EMMA RUTH RUNDLE – ON DARK HORSES

Depuis quelques années, le metal s’est mis au diapason de la folk (à condition que ce dernière soit bien dark), comme en témoigne le succès sans précédent que connaissent des formations actuelles comme King Dude, Chelsea Wolfe ou Marissa Nadler. Outre le fait d’être originaires des Etats Unis, ces dernières ont toutes pour point commun d’allier la férocité du sludge avec la mélancolie de la folk et la beauté aérienne de l’ambient. Originaire de Los Angeles mais vivant à Louisville dans le Kentucky, Emma Ruth Rundle ne fait pas exception à la règle. Agée de 34 ans, la chanteuse (qui est aussi membre des groupes Red Sparowes et Marriages) a sorti cette année un nouvel opus, On dark horses, à côté duquel un média comme The Unchained ne pouvait passer.

A l’instar de Chelsea Wolfe (qui vit à L.A.), Emma Ruth Rundle est elle aussi signée sur le label Sargent House. Le parallèle entre ces deux artistes ne s’arrête pas là puisqu’elles appartiennent toutes les deux à la même scène folk métal californienne. De surcroît, leurs musiques sont traversées par la même tristesse et habitées par la même beauté inquiétante. En revanche, si Chelsea Wolfe place la barre très haut en matière de noirceur musicale, celle d’Emma Ruth Rundle est plus aérée et moins lugubre, ce qui n’enlève rien à son intensité. La pochette du disque (laquelle montre la chanteuse empoignant une peluche de cheval dans une pose énigmatique) affiche la couleur (forcément noire) de l’album.

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Le disque s’ouvre sur « Fever dreams », un morceau d’une beauté ensorcelante et ténébreuse qui rappelle inévitablement les compos de sa compatriote Chelsea Wolfe. Cependant, soyons bien clairs : Emma Ruth Rundle ne propose pas un copié-collé de cette dernière et n’en possède pas moins sa personnalité propre. D’ailleurs, comment ne pas être captivé par le charme hypnotique de morceaux tels que «Control », « Races », « Apathy on the indiana border » ou encore « Dead set eyes » ? Atmosphériques, les morceaux de l’album sont traversés par une rage contenue qui n’explose que par intermittence. Par conséquent, On dark horses est enveloppé dans une atmosphère lugubre qui penche vers le côté sombre. A ce propos, on imagine sans peine la chanteuse composer une bande originale pour le réalisateur David Lynch !

Le titre éponyme (ou presque) du disque, « Dark horses », est un des meilleurs de l’album. Au même titre que la chanson « Light song » qui a fait l’objet d’un clip et qui est certainement à classer parmi les meilleures compos du disque. Faisant écho à la voix diaphane d’Emma Ruth Rundle, on peut y entendre ici ou là le chant, forcément plus grave, d’Evan Patterson. Un musicien de post-rock qui joue de la guitare sur l’album. Enfin, le morceau qui clôt le disque, « You don’t have to cry », incorpore des éléments de la country music qui évoque un Johnny Cash qui aurait vendu son âme au post-rock. Seule ombre à ce (sombre)  tableau : Les titres de l’album manquent un peu de variété et le son d’Emma Ruth Rundle a ce petit côté monotone propre à rebuter une partie des auditeurs. Mais n’oublions pas que c’est la loi du genre pour ce style de musique et que la chanteuse n’en est qu’au début de sa carrière. Sans doute se cherche-t-elle encore ? En tout cas, une chose est sûre : Les adeptes de folk apocalyptique apprécieront !

Emma Ruth RundleOn dark horses (sorti le 14 septembre 2018 sur le label Sargent House)

Pour écouter : https://emmaruthrundle.bandcamp.com/album/on-dark-horses

Texte : Mathieu

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