
Je suis récemment tombée sur Brood of Hatred en malmenant l’algorithme de similarité Youtube, en cliquant rageusement d’une vidéo à l’autre pour trouver quelque chose de nouveau, d’audible et si possible d’intéressant. Mes pourparlers avec le bougre d’algorithme ne sont pas toujours aussi fructueux je me dois de vous l’avouer. Cependant, les dieux des Internets semblent finalement me sourire à pleine dents.
Brood of Hatred est un one man band, comme on les appelle dans le jargon. Une espèce de maso-prodige qui fait à lui tout seul ce qu’un groupe entier fait habituellement. Brood of Hatred est donc le fait d’un seul musicien, le tunisien Muhammed Mêlki, qui a accouché de son projet death metal progressif en 2010. Croyez-le ou non, Monsieur talonne de très près les nordiques, maîtres incontestables du genre, qu’on ne se fatigu même plus à remettre en question. N’en déplaise à certains, venir de Stockholm n’est pas une condition sine qua non pour faire du death. Et du bon.
C’est sur Identity Disorder que je me pencherai, deuxième album de Brood of Hatred. Sorti officiellement le 4 mai de l’an de grâce 2018 chez Crime Records, Identity Disorder est un régal pour les amateurs de technique.
Dès le premier titre, des riffs de guitare fins et travaillés comme de la dentelle de Calais qui se superposent l’air de rien sur un blast parfaitement exécuté, le tout porté par une technique vocale irréprochable et suffisamment volatile pour ne pas être ennuyeuse, sans pour autant se détacher des codes relativement péremptoires du répertoire death metal. Voilà, pour ceux qui pensait que c’était compliqué, il n’en faut pas plus pour satisfaire une femme. Bien. Merci.
Dans chacun des titres, le progressif comme le death sont traités à part égale, on ne néglige jamais l’un au profit de l’autre. Il en résulte des mélodies très soignées, des ambiances lourdes, très puissantes. Même pour les compositions les plus longues, la lassitude ne nous gagne pas une seule seconde (Bipolar totalise par exemple 13 minutes de la savante cuisine de Muhammed Mêlki et figure parmi mes titres favoris – si ce n’est mon favori – de l’album).
Brood of Hatred n’est pas une révolution, dans le sens où chaque règle des deux genres musicaux à l’œuvre sont respectées à la lettre, pas d’innovation ou d’originalité incroyable donc, mais la technique imparable et le soin évident porté à la composition ne vous laissera pas insensible. Une raison pour laquelle je ne peux que vous recommander ce très bon opus, en attendant les prochains albums studio de Brood of Hatred, en espérant une percée plus résolument créative d’ici quelques années.
Texte : Claire
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