Rencontre avec SUBROSA

Le Hellfest, la grand-messe annuelle des métalleux de France, vient de démarrer. J’ai rendez-vous à l’espace VIP / Presse avec Rebecca Vernon, la guitariste-chanteuse du groupe ainsi qu’avec le batteur Andy Patterson. Ces deux musiciens parlent au nom de leur groupe, Subrosa, qui évolue dans le style doom/sludge avec une touche néo-classique. Ils sont originaires de Salt Lake City dans l’Utah, un Etat du grand ouest américain qui abrite une communauté religieuse des plus rigoristes : Les Mormons.

index

Bonjour Subrosa ! Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’histoire du groupe ?

Rebecca : Nous jouons ensemble depuis 10 ans. Nous avons eu beaucoup de changements de line-up mais cela fait trois ans que la composition du groupe n’a pas changé. J’aime beaucoup la formation actuelle parce que je pense que les liens qui nous unissent sont très forts. Nous avons sorti cinq albums depuis nos débuts.

Quelle signification donnez-vous au nom Subrosa ?

: Sub rosa signifie “sous la rose” en latin. Ce qui nous a plu dans ce nom, c’est qu’il renvoie à tout ce qui est caché, secret, souterrain ou abyssal. Cela renvoie également au son du groupe, du fait de l’accordage très bas des guitares. Il n’y a pas vraiment de sens ésotérique dans tout ça. Cependant, le terme de subrosa apparaît souvent dans le « Da Vinci Code » et il me semble aussi que cela est lié avec le rosicrucianisme.

Quelles sont vos influences ?

R : Le groupe qui m’a le plus inspiré est Red Bennies qui viennent de l’Utah. Je les ai vus pour la première fois en 1985. Je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi énervé, puissant et fort de ma vie. Ils étaient un groupe en avance sur son temps. D’autres groupes m’ont inspiré aussi : Sleep, Blue Cheer, Black Sabbath…

Comment définiriez-vous votre musique ?

R : On nous présente comme un groupe de doom, mais je dirais plutôt que l’on joue du sludge metal. Mais notre label n’aime pas qu’on se définisse comme un groupe de sludge parce que ce terme leur paraît trop sophistiqué ou quelque chose comme ça.

Andy : Je pense que le sludge a une connotation négative, sale, avec une attitude à la « Je hais Dieu ». Or nous ne correspondons pas du tout à ça. Nous essayons d’embrasser ce style par nos riffs lents et un son sludgy mais techniquement, nous ne sommes pas un groupe de sludge car nous sommes trop « polis » pour ça !

SUBROSA_photoby_Angela-Brown

Votre dernier album For this we fought the battle of ages (Profound Lore records, 2016) est inspiré d’une nouvelle dystopique de l’auteur russe Ievgueni Zamiatine, Nous autres. Que pouvez-vous me dire à ce propos ?

: Quand j’ai lu ce roman pour la première fois, cela a eu un grand impact sur ma vie et ma façon de penser. Quand j’ai découvert le livre, je me suis dit : « Nous devons écrire un album à partir de ce roman ». La liberté de penser est au centre du livre.

A : Nous autres a inspiré d’autres romans comme 1984 de George Orwell et Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley.

Vous intégrez des violons électriques dans vos morceaux. Pour quelle raison ?

R : En fait, lorsque j’ai fondé le groupe, la violoniste Sarah (Pendleton) était mon amie et elle voulait intégrer le groupe. Je lui ai alors expliqué que nous étions le groupe le plus heavy et le plus puissant de Salt Lake City et elle m’a répondu : « Okay ». Au final, c’était un accident plutôt bienvenu.

J’ai lu sur Internet qu’une partie du groupe était issue de familles mormones et était dans la foi chrétienne. Cependant, vous avec condamné les positions de l’Église mormone vis-à-vis des gays. Que pouvez-vous me dire à ce propos ?

R : Ce n’est pas le seul sujet sur lequel je suis en désaccord avec les mormons mais j’ai décidé de condamner publiquement l’homophobie de cette communauté car je sentais que j’en avais l’obligation morale notamment en raison des suicides de personnes homosexuelles. Il est important d’exprimer ses points de vue même si l’on n’est pas compris.

Vous considérez-vous comme un groupe de metal chrétien ?

: Non pas du tout, les paroles ne sont pas chrétiennes, elles traitent juste de la vie en général. C’est étrange, car je suis mormon mais je ne suis pas intéressée par les groupes qui font de l’idéologie. Je n’ai rien contre les groupes chrétiens. Par exemple, j’apprécie un groupe chrétien comme Wovenhand ainsi qu’une poignée d’autres. Les gens font ce qu’ils veulent mais personnellement, je n’ai pas envie de faire ça.

 

 

Propos recueillis par : Mathieu
Photos : Subrosa

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire