
Ça peut paraître une évidence pour la plupart des lecteurs de The Unchained mais cela ne coûte rien de le dire une bonne fois pour toutes : Melvins est définitivement un groupe inclassable ! Définir son style est un exercice quasi impossible tant le répertoire du groupe est extrêmement diffus, allant du stoner au punk hardcore en passant par le noise, l’expérimental, le grunge et le rock psychédélique. Depuis sa création en 1982 (soit il y a déjà 36 ans), la bande à « King Buzzo » (aka Buzz Osborne, le chanteur-guitariste et fondateur des Melvins), est devenu une institution dans le monde du rock saturé. Faut-il rappeler que c’est ce dernier qui a appris à Kurt Cobain à jouer de la guitare à la fin des années 80 ?
Outre le fait qu’il propose un son quasi unique au monde, le groupe originaire de l’Etat de Washington aux Etats Unis (comme la plupart des groupes de la vague grunge) est par ailleurs très prolifique : Moins d’un an après la sortie de l’album A walk with love & death, les ricains nous offrent une nouvelle galette toute chaude au nom particulièrement étrange (Pinkus Abortion Technician), toujours sur Ipecac Recordings (le label créé par Mike Patton en 1999 et qui est devenu LE label du groupe). Le titre de l’album fait référence à Jeff Pinkus, le bassiste des Butthole Surfers qui les a rejoints en 2013. Comme on pouvait s’y attendre, on trouve de tout sur cet album, du mélodique au dissonant voire carrément hardcore. C’est notamment le cas du premier titre du disque (« Stop moving to Florida ») qui débute façon punk mélodique avec même une petite touche californienne dans le son puis évolue vers le noise dans une deuxième partie. Le deuxième titre, « Embrace the rub » sonne définitivement punk rock avec une petit côté Dead Kennedys sur les bords. Ce n’est sans doute pas un hasard vu que Jello Biafra lui-même a joué avec le groupe de manière épisodique et les a même suivis en tournée à plusieurs occasions. Par la suite, changement de ton avec « Don’t forget to breathe » dont l’atmosphère lancinante m’a rappelé les groupes de grunge des années 90, notamment Alice in Chains ou Stone Temple Pilots.
Signe que le groupe a décidément un grand nombre de cordes à son arc, le morceau suivant (« Flamboyant Duck ») sonne volontiers country music voire blue grass avec des longs passages joués au banjo, même si l’on peut tout de même entendre le son d’une guitare saturée vers la fin de la chanson. Par la suite, « Break Bread » mêle punk rock et heavy metal avec un son poisseux à souhait. Par ailleurs, sur cet album figure une reprise des plus inattendues : « I want to hold your hand ». Les connaisseurs l’auront reconnu tout de suite : Ce titre est à la base une célèbre chanson des Beatles écrite en 1964. Assez éloignée de l’original si ce n’est que le refrain est le même, ce morceau est néanmoins très réussi.
S’ensuit une chanson mêlant stoner et noise rock avec une petite touche psyché en prime : « Prenup Butter ». Enfin, l’album se termine en beauté par un morceau très punk hardcore avec un son bien catchy et gras, presque agressif : « Grave Yard ». En effet, il s’agit en fait d’une reprise des Butthole Surfers, bien meilleure que l’originale au passage. On ne peut s’empêcher de penser à la première époque de Black Flag, une formation qui a d’ailleurs été une influence majeure pour les Melvins lors de la formation du groupe.
Au final, Pinkus Abortion Technician est un album aux ambiances extrêmement variées, à la fois déroutant et plus que jamais fidèle à l’esprit Melvins !
Pinkus Abortion Technician est sorti sur le label Ipecac Recordings le 20 avril 2018
Texte : Mathieu
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