
Lors du dernier Mondial du tatouage, je me suis rendu sur place pour découvrir cette culture plus en profondeur, voir son évolution et surtout si « les gens comme moi » (à savoir les « non-encrés ») avaient eux aussi leur place dans cet événement…
Bon d’entrée de jeu on va mettre les choses au clair. NON je n’ai pas de tatouages, NON je n’ai pas envie de m’en faire (même s’il faut toujours respecter les sages mots de Sir Sean Connery : « Ne Jamais dire jamais »). OUI j’aime les tatouages, OUI personnellement je trouve que cette culture est maintenant intégrée dans les mœurs….
Bon ça c’est fait, voyons maintenant ce qu’il en est sur le terrain…
Donc nous voilà dans la queue pour entrer dans la grande Halle de la Villette et déjà quelque chose me saute aux yeux. Quand on regarde les autres qui attendent on voit des gens de tout âge, de tout sexe, de tout style, de toute couleur. Une communauté homogène et qui est constitué de tout le monde, parce c’est ça aussi le tatouage, un peu à l’image des premiers skinheads anglais. On s’en branle de qui tu es et d’où tu viens, on a un truc en commun qui nous rassemble…
Après avoir fait la queue on pénètre enfin dans l’antre de la bête pour enfin passer aux choses sérieuses…
Bon moi jusqu’à maintenant les seules conventions que j’avais fait sont des conventions de jeux de rôles et de comics (mais ça je sais tu t’en branles). Donc je ne savais pas trop à quoi m’attendre. En faisant un premier tour des stands, je me suis rendu compte que les conventions se ressemblent toutes au final. Dans le cas de Mondial du tatouage, on se rend compte que le milieu semble vouloir s’ouvrir au plus grand nombre. C’est vrai que la culture du tatouage semble depuis quelques années s’inscrire dans les mœurs, dans la culture populaire. Un bon exemple que de nos jours, les flics ont le droit d’avoir des tatouages apparants, ce qui aurait été impensable il y a encore quelques années…
Un autre truc qui m’a conforté dans l’idée d’ouverture, c’est le DJ. On est d’accord que quand tu débarques dans un shop de tatouage, tu t’attends à entendre du gros métal qui tâche. Et bah pas là. Un DJ passait des trucs qu’on qualifierait tous et toutes (pour rester polis) de mainstream, genre Fatboyslim ou Funkadelic. Moi perso j’adore, mais c’est vrai que ce n’est pas ce à quoi je m’attendais…
Bref…
On commence à faire le tour des stands, à voir des œuvres (parce que oui ce sont des œuvres) soit en display dans les books des tatoueurs, soit étant encré en direct live. Vu que ma culture du tatouage est égale à celle de la culture de l’aéronautique sub spatial pour un boulanger, j’en ai pris plein les mirettes (oui j’utilise des expressions de beaufs et je t’emmerde) à chaque stand. Voyant les différentes techniques mises en avant. Ces différentes techniques semblaient d’ailleurs être le point de départ des affectations de stands. Celui qui m’a vraiment scotché était un ensemble de stands au sous sols et qui était autour du tatouage « tradionnel ». Des techniques asiatiques aux techniques polynésiennes, c’était vraiment extraordinaire. Surtout la technique polynésienne, où une personne maintenait le tatoué immobile, pendant que le tatoueur lui encrait le crâne avec un petit burin. Je dois avouer que ma première réaction a été : « MAIS VOUS ÊTES MALADE !! ». Mais la seconde a été de réfléchir à ce que ça représente de passer par cette technique et surtout le résultat, c’était magnifique (bon malgré l’oeuf de poule qu’il avait sur la tête mais bon)…
Après un premier tour exhaustif des stands et dans un élan d’intégrité journalistique (vous y croyez right?) je suis parti voir l’autre type de stands du mondial : Les bars…
Endroit stratégique de tout rassemblement populaire, c’était l’endroit parfait pour prendre le poul des premiers intéressés de l’évènement : Les visiteurs. Autour de quelques pintes, j’ai rencontré des gens à qui j’ai posé à peu près les même questions : Qu’est ce qui vous amène ici ? Qu’est ce que vous pensez des « non-encrés » (putain mais on dirait un terme tiré du Seigneur des anneaux !) et comment vous voyez l’évolution de la culture du tatouage ? J’ai essayé de viser des gens « différents » à chaque fois histoire de pouvoir avoir un panel assez large.
Comme avec ce couple de minots (ils n’avait sûrement pas 20 ans), dont la nana venait au mondial pour se faire son 2e tatouage auprès d’un tatoueur spécifique qu’elle avait repéré. Elle me confirmait aussi cette idée reçue comme quoi quand tu fais ton premier tatouage, c’est un engrenage et tu en veux toujours plus…
Un couple de « Old timers » que j’ai croisé me disait qu’eux n’étaient pas tatoués et ne comptaient pas l’être mais adoraient le côté artistique du tatouage. Il m’ont confirmé ce que je pensais, que le « monde du tatouage » était une communauté super ouverte ou avenante. Peu importe pourquoi tu kiffes le tatouage, nous avons ce truc en commun alors tu fais partie des nôtres…
J’ai aussi croisé un gars, fin de vingtaine, qui est venu au mondial lui aussi juste parce qu’il kiffe cette culture. Bon après lui il a six tatouages mais il se les ait fait lui-même dont même un qu’il a fait à l’aide du dermographe (ou le flingue à tatoo) d’un pote donc l’aspect technique ou rencontre des tatoueurs n’était clairement pas son but, juste de passer un bon moment…
J’ai aussi interrogé quelques tatoueurs sur les mêmes points et avec quelques autres plus « spécifiques ». J’expliquais que si je ne me suis pas encore fais de tatouage, c’est parce que je veux garder la liberté de changer d’avis. J’ai donné l’exemple de si je me tatoue un dauphin (parce que c’est badass!!) et que du jour au lendemain pour une raison X ou Y je déteste les dauphins, j’étais un peu baisé et ça faisait un peu Flipper (get it??!!?). La plupart m’ont parlé évidemment du remplissage (faire un tatouage par dessus un tatouage) et le laser (qui permet d’effacer un tatouage sans trop de séquelles et à un prix abordable). La réponse que j’ai préféré est : « Ah oui dans ces cas-là le tatouage n’est pas pour toi, pour l’instant ». Ce qui m’a permis de discuter sur le fait que j’avais l’impression qu’il y avait de moins en moins de « suivi psychologique » (bon on se calme je ne parle pas non plus d’une thérapie mais plutôt de discutions avec le client avant l’acte, que j’appellerai le « Thérapie d’en parler »). La réponse fût assez unanime, avec la démocratisation du tatouage s’est passé la même chose qu’avec toute culture underground qui devient mainstream : Des gens plus intéressés par le profit sauteront des étapes (assez importantes d’ailleurs) par soucis de rentabilité. Après on m’expliquait que ça reste encore un petit nombre et que les « vrais » s’attachent encore à ne pas encrer n’importe quoi sur n’importe qui…
Un autre bon point de départ pour prendre le poul d’un événement est d’aller directement à la source : Les barmans. Certains d’entre eux étaient des copains donc encore plus facile de récupérer leurs impressions, comme ce barman qui a fait toutes les éditions du mondial parce qu’à chaque fois c’était un kiff, une teuf. Ça rassemblait tout ce qu’il kiffait : les tatoos, la picole, la zic (bon pour ce dernier point c’était un peu plus compliqué mais bon)…
Ensuite est venu le temps des concours de tatouages. Tin-Tin a ressemblé comme à chaque année un jury de légende du tatouage, tous des copains et copines à lui, montrant à quel point le mec est bien encré (avec mauvais jeu de mot) dans le milieu international du tatouage. Un autre élément qui montre les efforts du Mondial pour élargir son champ d’action, le présentateur du concours. Connu pour son travail en tant que présentateur sur TF1, le concours était donc orchestré par Alexendre Devoise. On m’a confirmé que lui aussi faisait partie des « non-encrés », ce qui montre l’effort fait par l’organisation du mondial pour inclure les « moldus » en leur donnant une tête connue…
Au final, j’ai découvert lors de ce mondial une communauté ouverte et acceuillante, voulant partager son amour du tatouage dans une grosse teuf. Ca ne m’a pas fait changer d’avis sur le tatouage par rapport à moi-même mais j’ai beaucoup appris sur cette culture qui m’était jusqu’à maintenant très limité. Une chose est sûre, j’en serai l’année prochaine…
C’était assez bien expliqué pour toi ? Tatoo compris… ?
Un grand merci à Tin-Tin et toute l’équipe du Mondial du tatouage pour cette magnifique édition
Texte : Ru5ty
Photo : César Papé
Jolies photos et un article percutant. Merci