Interview de Manuel Gagneux (Zeal and Ardor)

À peine un an après avoir rencontré une première fois Manuel Gagneux (le frontman du groupe de gospel black metal Zeal & Ardor), je remets ça en 2018 au Black Dog pour parler du deuxième album, Stranger Fruit (MKVA Music). L’entretien porte exclusivement sur le nouveau disque du groupe.

The Unchained : Bonjour Manuel, peux-tu m’éclairer sur le titre de l’album, Stranger fruit ?

Manuel : Cela fait référence à la chanson “Strange fruit” de la célèbre chanteuse de jazz Billie Holliday. Le “fruit étrange” désignait en fait les cadavres des noirs pendus aux arbres par le Ku Klux Klan. À la base, ça parle des personnes abattues par la police, ce genre de choses. Mais il y a bien sûr un sens caché que l’on peut découvrir en achetant l’album (rires) !

TU : À mon sens, le deuxième album est plus brutal que le premier. Y a-t-il une raison à cela ?

M : C’est dans l’évolution logique du groupe. On voulait un nouveau son. On voulait aussi une meilleure production. Le mix a été réalisé par Kurt Ballou (producteur de musique et guitariste de Converge). On savait déjà en faisant appel à lui que le son serait bien heavy et agressif. C’est donc de sa faute si l’album est plus brutal (rires) !

TU : Le premier album était basé sur un concept tournant autour de l’esclavage et du satanisme. En est-il de même pour le deuxième ?

M : Ce concept est toujours présent, mais le deuxième album aborde davantage le thème du nouveau départ, à savoir laisser les mauvaises choses derrière, les brûler et repartir de plus belle sur une nouvelle voie. Mais le lien avec l’esclavage est aussi présent.

TU : À quoi font référence les deux titres “Solve” et “Coagula” ?

M : Cela a un lien avec l’alchimie. “Solve Et Coagula” signifie “Dissous Et Coagule”. Dans le satanisme moderne, l’image du Baphomet est omniprésente. Il a ces deux termes inscrits sur chaque bras. Sur l’album, il y a les deux aspects : le côté doux (dissolution) et le côté dur (coagulation).

TU : Avez-vous aimé votre collaboration avec les producteurs Kurt Ballou (Converge, Kvelertak, Nails) et Zebo Adam sur l’enregistrement de cet album ?

M : Le manager de Zebo Adam a appelé le mien et lui a dit : « Zebo veut absolument travailler avec vous ! ». Alors, on s’est rencontré à Berlin et on a discuté de musique pendant 24 heures. C’est un bon gars. Il est arrivé avec un tee-shirt de Russian Circles. C’est un gros fan de metal. On a discuté de la manière dont devait sonner la batterie sur l’album. Je lui ai alors cité le nom de Kvelertak. Il m’a répondu : « C’est tout à fait ce à quoi je pensais : pas trop métal mais très brut ». On a alors contacté Kurt Ballou par mail et il a dit : « Okay les gars ! ».

TU : Quels sont vos projets dans un avenir proche ?

M : Pour le moment, on va tourner pas mal. Toutes les dates sont déjà bookées pour l’année. Mais je compte aussi écrire de nouveaux morceaux. Cela dépend des évènements futurs, mais on va peut être sortir un nouvel album bientôt. On a aussi pour projet d’enregistrer un album live parce qu’à l’exception de la batterie, j’ai composé et joué moi-même la totalité de l’album. Par conséquent, les musiciens de mon groupe ne touchent rien sur les ventes. En enregistrant un live, cela leur permettrait de gagner un peu d’argent. J’aime beaucoup ces gars et ils méritent de se faire un peu de fric.

TU : Quel sera le line-up sur la tournée ? Sera-t-il le même que lors de la dernière tournée ?

M : Oui, ce seront les mêmes musiciens. Je les apprécie beaucoup. Ils apprennent vite. Ce sont également des amis. Quand tu es en tournée pendant un an, il vaut mieux s’entendre avec ses musiciens. C’est très important.