
Dans la vie, il y a des artistes qu’on aime, qu’on admire pour leur talent, leur propension à créer une musique qui nous touche et nous fait vibrer. Pour moi, Ihsahn en fait partie et sa musique, avec Emperor ou en solo m’a toujours transporté. Il suffit de peu de choses pour que je devienne client à chacune de ses livraisons et lorsque j’ai jeté la première oreille sur son 7ème album en solo, j’ai tout de suite adhéré. Alors, de black metal il n’est plus question depuis bien longtemps malgré quelques réminiscences dans certains arrangements de claviers et quelques harmonies de ci de la, et sur cet opus, seul “Wake”, l’avant dernier morceau propose un riff qui se rapproche du black. Toujours metal et intense, la musique d’Ihsahn continue d’explorer les contrées du dark metal progressif. Il se fait quand même un peu plus rock, plus accessible, une démarche qui a débuté avec Arktis dont Amr est le prolongement logique .De belles mélodies sont à l’honneur partagées avec des riffs massues qui feraient pâlir un Meshuggah et quelques expérimentations électro qui viennent charpenter le propos et offrent, comme à son habitude des moments de grâce dans lesquels l’auditeur est plongé avec un réel plaisir…
Et lorsqu’il s’agit de dark metal progressif, l’artiste sait de quoi il parle et distille son univers tout au long des 10 morceaux que contient l’album. Partagé entre ces moments d’apesanteur et des riffs agressifs tout en restant groovy, l’album se différencie légèrement de ces prédécesseurs par une touche mélodique plus marquée. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter le single “Arcana Imperii”, véritable condensé de ce qu’on trouve sur l’album, cette alternance de gros riff et de mélodies à la fois douces mais toujours intenses. Je peux citer également “One Less Ennemy” et son riff rampant, comme une déclaration de guerre et son clavier aux sonorités de film d’horreur qui est une des grandes réussites de l’album.
Écoutez donc “In Rites Of Passage” avec son riff groovy et je mets au défi n’importe quel amateur de metal de ne pas avoir instantanément envie de taper du pied et de headbanger comme un fou ! “Samr”, le troisième morceau et son rythme lancinant ré-haussé de légères touches de piano qui amènent à un refrain lyrique, qui fait tout simplement décoller l’auditeur vers les cimes.
Et le coté très mélodique est de nouveau exploré avec le morceau “Where you are lost and I belong” et ses atmosphères planantes, douces mais toujours menaçantes et qui va crescendo jusqu’à tout simplement donner la chair de poule. L’album contient aussi son lot de refrains qui font mouche : “Marble Soul” et “Twin Black Angels” , par exemple, restent longtemps dans la tête et nous poursuivent jusque sous la douche !
L’album est extrêmement bien écrit, tout à fait équilibré entre mélodies et agressivité, lourdeur et groove. Les arrangements donnent corps au coté sombre et lyrique de l’ensemble et illustrent pleinement le propos habituel chez Ihsahn, à savoir une recherche de spiritualité non religieuse, d’émancipation du joug des dominants, une volonté de puissance et d’affirmation de soi ; une philosophie nietzschéenne dont l’artiste est grand admirateur. En somme une musique qui nous fait sentir plus fort à chaque écoute et une fois l’album terminé, on a qu’une envie, c’est de se le repasser encore et encore. Alors, vous l’aurez compris, il s’agit d’un excellent album, à la fois charnel et envoûtant comme Ihsahn sait en faire. Voici un artiste qui mérite vraiment toute notre reconnaissance.
Texte : J.c
Sortie le 04/05/2018 chez Candlelight/Spinefarm Records.
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