
Les bois fourmillent de milles bruissements. Des branches crochues agrippent votre manteau et des brindilles craquent sous chacun de vos pas. La lumière de la lune éclaire un sentier difficilement praticable. Bientôt elle disparaît derrière l’épais feuillage des arbres. Le sentier s’est effacé sous les fougères et la mousse. Une odeur acide d’humus flotte dans l’air. Soudain, un rugissement bestial vous fige alors qu’une ombre monstrueuse se dessine sur le sol.
L’aubergiste vous avait pourtant prévenu de pas vous aventurer seul dans la forêt…
C’était en 2013, année de mes touts premiers émois Y COMPRIS mes premiers émois de metalhead ! La Machine du Moulin Rouge, cette atmosphère tendue précédent un concert, les bières tièdes qu’on déguste avec un sentiment adolescent d’illégalité et Eux. Depuis ce jour, Finntroll est mon groupe du coeur, celui qui m’a fait aimé le death, le black, le folk et la Scandinavie.
Né en 1997 à Helsinki, le groupe se forge une identité forte dès la sortie de Midnattens Widunder en 1999. L’univers troll réunit des rythmes dansants de hummpa finnoise, un chant et des riffs de guitare très black et un second degrés guignolesque. La recette a fait date et a donné naissance depuis à d’autres groupes troll comme Trollfest en Norvège ou encore Aktarum en Belgique.
La dichotomie du groupe est presque paradoxale sur le papier : il semble impossible – et presque blasphématoire- d’associer ainsi une musique d’une violence inouïe et inspirée de légendes locales et des airs de guimbardes guillerets évoquant la cueillette aux champignons. Et pourtant…
La réunion des deux genres crée une musique bestiale. Au delà du comique, il y a une réelle force primale dans les albums des Finnois qui éveille le sauvage en vous. C’est une musique orgiaque, dans sa signification la plus violente : des réunions d’hommes-bêtes libérés de tout carcan moral au cours desquelles s’écoulent alcool et sang.
En plus de la guimbarde déjà évoquée, le recours à divers instruments permet aux groupes de jouer une large étendue de styles. La puissance des cuivres crée des orchestrations dramatiques et cruelles, car toujours porteuses de ce second degré, cf l’outro de “Forfamnad”. Le recours aux choeurs et au synthé est à l’origine de morceaux à la tonalité plus épique comme “Slagbröder” ou “Midnattens Widunder”.
Autre particularité du groupe, l’intégralité des albums est entièrement en suédois ! Etonnant pour un groupe finnois ? Le suédois est la seconde langue officielle du pays. Légèrement plus guttural que le finlandais, la légende veut qu’elle sonnait plus “troll” ! Une carrière internationale mais une langue parlée par moins d’un 1% de la planète.
Tournant pas mal de festival en festival, les Finnois nous font languir depuis 5 ans : à quand un nouvel album ? En 2017, le groupe déclarait avoir quelque chose sur le feu (1), annonce réitérée sur Facebook le 15 novembre. L’année 2018 marque les 20 ans de leur première demo, Rivfader. Celle qui arrive à grand pas célébrera les 20 ans du premier album. Gageons qu’elle soit porteuse de grandes promesses !
(1) https://distortedsoundmag.com/interview-vreth-routa-finntroll/
Texte : Thomas
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