
Ayant annoncé la fin en 2016 après 4 albums de ce blues léché et lancinant, si particulier des suédois de Graveyard, c’est peu de temps après (début 2017) qu’ils annoncent leur retour. Avec un line-up mis à jour, quelques dates pour se dégourdir et un groupe plus en paix pour proposer un nouvel album, le bien nommé Peace. La surprise du moment.
Car ceux habitués au blues raffiné et doucereux des suédois et bien que nenni. Le combo emmené par Joakim Nilsson a envie d’en découdre et brise les chaines pour pousser les potards, sortir les pédales à effets et saturer le son. C’est décomplexé que Graveyard revient, apaisé certes mais avec une envie de riffs.
Le premier titre, “It Ain’t Over Yet” pose les conditions, de l’urgence, pied au plancher, certes, mais c’est surtout “Please Don’t” le premier extrait dévoilé par le groupe qui présente au mieux ce que donne Garveyard aujourd’hui. C’est sans complexes, exutoire. Ce premier titre massif et le plus heavy de tous fait office de char d’assaut à la mélodie catchy qui ne vous lâchera pas une seconde… La voix incroyable de Joakim porte encore plus l’auditeur, moins posée et plus déchirée, énervée, une certaine intensité en variation de tons sur ces 10 titres qui calme le premier qui cherche à critiquer. Le bluffant “The Fox” confirme cette envie de la part des suédois. Une guitare désinhibée, fortement emprise de ce parfum de liberté. Pas monocorde et du coup aucune monotonie qui se ressent aussi en live ( Deserftest 2017 Londres, un des meilleurs live des 3 jours)
C’est riche et équilibré sans vouloir faire dans la prétention, les compositions offrent un plus large panel des possibilités musicales de Graveyard, à la fois bluesy dans ses débuts, “Cold Love” se veut surprenant, on est plus saturé et heavy avec un “Walk On” brulant, un côté mi Zeppelinien mi Hendrixien sur “Bird Of Paradise”. C’est enlevé, bien dosé, sans aucune répétition et aucuns remplissages. Même la ballade crescendo loungy “Del Manic” apporte une touche parfaite au tableau de ce Peace. Un pur moment d’accalmie avant le final et le magnifique “Low” qui fait le condensé de ce nouveau Graveyard. Toujours aussi raffiné au besoin mais une envie de liberté s’y dégage.
On a envie de se faire l’album en entier encore et encore, se laisser porter par sa richesse et se recharger les batteries car c’est un peu ça Peace, de l’énergie à revendre avec une certaine fraicheur complètement inattendue pour un cinquième album. Comme quoi quand on fait une pause il y a souvent du bon. Un album décomplexé et exutoire qui ne renie pas les débuts du groupe mais propose de se réinventer sans oublier non plus de jeter des coups d’oeil dans le rétroviseur.
Clairement la bande originale de cet été en ce qui me concerne.
Graveyard, Peace, Nuclear Blast Records, Sortie le 25 Mai 2018
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