
Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Luka Van de Poel, le batteur du groupe hollandais de rock psychédélique DeWolff. L’entretien se passe dans un hôtel plutôt chic du 9e arrondissement de Paris. Le groupe existe depuis 2006/2007 et a sorti cette année un nouvel album du nom de Thrust (Mascot Records).
Unchained : Bonjour Luka, peux-tu me dire quelques mots à propos de l’histoire du groupe ?
Luka : On a commencé il y a presque 12 ans. Moi, Pablo et Robin, on jouait déjà ensemble. On n’était pas vraiment un groupe, on faisait juste de la musique et, à un moment donné, chacun s’est posé la question : « Les gars, si on montait un groupe ? ». On était très influencé par les musiques des sixties et le rock psychédélique comme Pink Floyd, The Doors mais aussi Led Zeppelin et Black Sabbath, ce genre de trucs. En 2009, on a enregistré notre premier album (Strange Fruits And Undiscovered Plants) et on a joué dans des gros festivals en Hollande. On s’est bien amusé. On en est aujourd’hui à notre 7e album. Comme le temps passe !
U. : D’où vient le nom du groupe ?
L. : Cela vient du nom d’un personnage du film “Pulp Fiction”. Harvey Keitel joue le rôle de Mr Wolf. On était de grands fans de ce film. En 2007, alors que nous devions choisir un nom pour le groupe, Pablo a proposé ce nom écrit à sa manière, soit DeWolff. L’idée était que le nom du groupe évoque celui d’une voiture, la Cadillac Deville. Je suis toujours très satisfait de ce nom. Je trouve que c’est un nom qui fonctionne bien. Je préfère ça plutôt qu’un nom stupide genre “The Belly Buttons” ou un truc du genre (rires).
U. : Quelles sont vos influences majeures sur le plan musical ?
L. : Quand on a commencé, on était à fond dans la musique psychédélique anglaise puis on a évolué vers le rock américain des années 70 genre Eagles. On a alors commencé à écouter des groupes comme The Black Crowes, Alabama Shakes, King Gizzard & The Lizard Wizard etc. On n’est pas trop dans le heavy metal en dehors de Black Sabbath. On écoute plus des trucs légers que de la musique heavy.
U. : Quelle est votre manière de travailler ? Qui écrit les chansons dans le groupe ?
L. : On écrit les albums à trois. Pour cet album, on était très occupé donc on commençait à composer dès 10 heures du matin. On a travaillé au rythme d’une chanson par jour. On travaille toujours à trois, que ce soit pour la musique ou pour écrire les paroles. Cet album est plus que jamais le fruit du travail de nous trois, à l’exception de la dernière chanson de l’album (Outta step & ill at ease) qui a été entièrement écrite par Pablo. C’est une chanson très personnelle sur le fait d’être en tournée. C’était son expérience personnelle. On a différentes façons de travailler, mais la principale est de travailler à trois.
U. : Que pensez-vous de la nouvelle vague de groupes de rock psychédélique d’aujourd’hui comme Kadavar par exemple ?
L. : J’aime beaucoup ce genre de groupes qui s’inspirent des années 70 pour en tirer quelque chose de nouveau. Ce n’est pas vraiment nouveau, car dans les années 80-90, il y avait déjà des groupes comme Kula Shaker ou Supergrass. L’esprit du “classic rock” a toujours été là. Aujourd’hui, c’est devenu à la mode. Je pense que c’est plutôt bon signe que de plus en plus de groupes s’inspirent des années 70. Les groupes ne copient pas les groupes du passé et parviennent à faire quelque chose de nouveau. On ne veut copier aucun groupe des années 60/70. On n’est pas un groupe de reprises !
U. : Y a-t-il un concept derrière la pochette et le titre de votre nouvel album Thrust ?
L. : Il y’a des chansons assez heavy sur l’album et notre idée était de faire l’album le plus heavy de notre discographie. On a pensé que le titre de Thrust (plonger, pulvériser, s’élancer vers le ciel) était parfait, car cela exprimait une idée de violence, d’urgence. Comme le lancement d’une fusée. Cet album propose une musique d’aujourd’hui, qui peut être agressive par certains aspects. Ainsi, le titre et la musique sont en parfaite symbiose. Il y’a aussi quelque chose d’énergétique dans la pochette avec le feu et l’eau. C’est presque comme un concept.
U. : Avez-vous déjà joué en France et que pensez-vous du public français ?
L. : Je crois qu’on a joué près d’une centaine de concerts en France depuis le début du groupe. On a joué dans des festivals en France. J’aime beaucoup jouer ici, car en France, le public est plus jeune. En Allemagne, des gens âgés viennent à nos concerts parce qu’ils ont vécu les années 70. En France, le public est plus varié et plus jeune. J’aime le fait de jouer devant des jeunes.
U. : Quel est votre meilleur souvenir en terme de concert ?
L. : L’an dernier, on a organisé un festival pour notre dixième anniversaire à Utrecht. On était en tête d’affiche. Tous les gens qui étaient là était des fans du groupe. Le concert était complet. On jouait dans une grande salle. Cela représentait vraiment pour nous une forme d’accomplissement.
U. : Quel est le groupe des années 70 que vous préférez ?
L. : C’est une question difficile. Je dirais que mon chanteur favori de cette époque-là est l’américain Jim Ford. Il est quasi inconnu. Il a fait un album en 1969, “Harlan County”, qui est un des meilleurs jamais enregistrés selon moi. Il n’a jamais vendu beaucoup d’albums. Il vivait dans une caravane au milieu du désert américain. Il était déjà âgé dans les années 70. Il y a eu une réédition de son album car il a été redécouvert par le public. On lui a proposé de faire un concert à cette occasion et il est mort à ce moment-là. C’est une histoire assez triste. C’est un album que j’écoute beaucoup, ainsi que les autres membres du groupe. C’est une grosse influence pour nous.
U. : Quels sont vos projets dans un futur proche ?
L.: Nous avons pas mal de dates à assurer, notamment en Hollande. On doit jouer dans des festivals en Europe et on a prévu de jouer aux États-Unis. Notre objectif est d’atteindre un public plus large. De plus en plus de gens écoutent notre musique. C’est un challenge pour nous de jouer un maximum de concerts, d’enregistrer des albums et de nous faire connaître dans un maximum de pays. On doit faire une tournée en octobre et on passera à Paris par la Maroquinerie.
U. : Merci à toi Luka !
Pour écouter le groupe : https://dewolff.bandcamp.com/
Propos recueillis par Mathieu
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