RENCONTRE AVEC MONSTER TRUCK

Le lendemain de leur concert en première partie de Black Stone Cherry, Hélène est allé à la rencontre de Monster Truck . C’est au Hard Rock Café qu’elle a retrouvé Steve et Jeremy, respectivement batteur et guitariste du groupe pour échanger au sujet du dernier album et du true rocking. Un groupe sans complexes et toujours aussi énergique.

Comment c’était « yesternight » ?

(rires) JEREMY : C’était bien !

STEVE : Très belle salle !

JEREMY : Je pense que c’était un bon concert, le public était excellent ! J’avais hâte de venir car on a eu pas mal de succès ici et je savais que ça serait un concert où il y aurait plus de fans, surtout en comparaison avec ceux que l’on a pu faire dans des endroits où l’on allait pour la première fois. Bref je me doutais que ce concert serait au dessus et ça l’était ! Je veux dire on a fait un super set, les fans étaient excellents, et tout le merch s’est vendu, ce qui est plutôt rare !!!

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© Aurélia Sendra

True Rockers a été écrit en tournée et comme toujours le design de la pochette en est un parfait reflet, on peut y sentir l’énergie des vos lives.  

Est-ce que le live est une grande partie de l’ADN de Monster Truck ?

JEREMY : oui, c’est le plus gros truc qui aide le groupe et c’est la principale raison pour laquelle on est ici maintenant. Ce qu’on arrive à donner dans nos concerts est super mais c’est quelque chose que l’on n’a pas encore réussi à retranscrire en studio et je pense que c’est un point majeur qui nous manque. Il nous manque comme 5% qui guideraient sur ce chemin et donnerait au groupe ce protocole.

Même sur nos anciens albums, on a essayé d’enregistrer en direct, mais ils ne sonnaient pas live et c’est à cause des arrangements. Même nos EP, pourtant enregistrés en direct n’ont pas ce son, car il n’y a pas le pouvoir et la passion que tu vis durant un concert.

Quand je vois des vidéos Instagram, ou d’autres choses sur téléphone, ça sonne bien et je ne sais pas pourquoi on ne parvient pas à le restituer comme ça.

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Vous avez tourné avec vos compatriotes Nickelback, avez-vous été influencés par eux ?

JEREMY : Pas tellement musicalement.

STEVE : Ils sont tellement loin dans leur carrière ! C’est dur de faire une comparaison. Leur équipe montre à quel point cette machine et ce business sont grands ! Ils ont une équipe de 35 à 40 personnes sur leurs tournées, c’est un tableau tellement différent. Ça donne une idée de comment cela pourrait être si on devient massivement célèbres !

Pour moi, c’est une bonne chose d’avoir pris part à cette expérience, c’était cool de voir comment ça se passe mais je n’y vois pas de grandes similitudes à notre niveau.

JEREMY : Oui, ça donne le sentiment que c’est la fin d’une époque ! Je ne pense pas qu’il y ait d’autres groupes qui soient à ce niveau dans la scène Rock actuelle… comme un aperçu de la fin des « shows de stades » (RinoTours). Il y a toujours des groupes comme Muse ou Nine Inch Nails qui continuent de faire ce genre de gros concerts, mais ça devient de moins en moins fréquent et c’est sympa d’y avoir pris part. Ça nous montre comment les choses étaient avant et ça va peut être continuer avec des groupes comme Royal Blood, Queens of the Stone Age, Foo Fighters qui tournent encore avec des équipes dingues.

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© Aurélia Sendra

Est-ce difficile d’être constamment en tournée ?

STEVE : C’est ma première tournée en tant que papa, c’est compliqué car mon fils me manque beaucoup. Faut qu’on prenne conscience que c’est notre travail et il faut le faire.

Être en tournée veut dire qu’une fois qu’on rentre à la maison, le travail est fait et on peut complètement se consacrer à sa famille.

JEREMY : C’est ce que j’allais dire. J’adore le live, c’est une bonne chose et ça rend les 22 heures restantes supportables !

J’adore ma maison, ma copine, je voudrais être chez moi cuisiner des heures, me poser et faire ce que je veux et la tournée c’est l’opposé de ça, mais ces 2h de show sont tellement intenses… C’est pour faire ça que je suis né donc je fais avec !!! (rires)

A l’écoute de l’album True Rockers, on peut déjà entendre un pur live de Monster Truck avec une touche de modernité. C’est comment si vous étiez au croisement des chemins entre plein de styles mais que le point majeur est le « true rocking », pouvez-vous nous en dire plus ?

JEREMY : J’ai l’impression que l’on a fait l’évolution de deux albums en l’espace d’un. On pense faire un retour aux sources pour le prochain. On a vraiment essayé de pousser l’aspect « modernité » sur certaines chansons, voire même un peu trop pour certaines.

On a appris en très peu de temps toutes les capacités et possibilités qu’a le groupe et ça nous a permis de trouver nos limites.

Ça nous manque, ce qu’on a eu avec Furiosity (2013) et Sittin’ Heavy (2016). True Rockers est l’album grâce auquel on le plus appris et ça nous prépare pour un 4ème album où on sera plus concentrés, on verra (rires)

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© Aurélia Sendra

Quels ont été le rôle et l’influence de Gavin Brown et Maria Davieset (désolée pour la prononciation) sur la production de True Rockers ?

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JEREMY : C’est marrant, Maria est la seul qui aurait pu vous parler français car elle est Québécoise.

Leur influence a peut-être été un peu trop forte. Au moment d’enregistrer l’album on s’est laissés guider alors qu’on avait déjà une idée précise de comment le groupe doit sonner. 

On a toujours été très directifs avec les producteurs avec lesquels on a travaillé car on voulait rester dans l’essence de ce qu’est Monster Truck. Mais quand on a commencé les sessions avec Gavin et Maria on était très impressionnés de leurs parcours et talents individuel. Maria est une parolière extraordinaire et Gavin un docteur de la chanson, un arrangeur hors pair !

Personnellement, je pense qu’on s’est laissés entraîner, à tel point qu’on a arrêté de mettre notre grain de sel alors que c’est l’élément-clé de Monster Truck. Le résultat a donné des trucs extraordinaires qu’on ne pensait jamais pouvoir faire et d’autres choses qu’on n’aurait pas envie de refaire.

C’est une épée à double tranchant car on a appris énormément à propos de nous-même en faisant des choses dont on se croyait pas capables, et en même temps on a fait des choses tellement éloignées de notre zone de confort que ça sonne comme un autre groupe.

“Being Cool is Over” pourrait être une réponse aux éventuelles critiques ?

JEREMY : C’est plus un constat sur le fait de vieillir, où tu arrives à un âge où t’en as rien à faire d’être cool. C’est quelque chose qui nous arrivé à tous au même moment, aux débuts du groupe. 

A la base, ce qu’on voulait faire c’est créer le groupe qu’on aurait aimé écouter et non pas celui qui est populaire, naturellement en faisant ça on est devenus populaires. Et donc c’est le message le plus important de l’album et de la chanson,  à savoir que, quand tu arrêtes de te préoccuper de ce qui est cool, tu le deviens, même si c’est en claquettes et t-shirt Mickey Mouse. C’est un petit tacle envers les Hipsters mais surtout c’est le fait d’être droit et bien à l’aise dans ses bottes.

Pour le morceau éponyme de l’album True Rockers, vous avez fait participer Dee Snider des Twisted Sister. Selon vous, y-a-t’il d’autres artistes qui incarnent cet esprit de vrai rocker ?

JEREMY : Des mecs comme Danko Jones, un autre artiste canadien, c’est un « OG Rocker » (à l’ancienne), ou les Rival Sons qu’on adore.

Aller de l’avant et prendre des risques c’est l’esprit Rock’N’Roll, quelle pourrait être l’étape suivante ?

JEREMY : Un objectif que l’on adorerait atteindre c’est de retranscrire ce fameux son live sur un album.

STEVE : C’est vrai. Le truc que l’on devrait faire, c’est trouver la manière d’enregistrer qui nous convient.

JEREMY : C’est vrai que le facteur X manquant de l’équation c’est qu’on a pas trouvé LA personne avec qui travailler.

STEVE : Oui et en même temps, il faudrait avoir une approche « DIY » (Do It Yourself). On en est tout à fait capables, je trouve qu’on ne se donne pas assez de crédits.  On se sent obligés d’attacher un nom important à notre travail, mais il faut trouver l’équilibre entre ce qu’on a envie de faire comme on en a envie, et demander de l’aide si le besoin se fait sentir.

JEREMY : On a besoin de trouver la personne qui nous donnera la méthode pour capter ce son live dans un album studio.

STEVE : Et ça peut être quelqu’un qui ne l’a jamais fait ou qui n’est pas dans le milieu.

Question plus personnelle, quels artistes vous ont donné le goût du Rock ?

JEREMY : Ceux qui m’ont donné l’impression que je faisais partie du groupe c’est Grand Funk Railroad. C’est la première fois que j’entendais quelque chose que j’avais envie de reproduire.

STEVE : Je pense que comme la plupart des gamins de mon âge ce fut Rage Against the Machine. La première fois que j’ai entendu “Killing in The Name”, j’étais là “Mais qu’est ce que c’est que ça ?!”. Gamin, j’étais très porté sur le hip-hop mais quand j’ai entendu RATM je me suis dit “OUI ! C’est ça” !

Et quels sont vos concerts les plus mémorables, en tant que spectateurs et en tant qu’artistes ?

JEREMY : Un de mes meilleurs souvenirs d’enfance c’est un concert des Beach Boys, c’est en grande partie ce qui m’a donné l’envie de faire de la musique.

Après, ça fait longtemps que je n’ai pas été excité comme ça par un groupe, l’année dernière j’ai découvert un groupe qui s’appelle Elder et leur album Reflections of a Floationg World. C’est devenu obsessionnel, je les écoutais tous les jours.

STEVE : En 2015, j’étais au concert des Grateful Dead, ils sont pas très connus en Europe, mais c’est un énorme groupe aux USA. La famille de ma femme sont des « deads heads » (de gros fans) ! Ils ont fait 3 concerts d’adieu à Chicago, 3 sets différents chaque soir, c’était LE concert le plus inoubliable que j’ai vécu.

Coté scène, l’un des meilleurs concerts que l’on ait fai,t c’était ici à La Maroquinerie, ça fait partie de mon Top 5 !!!

Merci à Monster Truck et Replica Promotion 

Propos recueillis par Hélène Collet

Photos par Aurélia Sendra 

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