
Aujourd’hui, c’est un dimanche off comme les autres. On n’a pas trop envie de bouger son cul car glander chez soi, c’est quand même top…. Mais quand on a Helmet qui réitère une tournée suite à la dernière avortée, eh bien, on sort et on se bouge le cul jusqu’au Petit Bain (une salle qu’on apprécie assez, ceci dit au passage) ! Tout est fait pour passer une bonne fin de semaine, alors qu’est ce qu’on attend ?!
Surtout que pour les américains, c’est en majorité un public de trentenaires qui fera le déplacement. Bah, la corde de la nostalgie est à plein et on retrouve son adolescence le temps d’un soir. Car l’âge d’or du groupe, c’est clairement les années 90 (Meantime, 1992, album de référence), et bien qu’Hamilton soit le seul membre fondateur encore présent, ce serait une hérésie de ne pas être présent ce soir… pour notre premier concert du groupe originaire de New York.
C’est A Shape qui assure la première partie ce soir avec un public encore clairsemé, prolongeant l’apéro sur le rooftop du Petit Bain. Quelque chose de détonnant et qui, comme Helmet à son époque, cache bien son jeu car l’habit ne fait pas le moine. Un combo à chanteuse qui, au premier abord, semble être là pour vous proposer un set plus blues lounge. Rien de tout ça ! Cette formation hexagonale ferraille un bon noise rock lui aussi sans angles droits. C’est abrupt, ça s’emballe par moments, torture les cordes sur d’autres et s’égosille sur tout. Un chant emmené par Sasha qui donne un certain parfum à ce noise à la française qui ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Un bon set généreux avec un début un peu timide mais qui lâchera les chiens assez vite.
Quand arrive Helmet, eh bien la température monte d’un cran, d’une parce que la fosse va rapidement se remplir et de deux, c’est clairement plein la gueule qu’ils vont nous en mettre ! Qui se rappelle de ces gars au look propre par rapport à d’autres dans les années 90 ? C’est surtout de leurs titres qu’on se rappelle : “Unsung”, “In The Meantime”, “Milquetoast”, ce dernier datant de 94. Le grunge au plus haut et on balance cette claque pas à côté ! Aujourd’hui encore, ces titres ont gardé la même fraicheur. Helmet c’est juste inqualifiable, tantôt hardcore dans la rythmique et la basse, tantôt metal, et toujours moderne quoi qu’il en soit. La dernière tournée ayant été annulée, l’attente du public est à la hauteur du groupe, et je pense que la bande d’Hamilton ne risque pas de faire dans la figuration !
Et la claque qu’on se prend est bel et bien là : une entrée en matière toute en simplicité et massive sur “Milquetoast”. Efficace, puissant, le titre n’a pas pris une ride même si Page, lui a inévitablement pris quelques années. Mais quoi qu‘il en soit, on s’en fout, car on est restés bloqués aux années 90 ce soir et on n’en bougera pas. Malgré une voix masquée par la densité sonore, c’est furieusement qu’Helmet ouvre son set. Page Hamilton navigue entre ses guitares et balance ce riff qui sait se faire si mélodique et si lourd à la fois. Ce soir, il n’y a rien à défendre. Du coup, la setlist essaiera de faire la part belle à un peu de tout mais on sait clairement, tout comme le groupe, que le public est là pour ses classiques toujours aussi détonnants. On n’est pas là pour faire les choses à moitié et c’est rapidement que la fosse se réveillera sous les coups de massue du groupe. On se prend un peu de tout et on reste fascinés par la facilité avec laquelle le groupe mélange les genres et navigue dans la mélodie, entre riffs agressifs et rythmique lourde, pour donner ce qu’on connait. “Life Or Death”, “Red Scare” ou encore “Drunk In The Afternoon” (Dead To The World, 2016) sont des plus récentes et réussissent à se faufiler dans la setlist avec son lot d’agressivité. Je reconnais aussi que le duo guitare rythmique et basse concocté par Dan Beeman et Dave Case depuis 2008 marche carrément.
Le temps de présenter ses musiciens au bout d’un “I ♥ My Guru”, après presque plus d’une demi-heure de jeu, c’est déjà le rappel. On ne voit pas le temps passer et je pense que le groupe non plus, ayant efficacement fait défiler la setlist. Mais ce n’est pas encore fini et on a toujours de quoi satisfaire les plus hardcore sur la suite. “Birth Defect” et “Broadcast Emotion”. La déferlante sur le pit sera maintenue grâce à la rapidité du groupe ou une setlist trop courte. Et on enchaîne avec “Wilma’s Rainbow” bien sûr, mais la suite, c’est sur une totale improvisation ou presque que le groupe continuera en prolongeant le plaisir. Certains seraient partis mais Helmet prend son pied et du coup, donne entière satisfaction à son public, finissant en roue libre, rentre dedans avec “In The Meantime”, attendu depuis le début par tous.
A l’aise et bien à Paris, Helmet décidera de ne plus quitter la scène et resservira une dernière rasade tandis que le public rincé n’hésitera pas à remettre le couvert.
Ce n’est pas tout les ans qu’ils passent, du coup ne ratez pas la prochaine ! Une claque au delà du mur du son, avec des titres préservés des années qui passent, pour un groupe à l’éternelle jeunesse et une créativité qui n’a pas trouvé son successeur. Ce n’est plus ce que c’était, heureusement que les anciens sont encore là…
Un dimanche comme les autres, disais-je en préambule.
Merci à Cartel Concerts, Le Petit Bain
Photos: Aurelia Sendra
Texte : Anthony
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