
Depuis 1994, Machine Head a sorti quelques chefs d’oeuvres du thrash à commencer par son premier album, Burn My Eyes. Et ce fut une grosse claque pour les ados que nous étions. Qui ne s’est pas pris une bonne décharge à la première écoute de “Davidian” et son « Let freedom rings with a shotgun blast » devenu culte? Depuis, le groupe californien a sorti une tripotée d’albums, pas toujours bons, mais, et c’est le bon point, il n’a jamais cherché à stagner.
En 97, The More Things Change se faisait plus mélodique pour arriver à The Burning Red et Supercharger deux disques lorgnant clairement vers le néo-metal et boudés par les fans de la première heure. J’ai alors pensé, avec beaucoup d’autres, que les compères de la Bay Area ne serait plus un groupe proposant des supers albums de thrash bien groovy mais une pale copie de Korn devenue sans intérêt. Bon ce n’est que mon avis mais je trouvais ces deux disques bien mous et sans saveur. Robb Flynn n’avait jamais caché son amour pour le hip-hop, mais je trouvais que ces disques faisaient mal et trop tard la fusion des genres, ils paraissaient, à mes yeux, trop opportunistes (ah, les survets oranges de mister Flynn à l’époque me faisaient bien marrer!) ; Machine Head avait perdu toute crédibilité. Mais en 2003 alors que personne ne s’y attendait, déboule “Through The Ashes Of Empires” qui renouait avec le thrash groovy, voire death mélo et retrouvait une vraie inspiration. Revenu dans le giron du thrash, le groupe allait sortir son deuxième chef-d’oeuvre, The Blackening en 2007. Mélodies, morceaux épiques, énergie et agressivité étaient de retour pour de bon dans l’écriture du groupe et qu’est-ce que ça faisait du bien à mes petites oreilles! Les deux albums suivant sont dans la même veine tout en creusant un sillon mélodique de plus en plus affirmé. Machine Head fait partie de ces groupes qui expérimentent avec plus ou moins de bonheur mais qui a le mérite de refuser la stagnation, alors que vaut cette nouvelle livraison?
Après un Bloodstone and Diamonds intéressant mais beaucoup trop long et dilué, je constate que Catarthis nous propose 15 morceaux pour 1h15 de musique! Je me dis que ça va être dur à avaler et que je vais lâcher le disque au bout de 8 morceaux et le laisserait prendre la poussière sur mes étagères. Hop passons à autre chose. Cette impression a été renforcée par l’écoute de quelques morceaux sur la toile. Je me disais que ces nouveaux morceaux ne possédaient pas le souffle des précédents, voire manquaient carrément d’inspiration. La première écoute fut compliquée tellement j’avais cette impression que le disque partait dans tous les sens, sentiment renforcé par la longueur de la galette! Mais à force d’écoutes, je commençais à avoir de plus en plus de mal à me passer du disque! Les mélodies qui le traversent restent longtemps dans l’esprit et les riffs bétons donnent envie de taper du pied et secouer la tête.
Cet album est très varié et nous propose un tour de montagnes russes. Alternant fureur et mélodie, les morceaux se suivent mais ne se ressemblent pas. Dès le premier titre, “Volatile”, c’est une décharge de plomb que se prend l’auditeur et ses « Fuck The World » scandés donnent envie de bouffer du lion! Puis le morceau titre, entre une puissance qui va crescendo pour arriver à un refrain hyper mélodique sur fond de grosses guitares qui tricotent sévère, reste dans la tête longtemps après la première écoute. Alors, oui, il y a bien “Beyond the pale”, qui a fait polémique car son riff ressemble trait pour trait au “Love?” de Strapping Young Lad mais je vois plus cela comme un hommage qu’un plagiat tant le morceau est bien écrit et possède un des meilleurs refrain de l’album. Et puis ce n’est pas la première fois qu’on entend un riff qui sonne comme un autre! Que dire ensuite du ganta rap sur “Triple Beam”? Evidement que ça ne va pas plaire aux puristes mais cette fois ça ne sent pas le renfermé, le morceau est passionnant et réussit le mélange des genres. En tant qu’ado des nineties, j’ai grandi avec la fusion alors j’apprécie ce genre d’expérience lorsqu’elle ne sent pas l’opportunisme.
En général, le groupe a su digérer ses influences pour nous proposer un condensé de musiques agressives qui n’ont pas oublié d’être pétries de mélodies qui se gravent dans la tête pour y rester longtemps et devenir la bande son d’une tranche de vie. Par exemple, on retrouve une grosse influence Slipknot sur “Grind you down” et “Volatile”. Egalement du thrash riffu et du rock couillu sur “Razorblade Smile” ou encore “California Bleeding” aux coeurs entrainants. Mais le groupe n’oublie pas les ambiances menaçantes à couper au couteau sur “Heavy Lies The Crown” avec ses violoncelles au rendu cinématographique du plus bel effet. Deux titres plus posés sont aussi de la partie, “Bastards” et “Behind A Mask”, assez surprenant pour du Machine Head mais qui s’inscrivent parfaitement dans l’évolution du groupe; et puis personnellement, j’aime être surpris… L’album se clôt sur un “Eulogy”, calme, sombre et qui va crescendo dans une intensité qui nous laisse KO, puis… on en redemande tant la très bonne production, les riffs massue, la variété de l’ensemble qui se tient au final et surtout ces putain de mélodies qui tournent longtemps dans la tête font de ce disque un excellent cru.
Bref, s’ il faut plusieurs écoutes pour apprivoiser ce disque, l’effort vaut le détour! Varié et puissant, il passe en revue la quasi totalité de la carrière du groupe et couronne un parcours semé d’embuches mais dont Machine Head a su tirer les leçons pour affirmer sa personnalité. Certes il ne plaira pas à tout le monde, mais en ce qui me concerne, je retourne l’écouter, et pour longtemps encore!
Machine Head , Catharsis, Nuclear Blast, sortie : 26 janvier 2018.
Texte: JC
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