Enfers et fantômes d'Asie – musée du Quai Branly

Si le soleil vous indispose et que la chaleur vous étouffe, ce printemps caniculaire nous offre un aller simple pour l’Asie des monstres, des fantômes et des peurs. Bien loin des classiques expositions du musée, Enfers et fantômes d’Asie plonge le visiteur dans un monde bien sombre, quitte à lui flanquer quelques sueurs froides.

Les premières salles à accueillir le visiteur sont consacrées à l’Enfer. Ou plutôt aux Enfers tels que les perçoivent les bouddhistes. Précisons dès à présent que trois pays seulement sont concernés par l’exposition : la Chine, le Japon et la Thaïlande. Les enfers bouddhiques accueillent les réincarnations des “pêcheurs” (si le mot m’est permis) qui sont jugés par un implacable tribunal de démons (dont font partie les célèbres oni japonais).

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Visite aux Enfers d’une incarnation de Buddha (Cambodge, XVIIIe siècle)

Et les démons asiatiques sont aussi imaginatifs que les nôtres quand il s’agit de torturer et mutiler les pauvres âmes tourmentées ! Alors forcément, ça se ressent dans les productions artistiques : les représentations des enfers et des supplices sont nombreuses dans les rouleaux religieux ou dans les peintures. Ces visions d’horreur sont encore très présentes en Thaïlande et de vrais parcs à thème se visitent dans les temples !

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Jardin des Enfers du Wat Muang (Thaïlande)

Précision importante passée cette première section : les extraits de films et les pièces exposées (dont des mannequins réalisés spécialement par une société d’effets spéciaux) peuvent choquer les plus jeunes (voire des moins jeunes rebutés par le gore). N’oubliez donc pas de laisser vos enfants au vestiaire avant.

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Passé cette porte monstrueuse, le visiteur entre dans la seconde section dédiée aux fantômes et aux autres revenants. Et s’il y a bien une créature des légendes japonaises que les amateurs de cinéma d’horreur connaissent, ce sont bien les fantômes ! Une salle aux murs nus réservés à des projections est même dédiée à ces films désormais cultes tels que Ring ou Ju-on.

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Les récits de femmes revenantes ne datent pas d’hier au Japon et le succès de Sadako doit beaucoup à ceux d’Oiwa et d’autres malheureuses dont les tragiques destins ont inspiré le théâtre kabuki et les auteurs d’estampes dès le XVIIe siècle. Une salle aux murs noirs présente des peintures de ces yurei éclairées par la lumière tremblotante de lanternes de papier.

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Oiwa, Ikkyo (fin XIXe siècle)

A travers des dessins méconnus d’Hokusai ou des estampes du génial Kuniyoshi, la salle invite le visiteur à faire connaissance avec les nombreux esprits du folklore nippon comme les femmes-chats, kistune et autres yokaiYokai également connus sous le nom de… mono-no-ke ! Etrange que l’oeuvre de Miyazaki ne soit quasiment pas évoquée dans l’exposition ; et ce ne sont pas les posters Chihiro de la boutique qui rattraperont cela !

Côté Thaïlande, on n’est pas en reste non plus niveau esprits et fantômes monstrueux. La Thaïlande a d’ailleurs une industrie du film d’horreur particulièrement vivace depuis le début des 80s. Une projection de films nous introduit donc aux phi pop et autres phi krasüe, de sanguinaires esprits vivants dans la forêt.

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Affiche de Phi ta bo, 1981

La dernière partie de l’exposition est dédiée aux rites et croyances entourant les fantômes et esprits : exorcisme, culte des ancêtres, fêtes des esprits, etc. L’exposition prend une dimension plus ethnographique et moins spectaculaire bien que certains objets comme les costumes de Phi Ta Kon thaïlandais soient impressionnants.

Qu’il fait bon de retrouver la lumière du jour au dehors ! Que retenir de cette expo Fantômes ? Elle a tout pour séduire un public varié allant de l’amoureux de l’Asie à l’amateur d’art en passant par le passionné de film de genre. La grande variété des objets exposés offre une vision vivante de ce monde des morts. Le recours aux mannequins conçus par le studio QFX, aux projections de films et chorégraphie sort l’exposition de la routine du musée. Idem pour l’emploi de jeux vidéos (même si la touche “2.0” séduit de plus en plus les musées parisiens). Bref, une passionnante visite dans un univers qui l’est tout autant.

Enfers et fantômes d’Asie, jusqu’au 15 juillet au musée du Quai Branly.
Texte : Thomas
*Bonus*
Si les histoires de fantômes japonaises vous fascinent, jetez-vous sur Yami Shibai un animé particulièrement effrayant ou sur Tokyo Paranormal, mini-série signée Arte !

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