Bell Witch & guests @ O’Sullivan’s Backstage

Ce soir-là, tous les fans de Funeral Doom se devaient de répondre présents à l’appel dans l’arrière-salle du O’Sullivans à côté de la Machine du Moulin Rouge, dans le quartier de Pigalle. En effet, trois groupes majeurs du style étaient là pour rendre honneur au Doom avec un grand « D ».

Depuis le premier album de Black Sabbath, beaucoup d’eau (maudite) a coulé sous les ponts. Pourtant, l’esprit associé à ce son très particulier est resté intact. Voix sépulcrales, atmosphères oppressantes et riffs d’outre-tombe sont au programme de la soirée et les adeptes du genre en auront pour leur argent. Loin des clichés du metal traditionnel, le Funeral Doom est à déconseiller aux amoureux de la vitesse mais à ceux qui préfèrent quelque chose de plus introspectif. Plutôt clairsemée au début, la salle commence à se remplir progressivement. Certes, il ne s’agit pas du style le plus populaire chez les fans de metal parisiens mais l’affluence ce soir-là est plus qu’honorable.

Ataraxie 2

Les hostilités débutent avec le doom cocorico aux relents death d’Ataraxie. Originaire de Rouen, le groupe a déjà 18 ans d‘existence derrière lui puisqu’il a commencé en 2000. Même s’il n’a que trois LP à sa discographie, les normands n’ont pas chômé au cours de leur carrière si l’on en juge par le nombre de split albums et de démos à leur actif. Leur son old school fait inévitablement penser aux premiers albums de My Dying Bride. Empruntant leur nom à un courant philosophique de la Grèce Antique, les doomsters offrent une musique qui a le pouvoir de nous toucher jusque dans les tréfonds de l’âme.

Ataraxie 3

Dans la foulée, on enchaîne avec un groupe bien connu des adeptes de sludge et de drone metal à la française, à savoir les aquitains de Monarch. Originaire de Bayonne, le groupe existe depuis 2002 et n’a pas moins de huit albums studio dans sa discographie, sans compter d’innombrables EPs et split albums. A l’instar des américains de Sunno))), un concert de Monarch est une expérience à la fois physique et mentale incomparable. Le groupe a la particularité de compter une femme dans ses rangs, ce qui est suffisamment rare pour être signalé. La voix de la chanteuse Emilie « Eurogirl » Bresson a une dimension quasi hypnotique, ce qui donne aux prestations de Monarch des allures de messe électrique. Le chant en français n’est pas pour me déplaire. Difficile d’accès, leur musique a quelque chose de répétitif et d’hermétique qui peut rebuter certains auditeurs mais n’est-ce pas inhérent à ce style ?  En tout cas, j’avais déjà eu l’occasion de voir ce groupe sur scène à plusieurs reprises mais je ne m’en lasse pas pour autant !

Monarch! 2
Monarch! 4

En fin de soirée, place à la tête d’affiche de la soirée. Je veux parler bien sûr des américains de Bell Witch. C’est à Seattle, berceau du Grunge, qu’est né ce groupe phare de la scène Funeral Doom. Il s’agit d’un duo basse-batterie formé en 2010 par Dylan Desmond (basse-chant) et Jesse Shreibman (Batterie-chant). Le duo a trois albums studio à son actif. Le tout nouvel album, « Mirror Reaper », est sorti l’an dernier sur Profound Lore Records. Loin d’être un handicap, l’absence de guitariste rajoute une dimension abyssale à leur son déjà très heavy.

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Leur musique d’outre-tombe rappelle celle des allemands d’Ahab, très justement surnommée ainsi en référence au capitaine du navire dans le roman « Moby Dick » d’Herman Melville. Adeptes de speed / thrash metal, fuyez ! Cependant, les adeptes d’atmosphères sépulcrales et de riffs monolithiques n’ayant pas peur d’écouter des morceaux longs de plus de 10 minutes y trouveront leur compte, ce qui fut mon cas ce soir-là.  Il y a quelque chose de presque religieux dans leur son et leur concert a parfois des allures de sabbat.

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Aux environs de 23 heures, le groupe clôt la cérémonie, invitant le public à rejoindre le chemin du retour. Espérons que le groupe revienne prochainement dans nos contrées distiller ses riffs pachydermiques !

Texte : Mathieu

Photos : Aurélia

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