Tengger Cavalry – « Cian Bi » (Napalm Records)

Il n’est pas commun d’écrire une oraison funèbre en guise de chronique. Vous vous demandez sans doute pourquoi je dis cela. Eh bien sachez que Cian Bi restera à tout jamais le dernier album de Tengger Cavalry. Oui hélas, ce ne sont pas des paroles en l’air : Les maîtres du folk metal mongol ont bien décidé de mettre un terme à leur projet.

Le leader du groupe Nature G, citoyen chinois installé à New York, a en effet annoncé que ce disque ferait office de testament, ce qui est certes regrettable. Mais il semble qu’il aurait pris cette décision suite à un obscur conflit avec leur ancien label concernant l’exploitation de leurs droits d’auteur depuis 2010 (soit la date de naissance du groupe). A-t-il estimé que Tengger Cavalry avait également tout dit artistiquement parlant ? Mystère. Il n’empêche que Cian Bi est certainement un des meilleurs albums de 2018.

De même, il est incontestablement au-dessus de son prédécesseur, Die on my ride, sorti en 2017 et déjà chroniqué par mes soins ici même. La pochette de l’album, qui représente un blason stylisé qui pourrait figurer sur le bouclier d’un guerrier mongol, donne le ton. On y retrouve cette ambiance épique qui a le pouvoir de nous transporter dans les steppes arides de Mongolie avec la puissance d’un cheval sauvage au galop. La musique de Tengger Cavalry ferait une bande originale idéale pour un film de sabre ayant pour cadre la Mongolie médiévale.

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Les rois du « Nomadic Folk Metal » frappent fort avec ce dernier disque qui séduira à la fois les fans de folk metal et de métal oriental. On y retrouve un cocktail d’influences qui vont du thrash à la musique électronique en passant par le heavy metal traditionnel ou encore l’indus. A côté de morceaux ultra-speed comme le bien nommé « Strength », « Chasing my horse », « A dreap of the blood, a leap of the faith » ou encore le titre éponyme du disque « Cian – Bi (Fight your darkness) », d’autres titres lorgnent du côté de l’électro comme « Electric Shaman » (qui a pour particularité d’être instrumental) et « One track mind » ou sonnent metal indus dans l’esprit de Rammstein comme « One tribe, beyond any nation ».

 

TenggerCavalry-37D’autres morceaux flirtent avec un certain metal symphonique qui rappelle volontiers Therion, comme le très épique « You and i, under the same sky ». L’alchimie entre voix claire et grognements rauques fonctionne à merveille de même que l’utilisation d’instruments traditionnels mongols comme le Morin Khuur (sorte de violon typique du folklore nomade). De même que sur Die on my ride, on retrouve cette touche chamanique qui apporte une dimension mystique à la musique.

Ce qui fait l’originalité du groupe, c’est sa capacité à combiner des sonorités modernes (notamment électroniques) avec d’autres nettement plus folk et ancestrales, illustrant ainsi le conflit incessant entre tradition et modernité. Par ailleurs, la ballade « Just forgive » est très certainement un des plus beaux titres de l’album. Enfin, le disque est clos par une outro 100% folk et instrumentale, « Sitting in circle », afin de nous rappeler la dimension profondément chamanique de Tengger Cavalry. Il ne nous reste plus qu’à espérer que ce groupe deviendra culte à l’avenir et que ses membres poursuivront l’aventure à travers de nouveaux projets musicaux similaires !


 

Cian Bi est sorti le 23 février 2018 sur le label Napalm Records

 

Texte : Mathieu

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