
Le hold-up du siècle !
On se souvient des réactions qui jaillirent à l’annonce d’un tel spectacle à venir. D’ailleurs, même l’évènement Facebook faisant office de pense-bête à destination de nous autres, internautes, se défendait en ces termes : « Attention, pour une fois, ce n’est pas une blague ! L’Olym-putain de-pia ! ». Il ne fallait pas se tromper, les lettres de néon rouge sur la devanture indiquaient « Utlra Vomit », ah, sacré Manard.
Il est plutôt rare de stationner dans ce très célèbre hall, quelque part dans les escaliers qui dominent l’arrivée aux portes de la salle, et de voir des canards partout. Des canards vivants. L’audience a sorti son plus beau masque d’oiseau aquatique, il y en a tellement que l’on se croirait au Parc Monceau. Pas de doute, en somme, nous sommes au bon endroit.
Il convient à présent de parler de ce qui nous attend, au-delà de ces portes. Mononc’ Serge est un auteur, compositeur, interprète et surtout amuseur québécois. Le voilà tout seul avec sa guitare et son micro (pas si seul, donc), devant un Olympia déjà bien plein pour l’heure (vraiment pas seul). Son numéro s’apparente au mélange satisfaisant d’un showcase résolument métôl et d’un one man show. S’il taxe le public de « petit français » ou nous chante, entre autres, les louanges de sa terre d’origine, il semble s’intégrer aisément au paysage de la soirée. En outre, lorsqu’il invite la foule à entonner un « Il est des nôtres », de circonstance puisqu’il vient de descendre sa bière cul-sec, l’Olympia réagit, s’époumone presque, et malgré des spectateurs très bavards, tout le monde s’amuse de la prestation du francophone.
Bon, la valse des techniciens prend place et ce n’est pas pour dévier notre attention des visuels que dévoile la scénographie qui mettent bien en évidence l’esthétique de « Panzer Surprise ! ». Il est clair que ce soir, tout ce que les curieux auront entendu, tout ce que les fous auront imaginé, tout ce que les fans auront aimé d’Ultra Vomit, nous aurons la possibilité de le voir. De le voir, et pas n’importe comment ! Un rapide coup d’œil de notre environnement immédiat permet de remarquer de drôles d’animaux (oui, en plus des canards). Des caméras (notez le pluriel) et tout un tas d’appareillages au nom barbare qui servent à faire une captation. Souriez ! Et n’utilisez pas vos smartphones, sauf si les musiciens vous le demandent.
Captation oblige, nous n’avons pas de photo du concert, mais il y a un beau poster !
Dites-voir, seraient-ils pas un peu familiers ces quatre roadies avec des pulls de roadie estampillés « roadie » dans le dos et des grosses lunettes de soleil de roadie (pardon ?) qui nous font un petit line check de quelques mesures ? Duperie, ou hallucination ?
Tu l’entends vibrer cette célèbre envolée épique du thème de Fort Boyard qui accompagne l’entrée (la vraie) des musiciens d’Ultra Vomit ? Est-ce qu’elle te donne envie de pousser des cris ? Entre ceux qui se marrent déjà et ceux qui lèvent dans les airs leurs doigts metal, nous avons là du réactif. Ce qui est génial, avec cette scénographie, c’est que le petit rond vide au milieu de l’arrière de la scène t’aide à savoir où en est le spectacle. Mais oui ! Les titres s’affichent, et ça rappelle l’écoute du dernier album sur YouTube. Personne n’est perdu. Tout le monde est au courant de ce qui est en train de se passer sur scène. On se croirait dans une revue ou un spectacle mondain, sauf que pas du tout.
Ah, non mais rien que d’entendre Fetus convoquer la horde par un gros « L’Oooooooolympiaaaa » (on essaie de l’écrire aussi bien qu’il le dit) ça (vous l’aurez compris, l’enjeu principal de cet article réside dans la difficulté de raconter par écrit ce qui est arrivé on pourrait vous en faire un sketch à l’oral non ?) rend tout chose. Et ouais, c’est beau, de l’ambiance il y en a, de la musique il y en a, et la corrélation entre Ultra Vomit et les fameuses petites ampoules colorées qui décorent le balcon est bien réelle. Le public d’Ultra Vomit ce soir endosse de grandes responsabilités : non seulement il lui faut deviner la chanson suivante plus vite que son ombre, grâce à quelques mini-indices lancés par le chanteur, mais aussi, il faut crier fort. On se demande presque si les caméras HD n’auront pas autant de mal à traduire le volume sonore que ton portable quand tu veux montrer une vidéo du Hellfest à tes potes. Juste après “Darry Cowl Chamber”, pim pam poum “Les Bonnes Manières” et ouah direct “Un Chien Géant” (coucou Niko, big up à Tagada Jones !), du calme, la salle de spectacle est encore en train d’essayer de comprendre ce qu’il se passe. Pas autant que le prof de maths qui, debout au centre du balcon, vient de se faire lyncher juste avant “Mountains of Maths”. Par contre, les gars sur scène nous répètent qu’ils n’en reviennent pas, mais on pourrait leur confier l’ouverture d’un Super Bowl, on soutient qu’ils auraient tout autant l’air à la maison, tranquilles. D’ailleurs, pour nous proposer un spectacle encore plus impressionnant que ça, les gars font appel à une ribambelle d’invités. Déjà, on salue l’insolite Patrick Baud qui est venu nous présenter une spécialité japonaise, le ‘Takoyaki” (si, si), feat. les deux chanteuses du groupe Kokusyoku Sumire, présentes sur la version studio du titre, ce soir sur scène avec le groupe (avec des petites pieuvres sur la tête). Notre ami Serge de tout à l’heure vient planter le contexte de “Super Sexe” (c’est un endroit, pour ceux qui ne connaissent pas, pas une partie anatomique que l’on vante ici).
En gros, entre les barres de rire que provoquent les titres cultissimes du groupe et l’intégration des séquences parodiques telles que “Calojira” (qui passe crème, on ne cesse de le répéter) issues de Panzer Surprise, le quatuor semble évoluer sur un petit nuage d’allégresse tout en imposant une dynamique dynamitée. Et pour preuve, c’est au moment de jouer “Une souris verte” que nous accueillons un autre invité de marque. Gru, qui tenait auparavant la basse dans Ultra Vomit, débarque avec une guitare. Cette formation hybride sur scène va se complexifier, attendez, car Flockos remplace Manard à la batterie qui vient prendre la place de chanteur pour une cover très touffue de “Poker Face” (Lady Gaga, t’as vu). On adore. Ce n’est pas fini, à la basse, sorti tout droit des coulisses, surgit Pierre Jacou, et c’est autour de Mathieu de prendre le micro en main pour nous livrer un “Pink Pantera” qui nous fera mal aux cordes vocales jusqu’à la semaine prochaine, nous autres, pourtant habitués à lâcher des cris métôl. On s’amuse encore énormément au moment de revivre une séquence qui va rappeler le Hellfest à certains. Vous le remettez, ce superbe wall of chiasse de 2017 ? L’Olympia est prêt à voir ses murs tapissés eux-aussi. En effet, les gars ne demandent pas à la foule de choisir son camp, cette fois-ci. On se sépare simplement en deux groupes presque homogènes, et on remarque que très très peu de gens rasent les murs pour rester loin de tout ça.
L’intégralité des invités sont rappelés sur scène au moment de proclamer qu’on collectionne tous les canards (vivants). C’est beau, de voir tout un public réuni pour célébrer une passion aussi inédite que pittoresque. Il pourrait presque s’agir d’un beau final, mais Ultra Vomit ne pouvait pas nous laisser partir sans “Kammthaar”, qui défoule les fans de Rammstein présents et les autres. On se croirait dans le clip ; mêmes éclairages, même camion projeté sur le fond de scène. Ils en ont même fait un t-shirt, que demande le peuple ? Tout à la fin, le groupe nous suggère l’image subliminale de la boisson, en nous parlant de “l’Evier Metal”, qui est là pour nous et pour étancher notre soif. Ça tombe bien, d’ailleurs, un after a été prévu en présence du groupe, juste après le concert. Que celles et ceux qui y sont allés se manifestent, et partagent leur expérience. Cet article, en revanche, ne dépassera pas le cadre du gala de rock’n’roll auquel nous venons d’assister et rappelons-le, vous pourrez bientôt le voir sur votre propre écran, et en juger par-vous-mêmes.
Concert plutôt bien vécu et raconté par Anne-Sophie.
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