Rencontre avec EREB ALTOR @ Cernunnos Pagan Fest

Quelques heures après leur passage sur la scène du Cernunnos, Mats et Tord, respectivement guitariste/chanteur et batteur, d’Ereb Altor nous accordent une petite interview. Le concert était époustouflant et c’est avec beaucoup d’émotions que nous prenons place à leur table…

interview EA

C’était un concert spectaculaire : l’avez-vous autant apprécié que nous ?
Tord : C’était sans doute un de nos meilleurs shows depuis le début de la tournée ; la neuvième date aujourd’hui.
Mats : On vient de jouer 8 soirs consécutifs et on commence à être fatigués mais je joue toujours comme si c’était le dernier concert ! Il faut toujours tout donner.

Quel plaisir de vous voir enfin en France !
Mats : Pourtant nous sommes venus au Hellfest l’an dernier et au Ragnard Rock. C’est la troisième fois que nous participons à un festival en France et à chaque fois ce fut un plaisir. Ces trois festivals étaient vraiment très biens.

C’était donc votre première fois au Cernunnos : avez-vous apprécié l’ambiance, le staff ?
Ensemble : Oui !
Tord : C’était très professionnel : je suis très satisfait.
Mats : Tout s’enchaîne parfaitement toute la journée ; il n’y a rien qui cloche. Même les interviews sont bien organisés !

Comptez-vous revenir en France cette année ?
Mats : Je ne pense pas qu’on refera un festival en France avant l’année prochaine. Du moins nous n’avons rien de prévu pour l’instant. J’espère qu’après le Hellfest et le Ragnard, l’intérêt pour Ereb Altor touche de plus en plus le public français.

Allez-vous privilégier les festivals comme celui-ci par rapport aux concerts classiques ?
Mats : Nous avons déjà joué à Paris en club et nous étions à Lyon la nuit dernière. Tord : Notre avenir se tourne plutôt vers les tournées de festival.
Mats : Les clubs ne peuvent plus payer pour ce qu’on leur demande. La situation financière des festivals est très différente.

Comment est venue l’idée d’un album centré sur les loups et Fenrir ?
Mats : Notre héritage est rempli de loups, sans compter Fenrir bien sûr. Les vieux recueils de contes et de mythes sont pleins d’histoires sur des loups. Il n’y a qu’une seule chanson consacrée à Fenrir dans notre album. La plupart des histoires sont plus récentes. L’une d’elles date du XVIe siècle et raconte l’histoire d’un homme se transformant en loup après un pacte avec le Diable. Une autre  concerne un homme qui tue sa femme et arrache de son ventre son enfant.

Est-ce l’histoire racontée dans “En Synd Svart som Sot” ?
Mats : Non, c’est celle de “Wolfcurse”, une chanson que nous n’avons pas jouée aujourd’hui. “Ett Synd Svart som Sot” nous ramène il y a quelques siècles en arrière à l’époque où être enceinte sans être mariée était un terrible pêché en Suède. Comme dans toute l’Europe je suppose. Beaucoup de ces enfants étaient tués à la naissance et il y a beaucoup d’histoires en Scandinavie où des enfants non baptisés reviennent pour réclamer un nom et une sépulture. C’est une histoire de revenants, d’enfants tués par leur propre mère.

Comme vous l’avez rappelé pendant le concert, vous chantez pour la première fois en suédois sur un de vos albums. Pourquoi ce changement maintenant?
Mats : Pourquoi pas ? C’est quelque chose que je voulais faire depuis longtemps mais ce n’était jamais vraiment le bon moment. On a essayé et je trouve que le résultat est plutôt bon. C’est assez effrayant de se dire que beaucoup de personnes ne comprendront pas mais ça donne une couleur spéciale à la chanson.
Tord : Je pense qu’à l’extérieur [de la Suède], on a plus tendance à accepter d’autres langues comme le suédois. Le public en Suède n’écoute que des chansons en anglais ou en suédois.
Mats : Chanter en français en Suède serait assez difficile par exemple.
Tord : Mais chanter en suédois était une bonne idée.
Mats : Oui je pense qu’on aura d’autres morceaux en suédois à l’avenir.

Peut-on dire qu’Ereb Altor est un groupe païen ?
Mats : Ouais nous sommes “païen” [en grognant de manière caricaturale]

C’est un rôle que vous jouez sur scène ?
Mats : Nous sommes inspirés par notre héritage culturel pour écrire nos paroles et nous aimons les airs traditionnels suédois. Nous préférons appeler notre musique “scandinavian metal” avant tout pour avoir un lien avec notre passé mais nous ne sommes pas de vrais croyants.
Tord : Si je devais choisir, je choisirais les Anciens Dieux sans hésiter ! Mais ce serait forcément d’une manière différente de l’époque.

Dans les pays scandinaves, il y a un vrai mouvement néo-païen. Notamment avec les Asatru…
Mats : … en Islande oui. Nous trouvons cela fascinant. D’une manière ou d’une autre c’est notre Histoire et nous devons en tirer quelque chose. C’est très intéressant et j’essaie de lire un maximum sur ces sujets. Mais nous devons embrasser tous les aspects de notre passé, pas seulement celui de l’âge du Fer final [la période Viking dans la chronologie nordique].

Gastrike ne parlait pas de mythologie par exemple.
Mats : Non, l’album était centré sur des histoires de fantômes, d’une région très spécifique de Suède

Comment trouvez-vous toutes ces histoires ?
Mats
: Dans les bibliothèques !
Tord : En fait nous avons grandi avec beaucoup d’entre elles. Nous avons des amis extrêmement savants dans ces domaines.
Mats : Le batteur de Månegarm est un vrai professeur d’histoire ! C’est un ami proche qui nous conseille souvent des livres.

Y-a-t’il des ouvrages particuliers, des sagas que vous aimez particulièrement ?
Mats
: Ils sont très variés : certains sont de vieux contes en ancien suédois plutôt difficiles à lire. J’ai bien sûr lu l’Edda poétique. Il y a également des livres pour enfants très biens !
Tord : Certains ouvrages pour enfants comme Emil i Lönnerberga [les Farces d’Emil chez nous] d’Astrid Lindgren parlent de récits d’enfants fantômes non baptisés comme dans “en Synd Svart som Sot”.
Mats : En Suède, les vieilles histoires sont partout.

Ereb Altor est souvent assimilé à Bathory. Aujourd’hui, que reste-t-il selon vous de l’héritage de Quorthon ?
Mats
: Quorthon était un pionnier dans le viking metal mais surtout dans le black metal selon moi. Aujourd’hui tous les groupes de black ont tiré quelque chose de sa musique. Le viking metal a évolué dans un esprit différent. Il ne reste plus beaucoup de l’esprit de Quorthon dans les groupes festifs portés sur la bière. J’aimais beaucoup les atmosphères qu’il avait su créer. Il n’y a plus tellement de groupe pour en faire autant.

Aujourd’hui, le leader de la scène viking metal suédoise ne partage pas ces atmosphères si particulières…
Tord
: Amon Amarth ?
Mats : Amon Amarth n’a rien à voir avec Bathory. Primordial fait de la très bonne musique, j’apprécie beaucoup ce qu’ils font. Ils ont réussi à capter le même genre d’atmosphère. C’est la scène black metal qui doit le plus à Quorthon je pense.
Tord : Le black metal aime se rappeler de Bathory mais je pense que beaucoup de groupes pagan ou viking ne le connaissent pas .

Question bonus : votre nom vient-il bien d’un jeu de rôle ?
Ensemble [et le sourire aux lèvres] : Oui !
Mats : Un jeu des années 80s.

Jouez-vous encore ? 
Mats : Plus maintenant…
Tord : C’était il y a plus de vingt ans maintenant !
Mats : Je joue encore à des jeux de stratégie mais plus aux jeux de rôle old school. Je n’ai plus le temps. Trop de travail…
Tord : … les enfants, la famille… Mais c’est bien que certains jouent encore, que les jeux de rôle continuent de vivre.

On ne saurait trouver de meilleure conclusion ! Ereb Altor est en effet le nom d’une campagne pour Drakar och Demoner, un sorte de Dungeon&Dragon suédois.
Bien loin des clichés du metal viking, le groupe épouse dans son ensemble le patrimoine oral scandinave dont font également partie les nombreux contes et légendes qui peuplent les forêts nordique.
Pour la séance de rattrapage pas de panique ! Depuis l’interview, Ereb Altor a annoncé sa participation au Motocultor cet été !

Un grand merci aux membres du groupe pour leur temps et à Sarah de Dooweet Agency !

Texte et traduction : Thomas

Photo et dessin : Fable

dessin EA

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