
Décidément, Anvil est vraiment un groupe de jusqu’au-boutistes ! Sans doute les mecs les plus authentiques et les plus déconneurs de l’histoire du métal. On a le droit de ne pas être fans de leur speed metal très connoté « eighties » mais il faut quand même leur reconnaître une qualité fondamentale : La persévérance. Il suffit de regarder le fameux documentaire qui leur est consacré, « The story of Anvil ! » (sorti il y a déjà 10 ans) pour en être convaincu. Anvil est peut-être le groupe le plus malchanceux que la terre ait jamais porté mais qu’importe ! Le groupe a la foi. Pour lui, le métal est un sacerdoce. Que dis-je ? Une religion ! Il n’a jamais souhaité s’arrêter malgré les embûches traversées tout le long de sa carrière longue de 40 ans. Mais enfin, quelle idée d’appeler un groupe « Enclume » ! Ce n’est pas sérieux les mecs ! Depuis 1978, Anvil est devenu synonyme de « lose » mais visiblement, cela ne décourage pas ses membres historiques : Steve « Lips » Kudlow (chant, guitare) et Robb Reiner (batterie). Il s’agit du 1er concert d’Anvil à Paris en 40 ans. Autant dire que c’était un évènement à pas rater !
Malgré le froid, la salle commence à se remplir petit à petit. Certes, il n’y a pas foule non plus (environ 250 personnes) mais enfin bon, il ne faut pas oublier qu’Anvil a toujours été poursuivi par la poisse. Alors, on ne se moque pas, okay ? Par ailleurs, la salle est composée essentiellement de quinquas aux cheveux gris ou tout simplement chauves (comme le dira lui-même Lips au début du show). Les hostilités commencent avec les teutons de Trance qui eux aussi jouent pour la première fois dans la capitale. Certes, je n’avais jamais entendu parler de ce groupe auparavant. Cependant, il semble que son existence remonte à 1977, soit il y a 41 ans ! Leur premier opus, Break out, est sorti en 1982. Si le groupe a plusieurs décennies au compteur, leur nouveau chanteur est lui un petit jeune ! Le néerlandais Nick Holleman, 26 ans, a déjà une bonne carrière derrière lui puisqu’il a occupé le poste de chanteur au sein de Vicious Rumors de 2013 à 2017. Malgré quelques qualités indéniables, je n’ai pas été convaincu par leur power métal stéréotypé avec voix haut perchée à la clé.
Après cette première partie un poil anecdotique, c’est donc au tour des légendaires forgerons d’investir la scène du Trabendo. Depuis quelques temps, le groupe s’est adjoint les services d’un troisième larron : Chris Robertson, ex-roadie devenu bassiste attitré en 2014.
Visiblement émoustillé à l’idée de jouer à Paris pour la première fois, « Lips » entame le concert en jouant un solo au milieu du public afin de rejoindre les autres sur scène. Malgré ses 62 ans, le vocaliste a toujours une pêche d’enfer ! Ensemble, ils entament un morceau instrumental, « March of the crabs », avant d’enchaîner sur « 666 ». Le groupe fait la part belle aux morceaux de ses premiers albums. On aura ainsi droit à des classiques indémodables comme « Winged assassins », « Free as the wind », « Mothra » et bien sûr, « Metal on metal ». Cependant, le groupe ne se laisse pas aller à la facilité, puisant dans l’ensemble de sa discographie. Le dernier album, Pounding the pavement, tout juste sorti en 2018, sera également mis en avant avec trois titres : « Doing what I want », « Bitch in the box », et « Ego ». Fidèle à sa réputation de déconneur, « Lips » passera la majeure partie de sa soirée à faire des blagues, à grimacer ou à raconter des anecdotes croustillantes issues de son passé. Il racontera notamment une soirée de beuverie passée avec Lemmy en 1983 sur la tournée du groupe en première partie de Motörhead.
Autre grand moment : le solo au vibromasseur sur « Mothra » ! « Lips » a l’habitude d’utiliser cet engin pour taper les cordes de sa guitare. Après un solo de batterie long de sept minutes qui m’a semblé interminable, Anvil clôt la soirée par une reprise d’un titre de légende qui figure sur la bande originale du film « Easy Rider ». Il s’agit bien entendu de la chanson « Born to be wild » de Steppenwolf, devenue la chanson fétiche des Hell’s Angels dans les années 60-70. Cependant, malgré ses qualités, la reprise de cet hymne par Anvil n’est sûrement pas au niveau de celle faite par Blue Öyster Cult à la fin des seventies. Au final, les canadiens auront joué près d’une heure et cinquante minutes. Pas mal pour un premier concert dans la capitale française ! Il ne nous reste plus qu’à espérer que les forgerons reviennent un jour faire profiter les parisiens de leur métal en fusion !
Merci à Base Prod pour l’accréditation !
Texte : Mathieu
Photos : Lesly
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