
C’est long comme titre, hein ?
Ben c’était long comme concert aussi. Pas long dans le sens “Oh purée, j’en ai marre, c’est pire qu’aller manger une choucroute avec Belle-Maman”, plutôt long comme “j’eusse apprécié que cette soirée ne s’arrête jamais tant elle m’a réjoui”.
En gros, avec quatre groupes chacun majeur dans leur style à l’affiche, l’orga-Garmonbozia a joué un coup de poker. Ils ont préféré faire commencer le concert à l’heure où blanchit la forêt plutôt que de demander aux groupes de jouer moins longtemps.
Alors ouais, Trollfest lance les hostilités à 17h, c’est tôt, en particulier en semaine. Et je loupe les 4 premiers morceaux (DONT TOXIC ! – yepp, la reprise de Britnouille), ce qui me vaudra moult auto flagellations par la suite. Mais il y a une grosse différence entre louper 4 titres sur un set de 20mn et sur un set de quasi 50mn !
L’Elysée Montmartre va avoir droit à la totale. Malgré l’horaire, la salle est déjà plutôt remplie, ce qui occasionne de grands moments de directs, pogos-du-goûter, chenille interminable qui s’en va faire le tour du stand merch, et joyeux bordel généralisé.
Côté scène, le chaos règne dans tout l’enthousiasme disponible. Les musiciens tous déguisés en scouts plus ou moins incongrus s’acharnent sur leurs instruments lumineux, balancent leur folk-quasi-ska-metal à grands renforts de pas de danse et de gourmandise.
Le public marche à fond même si certaines instructions du chanteur (“Toi, tu tournes autour de ce pilier, toi autour de celui là, toi tu vas chercher à boire, vous deux, faites un wall of death, et je veux que ce mec là ne fasse ABSOLUMENT rien”) restent lettre morte. En revanche, on a appris une chorégraphie de haut vol :

Aux dernières notes de Helvetes hunder GARM, dans la fosse déjà scintillante de sueur et de bière renversée, j’entends deux gars dire “Bon, allez, plus que trois comme ça ! On était pas prêts”
C’est un peu l’idée, ouais.
Le temps de passer au ravitaillement, de sécher un peu, et voilà Heidevolk, groupe néerlandais de son état, flanqué de deux chanteurs complémentaires. Tout ça pour faire du folk dans l’autre langue de Dave, avec bien plus d’harmonies vocales et de grosses guitares que du côté de chez Swann. Et ça, c’est toujours efficace.
La nouveauté, c’est qu’Heidevolk a vachement progressé. Leur son est devenu plus propre, plus carré, et les vocalistes se débrouillent mieux que la dernière fois qu’on les avait vus (au Hellfest, si ma mémoire est bonne). Où le groupe nous avait complètement accrochés, c’est dire si c’est une chouette nouvelle.
Alors certes, on n’a toujours pas la moindre idée de ce qu’ils chantent, mais peu importe, c’est aussi ça l’avantage du folk (et après Trollfest, on ne peut pas faire les fines bouches de ce côté là). Côté public, ça pogote un peu moins, mais ça danse beaucoup, les cheveux volent, et l’essentiel de la fosse se transforme même momentanément en salle de rameurs-paquito ; ça fait les abdos. Le guitariste d’Heidevolk se paye même le luxe de faire des signes de type “gueule moins fort”. On estime que son ego va bien.
Histoire de clôturer leur set comme de bons Bataves, Heidevolk termine sur Vulgaris Magistralis (tu sais, la chanson où tout le monde fait “AHOUM ! AHOUM !”), qui se trouve être une reprise ! Hé ouais, tu savais pas ça hein ?! Je te propose de découvrir l’originale dans son jus, et regretter amèrement la fin de l’existence de Normaal :
Alors que près du bar, un petit garçon semble complètement absorbé dans la lecture de son mange, Arkona, groupe russe de son état, commence par une longue séquence instrumentale, bordée d’incantations vocales. L’atmosphère passe immédiatement de fête de la saucisse-bière à quelque chose de plus sombre, et les musiciens tous vêtus de haillons semblent très sérieux. D’ailleurs, notons que c’est un tour de force certain de jouer de la musique dark en restant assez premier degré quand l’un des musiciens est cantonné aux flûtes et binious. Mais ça fonctionne assez bien.
La chanteuse alterne chant clair et hurlements d’outre-tombe, tâtant parfois de la percu, et se déplace avec des allures de chaman. Vraiment, c’est plutôt prenant, et l’association lumières/look général du groupe fonctionne bien. Un petit côté “apocalypse spirituelle en robes de bure” à la Russian Fashion Week.
Notons qu’il n’y a pas eu de stroboscopes ou de problèmes types “lumière aveuglante dans la gueule” au cours du concert entier, et qu’il est important de pointer ce qui va bien. C’est donc possible ! Merci à l’ingé lumière, si je le croise, je lui en taperai 5 tiens.
Alors Arkona se détache un peu comme “outsider” ce soir, essentiellement parce qu’ils jouent sur des rythmes plus lents, plus sombres et surtout plus sérieux que les autres. Ca casse un brin la dynamique pogo-et-chenilles du public, certes, mais il est parfois bon de souffler un peu sans se “reposer” réellement pour autant. Bien des mouvements de danse furent exécutés. Bien des mains applaudirent, et bien des cheveux furent lancés dans le sens des aiguilles d’une montre. Encore un groupe à revoir avec plaisir, pourquoi pas côté Altar au Hellfest, d’ailleurs…
On les avait aperçus au cours de la soirée, regardant les autres shows sur le côté de la salle, mais voilà que Korpiklaani débarque sur scène. Ça fait un certain temps que les Finlandais baladent leur folk à bois de rennes à travers le monde, les salles de concerts et les festivals. Avec parfois plus ou moins de réussite selon le taux d’alcoolémie des membres. Du coup, même si la machine est rodée, on ne sait jamais trop à quoi on aura droit. Ben bonne nouvelle, ce soir à l’Elysée Montmartre, le côté obscur de la vodka n’a pas pris le contrôle du groupe.
Alors, tu me diras : “vlà le 4e groupe de la soirée et on ne comprend toujours pas ce qu’ils racontent”, et tu auras raison. Mais finalement on s’en fout un peu, d’autant qu’on a bien une petite idée. Alors reprends une bière, et apprécie donc ce à quoi ressemblerait le concours Eurovision si tout le monde ne s’était pas mis à chanter en anglais. Ça aurait de la gueule, c’est tout ce que j’en dis.
Au bout d’un moment, l’appel du moshpit devient irrésistible, plutôt signe d’efficacité, et on y retrouve à peu près les mêmes têtes que durant Trollfest dans un grand tourbillon qui ne faiblira plus jusqu’à ma fin du concert.
Avec le trio Tequila-Beer Beer-Vodka, Korpiklaani conclut donc cette soirée intense dans la joie et l’ébriété. Côté merch, les gars de Trollfest se prêtent docilement aux demandes de selfies à la chaîne, alors que le guitariste d’Arkona passe inaperçu sans ses haillons. L’Elysée Montmartre se vide lentement : le public est fatigué d’avoir tant sautillé, et demain y’a école.
Merci à Garmonbozia, au staff du bar de l’EM, aux slammeurs qui faisaient des high fives en sortant et à Lodd Bolt (bassiste de Trollfest) pour ses conseils de sortie à Oslo.
Jolies photos – Fable
Texte et lever de coude – Sarah
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