Uncle Acid & the Deadbeats @ la Maroquinerie – 9/12/18

Parfois, le dimanche, il ne se passe pas grand chose. Tu es là, dans ton canapé, avec la gueule de bois ou simplement la flemme, enchaînant d’un oeil morne des replays de nanars sur Syfy ou bien la cérémonie Miss France (inspiré de faits réels).

Et puis des fois, il se passe beaucoup trop de choses à la suite. Bien trop pour un dimanche, du moins.

Déjà, j’ai commencé la journée (un peu tard, un peu difficilement) avec ça :

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Le concert “Lumières du Nord” de l’ensemble vocal Largentière. Après tout, c’est l’hiver, bientôt Noël et c’est le genre de chants qui me réchauffe le cœur. Et ça te remet sur les rails pour traverser Paris, te rendre à la Maroquinerie voir Uncle Acid auprès d’un public qui te ressemble davantage, et te secoue les puces, histoire d’aller travailler la nuit qui suit, à 23h, sans sieste préalable.

Je disais bien que la journée avait été remplie…

Le temps d’arriver, L.A. Witch joue depuis quelques instants. Les (mauvais) échos qu’on en avait eu étant finalement infondés, le trio californien nous offre une très agréable surprise. Trois filles donc, menées par une chanteuse/gratteuse qui doit beaucoup aimer PJ Harvey période “je m’habille tout en noir, avec une grosse frange devant les yeux et je déchire ton esprit avec ma musique”, et qui jouent une sorte de garage-punk psychédélique, avec de gros morceaux de reverb dedans.

Première constatation : les trois assurent côté maîtrise des instruments.

Seconde constatation : bien qu’un peu incompréhensible côté paroles, leur musique est extrêmement efficace, et fait onduler la Maroq’ toute entière. Sade, Irita et Ellie (leurs petits noms) donnent l’impression de jouer dans leur garage, lumières éteintes et rideaux tirés. On visualise bien un temps radieux à l’extérieur, peuplé de gens qui font du roller ou du surf à Malibu, et à l’intérieur, trois filles qui transforment leur monde en film noir tâché de mascara qui coule et de poussière.

Un film noir plutôt dansant, dont l’atmosphère perdure tout au long de leur set, voire au delà, et ce malgré les sourires absolument radieux qu’elles se permettent une fois le concert fini, leur dernier sur cette tournée.

A peine le temps de craquer pour une bière malgré la longue file d’attente au bar, que voilà Uncle Acid and the Deadbeats, et par souci d’honnêteté, je vais te faire une confidence : je ne connaissais pas leur musique. Mais par la prompte recommandation-à-effet-boule-de-neige de ma meilleure pote (absente pour cause de vie au Québec), nous nous sommes retrouvés deux, puis trois, puis sept potes à venir les voir. Et autant te dire tout de suite que PERSONNE n’a été déçu.

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Au moins, les autres avaient écouté avant de venir, mais j’ai préféré jouer la confiance et me pointer directement pour découvrir sur scène (j’aime bien faire ça). Sans savoir à quoi m’attendre, j’ai déboulé dans un concert d’une autre époque, où de gros fans de Black Sabbath (trop jeunes pour avoir connu Ozzy en bon état) jouent à moitié dans le noir, et à moitié dans la lumière changeante d’un vidéo projecteur.

Ils jouent ce que j’appellerais du “stoner à gros riffs”, mais je suis nulle en chapelles et sous-genres. Pour la bonne mesure, sache que leur facebook les classe sous “Psycho Rock / Crime Wave” et leur page Wikipedia comme “doom psychédélique”.

Nous voilà bien avancés.

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Quoiqu’il en soit, l’influence anglaise des années 70 se retrouve largement dans les riffs, mais aussi dans le son, le traitement des voix (parfois unique, parfois à deux), le look général des gars (ou ce qu’on en voit), et l’ambiance à mi chemin entre fin de l’époque hippie et émergence du heavy metal.

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Mais peu importe le style qu’on leur attribue, l’effet lui, est immédiat et assez universel. Il ne leur faut pas plus de 10 minutes pour que la Maroquinerie toute entière ne se mette à remuer doucement mais sûrement. La houle se fait plus dense près de la scène, mais dans l’ensemble, le public danse mais mosh peu. De toutes façons, il n’y a pas trop la place, ni le rythme, et les quelques slammeurs ne tiennent pas bien longtemps (en particulier quand le même gars joue au forceur en se hissant plusieurs fois à la suite).

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Et peu importe que l’effet général semble minimaliste. Ce type de musique (quelque soit son nom) invite plutôt au voyage intérieur, aux yeux fermés et au bassin qui se désolidarise des épaules jusque chez les moins souples). Côté scène aussi, les mouvements ne sont pas particulièrement brusques. Le quatuor anglais, planqué derrière ses touffes de cheveux, se concentre sur la musique, car il y a de quoi faire.

Parfois, ils font une pause pour parler un peu au public, la communication est hésitante, mais comme peu importe ce qu’ils disent, chaque phrase est accueillie par des “OUAAAAAAIS” du public, on peut supposer que le résultat est le même. Et quand, après le rappel, ils annoncent les derniers morceaux, l’évidence qui suinte jusque sur les murs moites de la Maroq’, c’est que PERSONNE n’a envie de s’arrêter là. Ils expliquent alors que non seulement le concert touche à sa fin, mais qu’il s’agit aussi de la dernière date de la tournée. Alors ils en profitent pour remercier toute l’équipe, depuis les filles de L.A. Witch jusqu’aux roadies, en passant par les techniciens et le tour manager, et s’embarquent dans un rappel que l’on soupçonne de déborder largement sur l’horaire initial. Un épilogue idéal pour un concert intense, que l’on suppose à l’image de la tournée toute entière.

Alors entre le choeur qui chante l’hiver et le boulot de nuit dans le calme du dimanche soir, j’ai pris note. Ne. Plus. Louper. Uncle Acid. Ils seront au Hellfest 2019 d’ailleurs, et nous aussi. (Bon. Sauf si Manowar joue en même temps. Faut pas déconner non plus)

Jolies photos par Erwan

Texte (et photos annexes) par Sarah

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