
Mais qui s’attendait à une arrivée de la sorte ce 4/ 20 ( 20 /4), non ce n’est pas du nouveau A Perfect Circle que l’on vous parle, loin de là car ce dernier et toutes les autres sorties de ce jour ont été occultées par une seule chose qui a retenti comme jamais: SLEEP sort du sommeil après 15 ans et sort un nouvel album ! Pas de pub, pas de promo, pas de comm ( ou presque car tout est déjà fait rien qu’en balançant cette info sur les internets…) Les patrons du DOOM sortait LE NOUVEL ALBUM ce vendredi 20 avril, 4 / 20 chez nos amis ricains et O grand jour symbolique pour les consommateurs de Marie – Jeanne ( pas celle de Michel…). Un grand bravo car certains font la gueule et sans renfort de plan comm à milliers de dollars, le boulot est fait, les fans sont en alerte, la planète Metal a ses projecteurs rivés sur ce cadeau du ciel: ça c’est du talent (ou pas)…
The Sciences atterrissait donc de façon remarquée via un label que les amateurs de rock blues connaissent, celui du dénommé Jack White en personne ( good or bad idea ?). Third Man records qui sort comme ça la nouvelle galette mastodonte des patrons du Doom clairement en honneur à ce que tous les fans du genre apprécient: la weed .
Que dire ? Sleep fait ce qu’il veut, tant qu’il le fait bien. Pour ceux qui voyaient le groupe proposer une réinvention ou autre chose après 15 ans d’absence discographique et bien… C’est raté. Car même si la proposition sur l’ EP The Clarity était assez interessante et Dopesmoker le dernier album en date (2003) sortait le gros chalutage version destruction de fonds marin, on était donc en droit de se demander quel bidouillage d’apesanteur le groupe allait nous concocter. Maxi chape de plomb sur le dos ou autre ? Vu l’attente portée à ce disque et frappez moi si je me trompe ce qu’on attend de Pike, Cisneros and Roeder c’est du lourd, du lourd et du LOURD !!! Du coup lord of the doom se devait de faire dans une certaine efficacité ( la sienne) et rien d’autre car 15 ans quand même.
Et bien sans jeux de mots facile, on ne s’endort pas. Le thème de prédilection de Sleep vous l’avez et l’aurez compris avec toutes les connexions d’idées en ce jour particulier. !!! (Fais comme l’oiseau ou presque) Mais c’est surtout avec la touche Sleep qu’on rentre dans le bain. Ces gros riffs mastodonts et bien lourds où on plane le mieux mais aussi des petits plaisirs. Pike ralentit la cadence et retrouve sa vitesse de croisière tranquille après la brutalité High on Fire mais se laisse aller sur certains moments à des petites touches plus personnelles et dans le thème. “The Botanist”, on y reviendra. Tout simplement et musicalement, pas d’inquiétudes, on ne fait toujours pas dans le point de croix et non plus dans la facilité ( je vous vois à moitié rassurés maintenant…) facile d’accès, certes, ça l’est, on est concrètement dans le coeur de Sleep mais la force de frappe est là. Même si on reste dans la continuité c’est quand même moins convoi exceptionnel de gros poids lourds comme pouvait l’être Dopesmoker. Plus de clarté peut être ?
Après une entrée en matière bien parlante. “The Sciences” pousse les potards à fond et c’est un “Marijuanaut’s Theme” au bong bouillonnant en introduction qui balance la claque. Du riff lourd, brut, efficace dès ses premières notes et une basse hypnotique nous entraine dans cet état second presque autonome au delà de tout. Vous allez me dire OUI MAIS.. ça rappelle certes Holy Mountain mais c’est exactement pour ça que c’est bon… Sleep ne s’est pas endormi ces 15 derniers années et rien n’est rouillé. On ronronne avec le bourdonnant “Sonic Titan” aux légères variations superposées pour faire frétiller les oreilles. L’ultra sabbathien “Giza Butler” fera gueuler certains traitant de fainéantise ou jouir d’autres avec ces riffs lourds .
C’est plus les années 90 tout simplement, entre OM, High n’ Fire et Neurosis les trois membres ont tous avancé chacun de leur côté avec leurs groupes respectifs mais ne gardent pas non plus Sleep comme une Belle au bois dormant dans un passé désuet. La touche du groupe se modernise avec le bagage engrangé par chacun au cours des dernières années. C’est planant, lourd, solide, brut et on rappelle bien qui sont les patrons quand d’autres deviennent une copie d’eux mêmes. Les titres grondent, Al Cisneros avec sa basse toujours accordée au plus bas accompagne, se cale en embuscade sur cette vague générale et si tu tends l’oreille, tu la sens passer… Chaman de la basse, le chant est toujours hypnotique, guidé par cette voix dans un état presque méditatif, “Antarticans Thawed” me sort d’une certaine léthargie. Cette voix qui te parle dans ton sommeil, qui se promène dans ta tête, c’est elle. Ce chant donne du relief aux textes qui passent de l’état du simple titre lambda pour devenir une incantation ou prière à la Lune ou au Soleil. Quant à “The Botanist”, c’est la plénitude et passage par les différents stades du sommeil. Une carte blanche totale à Pike pour nous offrir un peu plus de légèreté dans un relent plus psyché et des soli heavy avant un final étrange et hallucinant. ‘Le titre le plus intéressant de l’album, cassant la dynamique et offrant surtout la conclusion parfaite à ce bel ouvrage.
Sleep ne balance pas un simple album de consolation aux fans désespérés.
The Sciences donne un tout riche et varié et c’est ce que “The Botanist” conclut parfaitement en présentant ces multiples facettes du Sleep cuvée 2018. Plus de clarté je ne pense pas car on adule toujours la chère Marie- Jeanne mais une certaine envie de fraicheur par moments car SLEEP reste SLEEP et ce n’est que dans cette solide musique pachydermique que le groupe s’exprime le mieux.
Au final, c’est ce qu’on attendait et souhaitait. Un nouvel album de Sleep qui demande à s’écouter plusieurs fois pour passer les couches et la fumée ambiante et qui je pense sera adulé d’ici peu… Peut être complètement enfumé la moitié du temps mais toujours fidèle à soi même. C’est ce qu’on aime.
Sleep, The Sciences, Third Man records, sortie 20 avril 2018
Texte : Anthony
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