Rencontre avec GUS G.

Une carrière solo, un nouvel album, des collaborations plus variées les unes que les autres, des concerts et encore beaucoup d’autres projets . Gus G. parle de son univers musical riche, et même… hyperactif!

I Am the Fire est sorti en 2014, puis hop, l’année suivante paraît Brand New Revolution. Tu as travaillé sur deux albums à la suite, et on se retrouve en 2018 pour découvrir Fearless. Tout simplement, que s’est-il passé entre temps et pourquoi ce court délai cette fois-ci ?

GUS G : Il y a plusieurs raisons à ce petit trou de quelques années. Déjà, il faut savoir qu’au sortir de l’écriture de I Am the Fire, j’ai fini avec beaucoup plus de chansons que nécessaire, ce qui préparait déjà une suite proche. En fait, même le titre « Brand New Revolution » date de cette précédente période de composition. Le label et moi nous nous sommes dit qu’il y avait déjà de quoi faire, ce qui m’a permis de garder un album presque entier sous le bras. C’était alors très facile de mettre les choses en place rapidement entre ces deux albums. J’ai eu l’opportunité de tourner par la suite, et les dates se sont rajoutées, et nous voici trois ans plus tard.

En effet, c’est là qu’on se rend compte que finalement, trois ans, ce n’est pas grand-chose.

GUS  G : Carrément, ça passe assez vite. Habituellement, je serais plutôt du genre à travailler sur de nouvelles chansons tous les dix-huit mois environ. Mais comme un album de Firewind est aussi arrivé l’année dernière (Immortals, ndlr), je suis resté occupé.

Justement, est-il aussi éprouvant qu’on se l’imagine de mener de front ces deux machines, à savoir ton projet solo et Firewind ?

GUS G : À vrai dire, tout est très clair pour moi. On pourrait penser que c’est une charge de travail qui engendre des complications, mais en fait, ça m’aide à me nettoyer un peu l’esprit. Evidemment, jouer en groupe s’accompagne de certaines contraintes dont je me désolidarise une fois penché sur mon projet solo, et inversement. Au bout d’un certain temps en solo, être dans un groupe me manque, et je suis ravi de pouvoir jongler entre les deux. Ça rafraichit ! Et puis de toute façon, dans chacune des formations dans lesquelles je joue, tout le monde a ses propres projets également, c’est pourquoi on tend toujours à s’arranger le mieux possible.

À propos de Firewind, justement, une tournée vient de prendre fin. Y aurait-il du nouveau au programme prochainement ?

GUS G : Oui, tout à fait ! On fera une paire de festivals cet été, comme le Wacken par exemple. Il y en aura certainement d’autres qui seront annoncés peu à peu, mais c’est déjà bien. Mais oui, en effet, je commence tout doucement à songer à des idées à proposer en vue d’écrire le prochain album, qui verra le jour d’ici une paire d’années. Ca ne s’arrête jamais !

Sur tes deux précédents albums en solo, on peut noter que tu as travaillé avec des gens qui ont eux aussi œuvré avec des grands noms dans cette industrie. Rappelons par exemple les noms de Jacob Bunton connu pour jouer avec Steven Adler, ou encore Jeff Scott Soto qui a chanté pour Yngwie Malmsteen. Cette fois, tu es accompagné de Dennis Ward (Unisonic, Pink Cream 69, ndlr) et Will Hunt (Evanescence). Raconte-nous un peu la genèse de ce trio.

GUS G : Initialement, avec Dennis, on s’était attelé à l’écriture de titres pour Firewind. Après Immortals, je lui ai naturellement suggéré de jeter un coup d’œil à mon projet solo, et il s’est proposé de poser quelques lignes de chant dessus, et ça m’a beaucoup plu. Par contre, je n’étais pas spécialement emballé à l’idée d’avoir encore un guest supplémentaire sur cet album. Pour moi, il était nécessaire de trouver des types qui pourraient s’engager auprès de moi, et aussi défendre l’album sur scène. Mais il faut dire que tous les bons sont déjà pris ! Dennis m’a proposé son aide néanmoins, il fallait aussi quelqu’un à la basse, et j’y ai beaucoup réfléchi. Et finalement, l’ensemble comme il est construit actuellement s’est harmonisé tout seul.

On sait bien comment s’est déroulée votre collaboration avec Dennis, mais pour ceux qui ne seraient pas trop au courant, comment vous êtes-vous rencontrés avant tout ça ?

GUS G : Oh, ça remonte à 2009, le management de Unisonic, Helloween etc. sont de bons amis à moi, on se connaît depuis un bout de temps. On avait commencé à entreprendre un projet, fondé autour de moi avec avec Dennis, en imaginant même choisir une star au chant, on songeait à demander à Michael Kiske à l’époque. Dennis et moi, nous nous sommes mis à écrire trois ou quatre chansons, mais quelques mois plus tard, j’auditionnais pour Ozzy et tu sais ce qu’il s’est passé ensuite. Mais ces chansons avec lui sont restées de côté, et boum, saut dans le temps, nous voilà en 2016, et le management a remis ça sur la table, disant que Dennis et moi, nous formerions une bonne équipe, et ils avaient raison. Le temps de reprendre ce qu’on avait commencé, compléter quelques brouillons de titres, et nous voilà.

Pour remonter encore plus loin dans le passé, un grand nombre de personnes te connaît depuis que tu as fait partie du line up d’Ozzy, et si on revient encore un peu plus en arrière, certains te connaissent depuis Doomsday Machine avec Arch Enemy, car tu as été invité à jouer sur le titre « Taking Back My Soul » sorti en 2005. Dès lors, tout est allé très vite. Quels sont tes souvenirs de cette période ?

GUS G : Toute cette aventure, ce n’était que du bon, vraiment, je n’en ai aucun souvenir négatif. Jouer avec Arch Enemy fut ma première expérience comme musicien professionnel, pour être honnête. C’était la première fois que j’approchais un groupe doté d’un management, d’une équipe toute entière… Je n’avais pas vraiment d’expérience en production à l’époque. Quand j’y repense, c’était vraiment intéressant de comprendre comment les choses fonctionnent, c’était tout nouveau, donc une mission riche en informations.

Ca ressemble à une sorte de stage d’immersion, non ?

GUS G : Oui, tout à fait ! De retour, j’ai eu envie de me consacrer à mon propre groupe, et appliquer toutes ces nouvelles connaissances à mon échelle. Mais j’étais à cent lieues de me douter que j’allais à nouveau être appelé pour jouer avec quelqu’un. Et la proposition d’Ozzy est arrivée, et tu sais… C’est le genre de chose que tu ne peux pas refuser.

Parlons un petit peu matos. Tu es impliqué auprès de marques plébiscitées par un grand nombre de guitaristes, dans ma liste : EPS, Jackson, ou encore Blackstar. Parle-nous un peu de ce type de création avec tes instruments, qu’en est-il de tes attentes à ce niveau ?

GUS G : Ce qui est génial quand tu te vois confiée la tâche de designer un produit, c’est que tu es le seul maître à bord, et les ingénieurs sont capable de transcrire tes attentes en termes techniques, c’est absolument fascinant. Par exemple, pour ce qui est des amplis, je suis resté plusieurs jours parmi les équipes de Blackstar et je suis très surpris par ce que les amplis et leurs gabarits sont devenus avec le temps. De nos jours, tu peux profiter d’un ampli qui fait la taille d’une lunchbox, et ça sonne plutôt pas mal ! Finalement, ça fait cinq ou six ans que mon équipement est le même, mais je réfléchis constamment à des idées, sait-on jamais, tout comme j’ai pu imaginer mes propres micros avec Seymour Duncan, je serai peut-être amené à proposer à nouveau mes envies à des marques. Mais après tout, il faut se concentrer sur la notion principale : tu as beau posséder le meilleurs matos du monde, ce sont tes mains qui font le boulot.

C’est comme avoir une voiture de luxe sans avoir le permis de conduire, en gros.

GUS G : Ouais ! Et tu sais quoi, en parlant de ça, je viens de passer mon permis il y a à peine deux ans.

Oh, bravo, félicitations ! Et alors, ça fait quoi ? Du premier coup ?

GUS G : Mais qu’ai-je donc manqué toutes ces années ? C’est génial, évidemment. J’étais ravi d’avoir pu m’offrir ma première voiture, comme un enfant, vraiment. Mais non, je fais faire une confession, j’ai dû repasser l’examen théorique deux fois, je n’avais pas vraiment bossé le truc… Je ne faisais que des aller-retours en tournée, ce n’était pas l’idéal. Mais je me suis repris en main, et j’ai fait un sans-faute par la suite. En ce qui concerne la partie pratique, c’était haut la main, par contre.

Fais-nous rêver, quel serait ton modèle favori ?

GUS G : Mmh, je ne sais pas, si je pouvais choisir entre une Porsche, ou une Lamborghini. En faisant quelques recherches on se rend très vite compte du coût à long terme de ces machines, donc bon, ce n’est pas trop une priorité. J’ai choisi une Mercedes qui va sûrement faire l’affaire un certain temps, même si on me dit parfois que c’est une voiture de grand-père. Mais pourtant non, la mienne est juste ce qu’il faut de moderne ! Je suis content de mon choix, ça me suffit amplement.

Revenons à nos moutons ! Pour ce qui est des concerts qui sont planifiés cette année, du coup, de qui seras-tu accompagné en définitive ? Et ouvrir pour Jesper Binzer, est-ce aussi une réunion entre amis au final ?

GUS G : Felix (Felix Bohnke, dans Edguy ou Avantasia, ndlr) m’a été recommandé par Dennis, je lui ai fait confiance du fait qu’il ait participé à de multiples sessions avec lui par le passé. C’est un très chouette type. Et pour ce qui est de Jesper, en réalité non, cette fois ça vient purement du management, et on vient à peine de se rencontrer, on ne se connaissait pas d’avant. Et je suis ravi de pouvoir dire qu’à ce stade, on s’entend très bien, c’était une bonne idée. Mais il est vrai que ça fait beaucoup de monde sur l’affiche ! Quand j’ai tourné pour la première fois avec Marty Friedman il y a quatre ans, mon agent m’a appris que les gens commettaient une erreur en pensait qu’on faisait partie du même groupe, la confusion était plutôt grande.

Dans le contexte de la sortie de l’album, tu t’es associé à Guitar World pour filmer des vidéos qui font office de véritable tutos, où tu expliques les clés de la réalisation de certains de tes solos, par exemple, pour celui du titre « Mr Manson ». Pourquoi cette chanson pour commencer ? Et penses-tu que permettre à d’autres guitaristes d’ainsi pouvoir en apprendre sur le jeu des autres est un outil pour progresser ?

GUS G : Oh, plusieurs autres vont arriver, c’est en cours ! « Mr Manson » est un single de l’album et le solo est plutôt particulièrement amusant à décortiquer. Des vidéos seront disponibles pour « Letting Go » et « Fearless », ce sera assez varié au final. Et oui, je pense que le meilleur moyen de progresser pour un guitariste est de s’asseoir avec un autre, qu’il soit meilleur ou non, et juste de jouer. C’est de là que nait l’inspiration, à mon avis, de plein de choses évidemment mais beaucoup des autres. Quand j’ai un peu de temps, que je passe quelques heures à l’hôtel ou autre, j’aime beaucoup aller fouiller sur le net et checker des vidéos sur YouTube où des gens explorent différents styles, c’est très enrichissant d’avoir accès à tout un tas d’approches. Bon, c’est toujours mieux en vrai, c’est super d’avoir la possibilité d demander directement aux guitaristes comment ils font ci et ça… Mais pourquoi pas utiliser internet, le choix est immense.

À propos d’internet, je voulais te demander de commenter quelque chose que j’ai pu trouver sur ton compte Instagram. Cette sculpture sur pastèque du logo de Firewind, qui date du mois de mars, ça sort d’où ?

GUS G : Ah, ah ! En fait, on jouait en Amérique du Sud, plus précisément à Quito, Equateur. Et il y avait ce chef, mais alors un vrai de vrai chef cuisinier, qui avait préparé différentes choses pour nous backstage, et j’ai vu cette pastèque… Franchement, ça a fait notre journée, je l’ai direct prise en photo. Merci de m’avoir rappelé ce détail.

Nous venons ensemble de faire des références à l’album, mais si tu devais te mettre dans la peau de quelqu’un qui n’a pas encore décidé de l’écouter, ce serait quoi, on slogan accrocheur pour le décrire ?

GUS G : Ah ouais ! Shred guitar ! Les meilleurs solos ! Mmh, Ozzy Osbourne, Firewind, heavy metal ! Tu penses que ça le fait comme ça ?

J’ai une dernière question. Tu peux répondre la première chose qui te vient à l’esprit. Quel serait ton animal spirituel ?

GUS G : Un chat. J’adore les chats, effectivement, c’est la première chose qui me vient en tête… Ou un loup, ou un lion, à la rigueur… J’aime bien le lion aussi. Mais je reste un vrai papa avec mes chats, je laisse cette question ouverte.

 
Propos recueillis et traduits par Anne-Sophie Schlosser.
 

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