
C’est avec un regard encore dans les souvenirs et la magie d’un Olympia d’il y a quelques mois que je me rendais en direction du Zénith ce soir. Pourquoi je vous parle de la salle du Boulevard des Capucines ? Parce que A Perfect Circle avait envouté l’auditoire en juin dernier et on s’en souvient encore. Une date qui était attendue et qui avait tenue toutes ses promesses. C’est pour les oublié(e)s de juin, entre autres, que le groupe revenait dans une tournée d’automne aux salles de tailles supérieures. Mais est-ce que la bande de Maynard allait réussir le même tour de maître à plus grande échelle ?
C’est dans une salle relativement vide que nous rentrons alors qu’il est presque 20h00. Ce soir, A Perfect Circle est loin du sold out contrairement à l’Olympia, qui était plein à craquer (Mais ce n’est pas la même capacité, on ne l’oublie pas). Peut-être que les déçus du dernier album sont encore plus nombreux qu’on ne le pensait ! La partie haute et les extrémités des gradins sont condamnées avec le jeu d’illusion des rideaux noirs pour paraitre plus intimiste et rassembler le public sur les gradins bas pour éviter les vides. En tout cas, l’assistance commence à s’agrandir très gentiment mais malgré cela c’est un Zenith encore très creux qui accueillera sur les 20h00 la première partie. Quand on y pense bien, on ne pouvait pas faire plus logique que Chelsea Wolfe pour ouvrir un concert d’A Perfect Circle car son univers est aussi personnel que celui du groupe pour qui elle ouvre ce soir. Enigmatique et troublante à travers des concerts qui font à chaque fois l’effet escompté mais dans des salles à taille humaine… Ce soir il en sera autrement. car le Zénith n’est pas la meilleure des salles quand on livre un show personnel et intimiste. Sa froideur, son public disséminé un peu partout ainsi que le manque d’intérêt de la majorité ne sont pas les conditions parfaites si vous voyez où je veux en venir.
La premier partie d’A Perfect Circle est un beau défi pour l’artiste et, quoi qu’il en soit, elle fera en sorte d’essayer de le relever malgré les contraintes… Sa musique plutôt intimiste prendra difficilement à plus grande échelle dans une salle qui sonne encore creuse à cette heure-ci. . Sa dark folk shoegaze nébuleuse ne prendra pas et il sera difficile pour la chanteuse de captiver l’assistance malgré une partie du public (infime) présente pour elle. Ses titres sombres et poétiques ne réussiront pas à réveiller la léthargie ambiante. Sa musique aurait été de ce fait encore plus appréciée à L’Olympia il y a quelques mois, un espace plus à sa taille et de meilleur effet, je vous l’assure.
21h20, les lumières s’éteignent et un message, qui apparait sur tous les supports dans la salle, retentit. Les fans savent déjà de quoi on parle et les autres n’auront plus qu’a ranger le smartphone dans la poche sous peine de se faire exclure de la salle. Maynard ne rigole pas avec ça. Pas de photos et de vidéos, gardons l’illusion du show. Un concert sans écran bleu, c’est tout ce qu’on demande aussi. Comme à L’Olympia, c’est tout en douceur sur les notes de “Eat The Elephant”, de l’album du même nom, et un par un que A Perfect Circle fait son entrée. Le décor prend encore plus d’ampleur quand la salle le permet, la composition d’écrans biseautés et les piédestaux magnifient la scène et se sera pour le plus grand plaisir du public. Ce dernier verra chaque titre prendre vie à travers ces couleurs, animations et ces jeux de lumières amplifiés par la scénographie et quoi qu’il en soit un frontman se nappant toujours dans l’ombre sur son piédestal.
Dans le même esprit que cet été, “Eat The Elephant” sera suivi de “Disillusioned” qui installe très tranquillement le show. Mais le set aura un peu du mal à se mettre en route, pas aidé par le son qui verra une trop grand mise en avant de la voix de Maynard dans le mix, prenant le dessus sur les guitares et la mélodie se trouvant en retrait sur de nombreux titres.
Notre appréhension se confirmera très vite avec un manque de puissance sur « The Follow » qui aura du mal à rebondir avec “Weak And Powerless” habituellement plus lourd alors que là il en est même aisé d’oublier les protections auditive. Mais le regain d’énergie arrivera avec « So Long, and Thanks for The Fish », ce titre à part est une merveille et se place dans mes préférés du groupe et sortira (un peu) le public de sa torpeur. Ce dernier prendra enfin ses responsabilités quand l’enchainement “Rose”, “Thomas” et “The Noose” pointera le bout de son nez, même si la set-list manque un peu de dynamique par moments et le rythme se retrouvera souvent cassé alors que le public parisien a souvent besoin de se faire porter à bout de bras… Peut-être que tout comme sa première partie du jour, la musique APC prend toute son ampleur dans des lieux plus humains et plus effervescents alors que le Zenith a du mal à cacher l’illusion derrière ses grands rideaux noirs. Et même avec « The Noose » il manque ce petit quelque chose.
Malgré cela il est quand même difficile de bouder son plaisir et dire que l’on apprécie pas le show serait quand même abusé. Billy et Matt assurent à eux deux le service occupation de scène et les titres font toujours l’effet escompté ( à plus petite dose). La réorchestration de « 3 libras » fera son petit quelque chose et « The Contrarian » sortira enfin les gradins de sa léthargie. A Perfect Circle n’est pas là pour une mise en ambiance ou chauffer la température, juste pour offrir le voyage dans son univers même s’il parait difficile quand toutes les conditions n’y sont pas. L’ingé son aura encore du boulot à faire car avec un “Hourglass” habituellement plus efficace, ici il se noie dans le Zenith. “The Doomed” rattrapera en enchainant avec efficacité sur un fort “Counting Bodies’ “ plus indus qui aura toute l’attention des fans.
Pour les fans plus hardcore, le contrat se voudra rempli dès qu’ils joueront “Judith” et “The Package”, moments forts de la discographie du groupe qui signalent aussi que la fin est proche, malheureusement. Maynard ne part jamais sans présenter et remercier les musiciens qui l’entourent. Et c’est le délicieux “Delicious” qui aura la tâche d’apporter la touche finale à ce tableau. Blagueur et taquin comme à son habitude, c’est sur ce final que Maynard permettra au public de dégainer le téléphone alors que lui est déjà bien loin en backstage.
En fait, je reste un peu partagé par ce concert. Je suis toujours aussi envouté musicalement même avec les soucis rencontrés au cours du set mais il manquait ce soir ce petit quelque chose qui a empêché d’atteindre l’idéal, naviguant entre le chaud et le froid. Un zénith en demi teinte, peut-être trop grand, malgré l’habitude et l’aura du groupe dans ce genre de salles, mais quoi qu’il en soit il est difficile d’en tenir rigueur car le souvenir de l’Olympia et ces quelques moments portés par la voix de Maynard effacent tout le reste ( ou presque). Même si on ne croit pas trop sa promesse d’un retour rapide, on reprendra bien avec plaisir pour une troisième fois avant que le cercle retourne dans son sommeil prolongé.
Texte: Anthony
Photos: Mario
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