
Cela faisait bien quelques mois que je n’avais participé à une soirée doom / stoner sur Paname. Il n’est jamais trop tard pour se rattraper, n’est-ce pas ? Le concert des ukrainiens de Stoned Jesus fut pour moi l’occasion de replonger dans le bain d’un rock lourd, gras et planant à la fois. Sans mauvais jeu de mots d’ailleurs car ce soir-là, la soirée a lieu au Petit Bain, la péniche du 13ème qui mérite de plus en plus le qualificatif de « bateau de l’enfer ». L’enfer musical, bien entendu.
Trêve de bavardages, s’il vous plaît ! La soirée débute avec des nouveaux venus de la scène stoner londonienne : Elephant Tree. En effet, le groupe, fondé en 2014, n’a que quatre ans d’existence derrière lui. Malgré sa courte carrière, le groupe a néanmoins deux albums à son actif. Venu défendre sa dernière galette (Elephant Tree, sorti en 2016), le quatuor a du plomb dans ses riffs. Même s’ils peinent dans les premières minutes à captiver le public (encore clairsemé vu l’heure), les Britons nous offrent par la suite un intense moment de défoulement. Au milieu de leur set, ils invitent l’un des membres de Mothership à venir les rejoindre, ce qui donne un sérieux coup de fouet à leur prestation. Si le doom / stoner des anglais ne révolutionne pas le genre, il n’en possède pas moins les qualités nécessaires pour divertir son public comme il se doit !
Dans la foulée, les Anglais tirent leur révérence, laissant place à une valeur sûre du genre : Mothership. Ce n’est sans doute pas le fruit du hasard mais le groupe porte le même nom qu’une compilation de Led Zeppelin datant de 2007. D’ailleurs, le stoner teinté de heavy rock et de proto-punk des Texans porte l’héritage des Led Zep dans son ADN. Rien de planant là-dedans, mais des riffs bien lourds et incisifs à souhait, le tout saupoudré de solos dans la plus pure tradition rock’n’roll. Datant de 2010, le groupe puise néanmoins son inspiration dans le « space rock » des années 60-70.
Clin d’œil à l’esthétisme de la SF des années 70, l’artwork du dernier album High Strangeness (sorti en 2017) affiche la couleur, rappelant à fois les dessins de Frazetta, les pochettes d’Hawkwind ou l’univers de la bande dessinée Barbarella. Même si leur popularité reste encore limitée, les Ricains nous ont offert un show digne des grands noms du stoner rock ce soir-là ! Rien de très original dans leur musique mais beaucoup beaucoup d’efficacité chez les Texans. Si ces derniers n’ont pas inventé la poudre, ils savent néanmoins parfaitement manier la dynamite !
Changement d’ambiance avec la troisième (et dernière) formation de la soirée. Il revenait aux Ukrainiens de Stoned Jesus la lourde tâche de conclure, ce qui n’était certes pas une entreprise facile tant Mothership avait placé la barre haut quelques minutes auparavant. Mais il faut avouer qu’ils s’en sont bien sortis tout de même. Si l’Ukraine est plus connue pour produire des groupes de true black metal bourrins et très limite politiquement parlant (citons Nokturnal Mortum à titre d’exemple), il faut savoir que cette ex-république de l’URSS possède aussi une scène stoner de grande qualité. Groupe fondé en 2009 ayant déjà six LP’s à son actif, Stoned Jesus est la preuve vivante que l’Europe de l’Est n’est pas en reste sur ce genre de musique et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir vécu une partie de sa vie dans une caravane au milieu du désert californien pour intérioriser les codes du stoner rock !
Sans surprise, les influences de ce trio lorgnent du côté de Black Sabbath, Sleep ou Electric Wizard comme peut le laisser présager leur nom évoquant allégrement les clichés du rock lourd. Plus planants que les sudistes de Mothership, les musiciens slaves donnent ce soir un concert moins rentre-dedans mais plus réfléchi que ces derniers. De même, leurs riffs sont plus lourds et leurs compositions plus planantes, ce qui donne à leur son une coloration plus psychédélique, rendant leur musique plus introspective.
Le moment est donc venu pour moi de tirer un bilan de la soirée. Outre la qualité générale de l’affiche, le concert était teinté d’une ambiance seventies des plus épiques, la palme revenant à Mothership qui a littéralement enflammé notre péniche préférée !
Merci à Garmonbozia
Set list Stoned Jesus :
1 – Distant light
2 – Excited
3 – Feel
4 – Hands resist him
5 – Here comes the robots
6 – Thessalia
7 – In the mountain
8- Apathy
Encore
9 – Black woods
Encore (2)
10 – Water me
Texte : Mathieu
Photos : Aurélia
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