage à ses racines musicales qui puisent dans les fleuves boueux du sud des États-Unis. Le titre et son visuel ne sont pas trompeurs. Le groupe n’a pas fait les choses à moitié et quand on veut de l’authentique on s‘entoure avec ce qui se fait de mieux aux manettes, soit Jim Jones (Jim Jones Revue, Thee Hypnotics). Mais au fait, est-ce utile que je présente le trio strasbourgeois ? Le heavy blues du groupe ne devrait pas t’être inconnu (si c’est le cas répare ton erreur et va tout de suite y jeter une oreille après cette lecture). Le projet initialement emmené par Victor Sbrovazzo en a fait du chemin, jusqu’à sortir aujourd’hui son cinquième album porté tout simplement par l’amour de la musique, ce qui donne ce magnifique Tillandsia, du nom d’une plante des marécages. On parle flore locale, mais c’est parce qu’il est justement question de ça. Plonger au cœur de ce qui fait la musique: le local, le racines, aller au plus loin dans le bled paumé du fin fond du bayou et ses recoins. Les origines du blues rock.
Du blues rock et ses richesses, Dirty Deep nous offre un guide du routard de la musique du sud des États-Unis. Un album de heavy blues des plus complets et avec avant tout de l’âme au fil de quatorze titres. Vous rigolez mais quand un album s’ouvre sur un gospel en musique et en rythme sur un claquement de mains ça donne quelque chose qui n’a pas son pareil ailleurs. C’est un peu ça l’esprit Dirty Deep. Pas de frontières : on fait de la musique. Il décidera même de te balader en partant comme un dimanche (particulier) à “l’église”. Heavy, saturé et bluesy.
On notera la qualité sonore de l’enregistrement qui bouscule même l’oreille non avertie, il y a comme un retour dans le passé, c’est chaud et lumineux sur certains titres, doux sur d’autres et ronronnant par moments mais avant tout précis. De quoi offrir une qualité d’écoute avec des nuances perceptibles au casque qui coupe clairement du reste du monde. Un travail d’orfèvre du coté de Jim Jones sur un enregistrement qui s’est opéré sans ajout numérique, tout en analogique. Et le charme agit.
Une invitation au voyage ou chaque titre apporte une touche personnelle et confirme la richesse musicale de Dirty Deep. Entre un old blues du fin fond du bayou sur “Strawberry Lips”, un son plus heavy et blues rock sur un “Wild Animals” enlevé. Alors que la ballade « You’ve Got To Learn » part sur un tout autre registre. Ce n’est pas tout, ils sont aussi capables de nous proposer un petit break musical sur « Hipbreak » qui nous ferait jurer qu’on s’écoute actuellement un bon vieux disque de Blues américain. Et bien non, c’est juste Tillandsia et c’est fait par des Français. Quand je vous parle d’âme et de cœur, c’est exactement ça, tout y est ! Victor et ses comparses savent tout faire, mais le font surtout avec l’amour de la musique.
C’est une balade dans tout ce qui englobe le Blues, Heavy Blues, avec des titres qui vont piocher à droite ou à gauche les références qui raviront les amateurs de musique amplifiée et ténébreuse dans la saturation et sa disto. On prend aussi bien une bonne dose de stoner bien fuzzy sur « Hangin’ on An Oak Tree » ou bien on reste complètement soufflé par “Confessionnal Hole” et son blues accoustique. Un album qui confirme sa richesse et sa justesse dans la variété des influences. On est bluffé par la capacité du groupe à prendre chaque élément avec intelligence et les retranscrire dans des titres qui ne ressemblent pas mais s’accordent avec facilité. Tillandsia, c’est la richesse de toute cette musique du sud des États-Unis, la force et les racines du blues rock. Dirty Deep nous achèvera à travers un feu d’artifice musical et métissé, une explosion de couleurs tout droit venue de la Nouvelle-Orléans à grands renforts de cuivres et qui nous transporte pour de bon sur « By The River ». C’est un aussi appel à la fête dans nos oreilles.
Je pense qu’il ne va pas être utile de vous faire un dessin, le nouvel album est tout simplement un chef d’œuvre dans son genre. L’histoire disait que les bluesmen ont vendu leur âme au diable pour gagner en talent. Ici on a bel et bien les deux. De l’âme et un concentré de talent pour un voyage assez intense car le plaisir est là et partagé, dans l’écoute et le jeu des musiciens qui ont mis le cœur à l’ouvrage et cette âme qu’ils n’ont pas encore offerte au diable….
C’est une déclaration d‘amour à l’histoire de toute cette musique qu’on aime. Maintenant il ne reste plus qu’à prendre notre triste vol de retour à la réalité et peut être se prendre un réel vol pour la Nouvelle-Orléans ? Qui sait ?
Dirty Deep, Tillandsia, Deaf Rock, sortie le 30 novembre 2018
Texte: Anthony
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