High on Fire & Enslaved & Krakow @ la Machine – 16/10/18

Nous sommes en l’an de grâce 2018, à l’entrée de l’automne (même s’il fait encore une chaleur de chien). Notre intrépide duo photo/rédaction s’apprête à vivre sa 3e soirée extrême en quelques jours et la plus attendue des trois d’ailleurs puisque le mot est donné :

ON VA VOIR ENSLAVED ! YOUPI ! JOIE ! JOIE ET DISTORSION !

Mais pour l’instant, l’échange de message se résume à :

“J’arrive mais je suis en retard ! Y’aura peut-être pas de photos du premier groupe !
– Moi aussi je suis à la bourre ! Je vais les louper aussi”

Bon, finalement, on s’en sort bien puisqu’Aurélia arrive à temps pour faire de belles photos, et que je capte malgré tout la dernière chanson du groupe.

Qui me fait pleurer.

Tellement c’était chouette. Et que j’ai raté ça.

Je SAVAIS hein, je le SAVAIS que Krakow ça me plairait, parce qu’il y a un certain passif, des participations à d’autres groupes de ses membres, et qu’un groupe qui reprend Enslaved ne peut pas être mauvais de toutes façons. Mais purée, QU’EST-CE QUE CA ENVOIE ! Du Stoner/Black planant comme tout, du genre qui te fait réfléchir à ta vie, réaliser que c’est de la merde mais qu’on trouve parfois un certain réconfort venu de Norvège, qui glace le cœur et réchauffe les sens.

 

Aurélia ne fait pas toujours des photos en couleur, mais quand ça arrive, Y’A UNE RAISON !

Bref. Le temps de s’en remettre (au bar), et avant que les patrons ne débarquent, c’est l’occasion d’observer un peu le public dans la salle.

Déjà, c’est pas complet, loin de là, ce qui m’emplit encore une fois de tristesse. Une date pareille, c’est pas tous les jours qu’on y a droit. Après, ce serait de la mauvaise foi de ne pas avouer qu’au moins, on était peinards, tout devant, avec assez de place pour faire des aller/retours au bar ou headbanguer sans trop gêner les voisins.

On note aussi la présence de nombreux roadies et des managers des groupes dans la fosse, venus célébrer la dernière date d’une tournée rapide mais intense. Sept pays, douze dates, le tout en 17 jours. Le truc, c’est qu’High on Fire et Enslaved (prévus en tête d’affiche) ont du permuter leurs sets, afin que l’un des Norvégiens puisse sauter dans un avion et rentrer s’occuper de sa famille. Du coup, quand ils entrent sur scène, qu’on soit déjà chaud ou pas, le résultat est le même, on sait qu’on va prendre cher.

 

Enslaved le sait aussi. Et les gars sont bien BIEN en forme. Ils ont pourtant tourné l’essentiel de l’année, écumant les festivals cet été, jouant jusqu’au Japon et en Australie, et qu’ils rembarquent en novembre pour une série de concerts scandinaves. En trouvant le temps de venir jusqu’à Rennes fêter les 20 ans de Garmonbozia. Ca mettrait n’importe qui sur les rotules, non ? N’importe qui mais pas la bande à Grutle Kjellson qui nous offre un set FABULEUX.

Sauf les stroboscopes. J’en ai déjà parlé, mais il faut vraiment arrêter avec ça. Heureusement, ça ne dure pas longtemps et ils ont l’air vraiment intégrés dans le show, donc assez prévisibles pour se cacher les yeux et éviter la crise d’épilepsie. Ca passe pour cette fois, on va dire. Mais sachez que je ne lâcherai pas le combat les enfants.

Ah, le son aurait pu être meilleur aussi. Pour le coup, c’est souvent le cas à la Machine, donc on s’y attend, et on fait avec.

MAIS PURÉE QUEL CONCERT ! Entre les mimiques faciales d’Iver Sandøy, leur batteur tout neuf, et celles d’Ivar Bjørnson, on est plutôt bien lotis côté gauche pour le spectacle.

 

Les Norvégiens sont aussi très en verve, et assurent un gros niveau d’interaction avec le public, ce qui nous change pas mal des groupes vus dans la semaine pour le coup. Et vas-y qu’on fait des blagues, qu’on raconte nos vies, et surtout, qu’on balance des chansons inédites à Paris, voire en France tout court. “Isöders Dronning” (issue de Frost sorti en 1994, quand même !), grosse pépite jouée avec les moyens modernes a un côté plus épuré en live. On se plonge dans son ambiance polaire et parfois contemplative, pour n’en revenir que 8 minutes plus tard, ravi et frissonnant. Et surtout, “Havenless”, titre phare d’Enslaved, emmené par les chœurs guerriers chantés par tous (sauf Arve Isdal, faudrait pas déconner !) et repris par le public, poing levé, dans son plus beau yaourt norvégien. Un grand moment de communion, émouvant à souhait.

 

Pour célébrer la fin de la tournée, le tech guitare distribue des gobelets remplis d’une sorte de faux champagne orange foncé à tout le groupe qui prend le temps de trinquer, porter un toast, finir son verre et son concert sur “Allfaðr Oðinn” et rentrer gérer ses urgences familiales.

En attendant qu’High on Fire prenne possession de la scène, il est temps de se rafraîchir le gosier. Et un ami débarque avec sa bière en disant “j’étais en haut, y’avait personne donc j’ai pas attendu”.

En haut ?

Un bar ? En haut ?

Quelle est cette sorcellerie ?

On le suit, et il nous mène dans ce qui est connu comme “le Bar à Bulles du Moulin”, genre de bar rooftop branché, rempli de jeunes cadres dynamiques (et néanmoins lookés), de mobilier sorti de brocantes et de vrais verres en verre.

Nous voilà perplexes.

Mais pas autant que lorsqu’un vigile nous accuse de bloquer une issue et nous enjoint à aller “sur l’autre terrasse” où nous seront libres et épanouis, place oblige.

Une AUTRE terrasse ?

On suit les indications, et d’un coup, c’est l’HALLU TOTALE.

Alors toi qui te rend à un concert à la Machine, sache que si tu suis les flèches vers les vestiaires, tu arriveras dans un bar. Et qu’au bout de ce bar, il y a ça :

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MOULIN WOUGE !

Tu t’en doutais toi, qu’il y avait une terrasse derrière ce grand truc en carton-pâte que tu voyais déjà tourner à l’époque où la Machine s’appelait la Locomotive ? Ben nous non plus. C’était un peu Noël. Et totalement improbable puisqu’à la foule des gens à la mode venus boire un cocktail et manger un truc avec des superaliments dedans, une petite proportion de métalleux venus du concert du sous-sol dénote totalement. Nous sommes les pouilleux de la République, et nous en sommes fiers.

Mais il est bientôt l’heure de redescendre pour voir High on Fire. C’est une autre bien bonne surprise ; à croire qu’on les collectionne vraiment ce soir.

 

High on Fire, comme dirait mon pote Yamoy, c’est du “thrashou contemplatif”. Clairement, ils ont un batteur un peu énervé, un chanteur/guitariste bondissant et suant tout tatoué et un bassiste qui tente d’exister entre les deux, tout en restant plus calme.

On n’en attendait clairement pas autant, mais même après la tornade Enslaved et le voyage Disneylandien sur la terrasse du Moulin, on trouve un reste d’énergie pour ce concert. Si eux trois, sur scène, en ont autant, on peut bien faire un effort.

 

Quelques slammeurs téméraires plus tard, les cheveux volent de toutes parts dans la fosse de la machine. A l’image de leurs prédécesseurs, leurs morceaux sont plutôt longs (surtout pour du Thrash), et on a le temps de bien entrer dedans et de se laisser porter. Après tous les groupes de Black alignés depuis une semaine, il est temps de se faire botter le cul sans que Satan ne soit de la partie, juste une bande de disciples de Lemmy façon “on vient, on picole, on casse tout et on s’en va”. C’est exactement ce qui se passe ici, pour le plus grand plaisir de chacun. Du moins de ceux qui sont restés, car on ne peut pas nier une légère clarification de l’assistance, une partie du public ayant déserté les lieux après Enslaved. On ne peut pas leur en vouloir, mais c’est dommage quand même.

N’empêche qu’à la fin de leur set (sans rappel non plus), tout le monde est lessivé, mais heureux. Une bien bonne soirée, une bien belle conclusion à notre brochette de concerts Black, et de chouettes surprises. C’était un peu notre anniversaire, sans le gâteau et le magicien gênant, mais tout en ayant sept ans d’âge mental quand même.

Merci à Garmonbozia, décidément, on leur doit beaucoup (à très vite à Rennes les amis !)

Photos : Aurélia (eh ouais, toujours dans les bons plans)

Texte : Sarah (qui va aller dormir maintenant)

Amour pour Enslaved : Tout le monde

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