DIRTY DEEP @ LA BOULE NOIRE -3/12/18

On ne peut pas dire qu’à Paris il n’y ait pas grand chose à faire étant donné la programmation musicale de ce lundi… Pas moins de quatre concerts auxquels on aurait pu se rendre seulement en ce début de semaine. Un soir à la proposition musicale assez riche et c’est du côté de La Boule Noire qu’on décide de se rendre. Du blues, du rock, du heavy blues avec le trio alsacien Dirty Deep. Un nom que tu dois obligatoirement decouvrir, si ce n’est pas déjà fait.

Avec Craig Brown Band en première partie on est loin de Paris , on se retrouve dans un bar miteux à Gooseville ou autre bled du fin fond des États-Unis, pile poil dans un film des frères Cohen. Un groupe de country dans toute la splendeur de l’americana. Chœurs, moustache, chemise country et public à Stetson et santiags (et ouais, à Paris). Il ne manque plus que le bar chelou et la Winchester planquée sous le comptoir et on y est. De la country pure assez “marrante” tout comme la chemise de Craig Brown. De la joie et de la bonne humeur tout comme le bassiste du groupe qui est aussi enjoué d’être là. En tout cas le public a l’air d’accrocher et le voyage aux États-Unis est réussi pour sa première escale avec un chanteur au second degré efficace et caustique. Un country band à l’esprit punk. 

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Dirty Deep, c’est un coin du Mississippi dans l’Est de la France, le bayou suintant en plein cœur de l’Alsace. Pas de riesling, de carpes, ni de spécialités au chou mais du whiskey, de l’alligator, de l’harmonica et le sens du groove. Rien qu’avec sa musique, Dirty Deep balade les oreilles dans un voyage pour le meilleur du son des États-Unis.  Que le premier qui me dit que le blues c’est chiant et bien il n’avait qu’à se ramener ce soir pour comprendre son erreur de jugement… Le one man band des origines a laissé place à un trio qui va nous faire frétiller les oreilles comme un barbecue cajun à travers une sacré histoire de la musique du sud des États-Unis. Dans un décor de caisses en bois et une intro du fin fond de la cambrousse de la Louisiane, ce soir c’est la fête car on célèbre la sortie de Tillandsia, le dernier album du groupe et chef d’œuvre cri d’amour à la musique par la même occasion.

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Heavy blues, bières, whisky et harmonica au programme. C’est directement et plus particulièrement  le dernier né qui sera joué ce soir. Normal, il est très bon, mais sans renier les précédents bien connus du public de ce soir qui a droit à une nuée de titres tout aussi efficaces. En attendant, l’heure est à la parole divine sur “Sunday Church”. C’est du groove électrique suintant de l’ampli à lampe, le son est bien muddy, emporté par un jeu de batterie plus rock’n’roll qui installe direct une énergie qui ne va pas nous lâcher. Une certaine rondeur dans le son réveille les tympans. Comme dirait un barbu connu, ça débouche les cages à miel. Tu sens que le groupe a déjà rodé les nouveaux titres en live car leur jeu est simple, à la cool et diablement efficace.

Comme si on se retrouvait au bar le vendredi soir et le barbecue qui attend dehors ? Ce soir on traverse tout le sud des États-Unis avec quelques bières pour se rafraichir car oui on aime la bière ! (en réponse à la question de Victor). Un set emmené tambour battant en gardant toujours un petit moment pour déconner et boire une gorgée (de bière). Du neuf avec avec plus de blues sur “Strawberry Lips” ou plus de rock sur “Wild Animal”. Le jeu de guitare de Victor est aussi tout en vibration et subtilités du genre. Jeu au mediator, en slide ou avec les doigts. Sans oublier un harmonica omniprésent pour le plaisir des oreilles. Le blues est l’apanage des très bons musiciens. Amoin qu’il ne soit celui des talents échangés pour leur âme avec le diable à la croisée des chemins. Adam entre basse et contrebasse et Geo ne fait pas non plus dans le simplement bourrin et binaire. Dirty Deep c’est old school tout en variation mais avec un putain de groove.

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Un “Holy Pocket Boogie” ronronne de plaisir et te possède les jambes pour taper du pied sans t’en rendre compte. Quand à “Bottleneck” c’est saturé, cradingue, ça sent bon le fin fond d’un état à moustiques et soleil de plomb. On est partis sans un instant de répit, le groupe ne lâchera pas une seule fois la dynamique et gère le set avec facilité. Ça entraine, ça groove dans tout les sens et même pendant les petits pépins de guitare il y a une musique d’ambiance spécialement prévue pour ! Une ambiance assurée dans le public en grande partie par les proches du groupe, bien présents, venus pour se faire entendre ! Ce qui bougera un peu le tranche parisienne pour suivre le mouvement. On est rock’n’roll chez Dirty Deep, Victor n’hésite pas à aller au centre du public pour donner de l’harmonica dans cette fosse assez touffue pour un lundi. Quelle bonne idée du public de les avoir choisis ce soir ! 

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Les titres s’enchainent et ne se ressemblent pas car la richesse de la musique du groupe se trouve aussi dans les influences musicales qui peuvent être diverses et variées. Rythme enlevé, blues classique seul à la guitare ou bien on appelle la Nouvelle Orléans pour faire danser le public. Il y a de tout, comme ce solo de Victor qui t’envoie illico dans une citation des anciens avec Robert Johnson, Muddy Waters et bien d’autres. La voix, la gestuelle et l’ambiance, la musique est ce soir vivante. Juste avant la fin c’est Adam et Victor dans la fosse pour finir en beauté et Geo au devant de la scène pour enflammer cette Boule Noire de heavy et de blues

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Mais il ne fallait pas se prononcer si vite car c’est en compagnie de Yarol Poupaud que le groupe revient pour un rappel plus smooth avec deux nouveaux titres pour Paris avant de finir dans un dernier voyage ou la musique vous colle à la peau. La bonne ambiance  du show etc cette passion qui transpire (au propre comme au figuré) ira jusqu’au bout avec un final à l’image de Dirty Deep. Tout pour la musique et au centre de la fosse pour un petit a capella sur “Road Dawgs” qui fait l’ouverture de ce riche Tillandsia et la claque de ce concert. De la simplicité et l’amour de la musique. Une soirée qu’on ne regrette pas avec un groupe qui offert à Paris tout le Sud des États-Unis (ou presque) en moins d’une heure et demi avec la chaleur et le soleil en prime. Une ambiance si loin de la grisaille parisienne.

Merci et un petit whisky du coup !

Et procure-toi ce dernier album, je te le conseille vivement !

Texte: Anthony

Photos: César

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