
Une fois n’est pas coutume, c’est hors Paris que l’on se rend aujourd’hui. Eh oui les régions se retrouvent de plus en plus dans les tournées de groupes internationaux si bien que même des fois, ils ne cherchent plus à pousser jusqu’a à Paris car ils se retrouvent dans des salles bien cools, et avec des publics moins chiants qu’à la capitale ( car c’est vrai, Paris est devenue très Paris…). Lille qui se retrouve à un carrefour central concernant les tournées entre la Belgique et la Grande Bretagne recevait Amenra et Boris fraichement sortis de l’île britannique après quelques dates chez nos voisins. Après Une Gaité Lyrique en janvier archi bondée, c’est l’Aéronef qui est réquisitionnée ce soir, preuve du succès qui se vérifie partout mais aussi la proche connexion avec la terre natale d’Amenra. Le flamand risque d’être bien présent ce soir. L’Aeronef c’est une salle perdue dans le monstrueux Euralille mais qui ne paye pas de mine, après le passage de ses escaliers on arrive dans un décor industriel, 2000 places en configuration maximum, un endroit assez cool et accueillant avec de l’espace et une salle qui te propose une pinte de Leffe moins chère que la Heineken à Paris…. Mais ça c’est juste un détail de la soirée même s’il a son importance ….
Cette tournée qui a débutée en Angleterre il y a quelques jours, voiy deux exceptions musicales proposer deux vrais sets pour une même affiche. Amenra qu’on ne vous présente plus et l’ OVNI japonais Boris. Une oeuvre indéfinissable, faite d’expériences sonores aussi heavy que douces. La musique de Boris se veut inattendue, pouvant donner autant dans le grain de folie que la beauté nébuleuse. Boris expérimente et ce soir on aura droit à un set concentré sur le deuxième. Solennel se veut le Soleil Levant. Un set qui manque de piment si on est habitué à la folie énervée comme sur certains de leurs albums mais un set étrange qui nous plonge dans la beauté nébuleuse de Boris. Introduit dans un drone plutôt noise avec « D.O.W.N » et balançant dans un sombre sfumato musical à travers « Deadsong » quand aussitôt ils enchainent sur un « Absolutego » lourd et bourdonnant avant de s’apaiser avec un « Beyond » vaporeux . En peu de temps le trio nous plonge dans son étrange univers dans lequel certains présents ce soir auront du mal à accrocher. Un set d’une heure qui fait la part belle à l’album Dear et une certaine beauté sonore et musicale, moins enlevé de ce qui était attendu par la majorité mais un petit quelque chose de particulier donne cette touche indescriptible au live de Boris. On mélange, on expérimente et totalement en dehors du temps. « Memento Mori » est le moment le plus planant pendant que « Vanishing Point » refera descendre sur terre et le drone sldugesque de « Dear » complètement nawak pour clôturer le tout. Le trio en tenue de scène unie et dans son minimalisme plutôt esthétique que musical naviguera entre sonorités ondulées, distordues et contemplatives. Un moment totalement à part qui demandera une bonne bière pour s’en remettre.
Leur prestation parisienne il y a un peu plus d’un mois nous hante encore, ce choc émotionnel et cette force du chaos belge a rendu étrange les jours qui ont suivis cette soirée à jamais gravée dans nos mémoires. Il ne restait plus qu’a suivre le chemin du Nord pour retrouver cette sensation mais parcellaire a laquelle on s’est accroché comme un souffle de vie. Lille est ce soir flamande à majorité, la possibilité pour les compatriotes du groupe de les voir et revoir était si facile qu’on a fait de même depuis Paris. Amenra faisait donc sa seule halte française de sa tournée et l’aéronef en config club s’en retrouvait complet. Un tripod qui s’affiche, une fumée montante et un bruit sourd qui embrume la salle, l’ambiance s’installe et pas de doute, c’est l’introduction de “Boden” qui débute. Un Colin à genoux, de dos, jouant cette note qui résonne et qui nous balance ces flash de ce mois dernier à Paris. On peut dire que les belges savent s’y faire avec un live qui a fait leur réputation et cette dernier n’est plus a démontrée ce soir. LA démonstration n’est plus à étudier, le live est sensiblement le même mais à chaque fois l’expérience quand à elle est différente, une ambiance, un moment, un titre, un détail fait la différence. Une tournée qui s’enchaine depuis janvier et le groupe malgré la fatigue inhérente à la cadence balance cette vérité qu’est leur musique. Pas de mensonge, rien pour se cacher , une mise à nue. Une scène à la hauteur du live des belges qui prend encore plus d’ampleur dans des salles offrant l’espace adéquate à cette lumière intense, cet écran hypnotisant et cette musique qui déchire le coeur. Balançant entre joie et peine. Une set list qui rappellera naturellement Paris mais ça on le savait, nous sommes pas là pour ça. Nous sommes pour ressentir, partager et Mass VI avec “Plus Près de Toi”, “Children Of The Eye” et son visuel tiré de “Solitary Reign”. Mais ce soir le lien se fera plus dans les moments de violence de la discographie du groupe. “Thurifer Et Clamor ad te Veniat” de Mass IIII tout comme “Am Kreuz” de Mass III dégageront une certaine électricité et connexion. Entre colère et désespoir. Amenra est un partage entre les deux côtés de la salle et pendant que certains sans vie, enchainent les concerts d’un bout à l’autre. Ce soir, on ressent tout, l’influx émotionnel qui s’empare de l’ Aéronef, alimenté par le groupe, le public, les émotions, la fatigue, la colère de chacun et chacune.
Amenra fidèle à soit-même, enchaine, laissant peu de répit entre les titres, peu d’échappatoire pour redescendre ou déconnecter. Et naturellement c’est “Diaken” qui viendra se rappeler à nous comme cette petite main qui nous bouge pour nous annoncer qu’il est maintenant temps de se réveiller, de revenir à la réalité grise. Nous bercer tranquillement avant de nous abandonner comme un électrochoc, seul face à ce réveil.
Et c’est naturellement que le groupe a encore marqué les esprits. Un autre environnement, un autre moment et cette même émotion.
Merci à l’équipe de l’Aéronef.
Texte: Anthony
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