
Il y avait une erreur qu’on souhaitait corriger depuis très longtemps, celle de ne pas avoir encore eu l’occasion de voir No One Is Innocent en salle et surtout en tête d’affiche. Que d’occasions manquées ces dernières années même si nombreux sont les festivals où nous avons pu les retrouver. Ce soir on corrigeait donc notre erreur en nous rendant à La Cigale pour la fête à domicile du dernier album en date. Il y a quelques mois sortait Frankenstein, un concentré de rock’n’roll et d’électricité.
Les Parisiens font partie des piliers de cette scène française si talentueuse et plus rock’n’roll que jamais. Après Black Bomb A il y a quelques jours, ce soir No One Is Innocent s’apprête à bousculer Paris comme lors du dernier passage en cette même salle il y a 3 ans. Et pour ce faire, ils ne sont pas venus les mains vides, emmenant dans les flight-cases une première partie nantaise, pur produit, qu’on découvre ce soir et qui nous en colle clairement une. Kokomo est adoubé par No One et on comprendra pourquoi en quelques notes… Que je t’explique ! Ils sont juste deux dans un duo gratte/batterie, certes, mais ils vont envoyer un gros groove qui va rapidement mettre tout le monde d’accord et ceci, je me répète, dès les PREMIÈRES NOTES BORDEL !!
Un jeu de batterie, un jeu de guitare et une putain de voix qui réveillent cette salle encore assoupie. Elle ne va rien comprendre à ce qui lui arrive et je la comprends car j’en fait partie. Le duel Warren/K20 s’affronte, se répond et électrise l’assistance avec un rock à la fois hérité des 70’s et modernisé comme il faut dans cette joute musicale. Du riff saturé, une batterie lourde et groovy à souhait. Quand au chant de Warren il laisse planer l’aura de Plant dans l’influence (et non la copie comme un jeune groupe très connu…), on abandonne vite car lui-même est aussi électrique que sa musique, monté sur ressorts il tient difficilement sur place… L’énergie des deux est tout simplement communicative. Warren partant même s’aventurer dans la salle pour un final de feu digne d’une tête d’affiche et c’est mérité. Le groupe envoie exactement ce qu’il faut et, au passage, se met Paris dans la poche. C’est du pur rock’n’roll et ce groupe est bourré de talent. A deux, pour occuper ainsi la scène, la salle, les esprits et surtout les oreilles, il faut avoir du lourd à proposer… Un merci à No One de les avoir invités au passage… On commence sacrément bien ce soir !
Après ça, No One s’est clairement mis la pression car inviter un groupe pareil pour ouvrir faut être sur de soi pour ce qui va suivre. Mais bon, difficile de s’inquiéter quand on s’appelle No One Is Innocent… Et l’attente ne dure pas très longtemps car c’est sur les notes de “La Gloire du Marché” que le groupe en appelle à une guérilla de pit. Et il ne fallait pas le demander deux fois. Ça va être électrique ce soir et avec les deux derniers albums Propagandha et Frankenstein qui seront mis en avant c’est saturation et gros son au programme. Pour sur, « Silencio » et « Kids Are On The Run » vont se charger de pousser les potards à fond et faire péter les tympans. Un Shanka en transe et un Kemar déjà sur ressorts, prêts à faire pleuvoir les coups avec « Ali (King Of The Ring) » issu du dernier album. Un opus qui confirme que la rage est toujours là, plus brûlante que jamais.
No One a toujours été un électron libre dans le paysage du rock’n’roll hexagonal, du côté du son, ses textes, son engagement, qu’on retrouve au plus fort lors du classique « La Nomenklatura » avec son refrain des Bérus hurlé par une Cigale on fire. Ce n’est pas fini, la setlist sera parfaite ce soir et continue sans perdre un seul instant en tension sur « Djihad Propaganda » et l’éternel « La Peau » du premier opus, lui aussi repris en chœur. La Cigale fait son taff et offre le meilleur accueil possible à son groupe. Shanka roi du solo nous offre à plusieurs reprises des extraits de son talent et son maniement du micro de guitare en partant sur l’introduction de « Bullet In The Head » de Rage Against The Machine, groupe essentiel de l’ADN de No One Is Innocent. ll ne fallait pas en demander plus pour que la salle explose dans cet enchaînement de décibels, de gros son et d’invités. Car les fans du groupe reconnaitront bien entendu Yann Coste, venu avec son comparse des Fills Monkey taper de la batterie sur Liar dans cette folie qui leur est propre (et particulièrement allumé ce soir). Et la folie ne lâchera pas la soirée car avec « Drugs » et la traditionnelle invitation à la gent féminine de monter sur scène, c’est plutôt un envahissement général qui s’en suit, difficile pour le groupe de pouvoir respirer. On ne pouvait donc que finir au mieux avec le déjà classique et fort « Charlie » qui verra Monsieur Fred Duquesne (producteur de l’album, entre autres) prendre la guitare et balancer les riffs.
Lors de son dernier passage à la Cigale, le groupe avait invité des membres de Charlie Hebdo sur la scène pour prendre part à ce même titre.
Mais la fin n’est pas arrivée aussi vite qu’on le pensait car No One reviendra pour remplir à 200% ces 90 minutes de show et de rock’n’roll. Ce soir il y a de l’électricité dans l’air et c’est loin d’être statique. C’est l’intro stridente de Frankenstein qui résonne pour ce rappel avec pour seul but, faire encore plus de bruit que jamais. No One Is Innocent en live c’est avant tout de la sueur et du rock. Une énergie dépensée sans compter avec de la générosité qui leur est propre. On comprend pourquoi ils en sont là aujourd’hui car seul le public décide et pour No One ça fait 25 ans que ça dure. C’est avec « Chile » et surtout l’excellent « What The Fuck » qu’ils terminent sur les chapeaux de roues, c’est ce dernier titre qui résume à lui tout seul l’intégralité de la soirée. Un pur moment de live et d’électricité qui se conclura sur un slam général avec le groupe porté par son public.
Ce soir c’était No One Is innocent et ça c’était du Rock’N’Roll !!
Texte: Anthony Tucci
Photos: César Papé
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